La CTN navigue-t-elle en eaux troubles ? En effet, la grogne a monté d'un cran au sein de l'entreprise depuis que des échos sur une «proposition faite par le ministère de tutelle au conseil d'administration de la compagnie concernant un nouveau directeur général-adjoint choisi de l'extérieur de la compagnie, et ce, contrairement aux usages» seraient parvenus aux employés. Cependant, ce ne serait là que la partie visible de l'iceberg, puisque les inquiétudes du personnel vont au-delà des considérations purement organisationnelles. En effet, selon un communiqué rendu public par le comité de direction, «l'intention de nommer un nouveau président-directeur général à la tête de la Compagnie tunisienne de navigation, qui serait choisi parmi les cadres d'un groupe international concurrent dans le secteur du transport maritime et de la logistique, et qui a essayé en 2007 de mettre la CTN sous sa coupe et de l'acheter en bloc afin de l'affaiblir et de la rendre vulnérable, comme il l'avait fait auparavant avec la Compagnie marocaine de navigation (Comanav).» serait une «orientation dangereuse» de la part de la tutelle qui d'après une source digne de foi «fait la sourde oreille». A titre de rappel, le comité qui souligne qu'une tentative de domination avait été auparavant «annihilée par la CTN et vouée à l'échec», considère que le fait qu'une telle idée puisse refaire surface est un signe d'un «dérapage et une marginalisation opérée sur une enterprise nationale-leader ayant réussi durant plus de 50 ans à résister à de nombreuses difficultés et à occuper une position avancée sur la scène économique». Il est évident qu'en cette période d'incertitude et de turbulence, la CTN porte-drapeau du pavillon tunisien, a besoin plutôt «de soutien, de stimulation et de fortification, et non pas de négligence et d'exclusion» assurent les membres du comité de direction qui rappellent que la compagnie essaie actuellement «de mener à bon port un vaste programme d'investissements (520 millions de dinars, environ) destiné à doubler le taux de participation de la flotte nationale aux échanges commerciaux extérieurs de la Tunisie. Ce qui implique nécessairement de la vigilance, tant de la part de ses cadres et agents, que de la part des autorités maritimes pour mettre la CTN à l'abri de toute concurrence étrangère sauvage et déloyale». C'est que la Compagnie tunisienne de navigation ambitionne de devenir l'un des meilleurs armateurs en Méditerranée spécialisé dans le transport du fret roulier en exploitant une flotte moderne et performante et en offrant des services de qualité, en termes de fréquence, de régularité et de soins apportés à la marchandise. Par ailleurs, le comité de direction qui réitère avec fierté que «l'un des grands acquis de la révolution du 14 janvier consiste à ouvrir la voie aux compétences nationales et à leur permettre de contribuer réellement à l'essor de la Tunisie nouvelle, déplore l'absence de visibilité et la situation d'incertitudes dans laquelle certaines parties veulent placer la CTN». Enfin, le comité qui «refuse catégoriquement et sans concession toute tentative de semer la confusion et le doute au sein de la compagnie, préparant le terrain à une main-mise étrangère» avertit des conséquences fâcheuses que pourrait avoir «la moindre déviation» sur l'avenir de la compagnie nationale dont «la priorité, aujourd'hui, est de valoriser ses atouts et ses forces».