Le MIT ou Marché international du tourisme qui ouvrira ses portes du mercredi 25 au samedi 29 mai au Kram, est un marché unique, certes, mais il demeure très commun malgré ses 17 bougies. Sans jeux de mots, bien sur. Pourtant, à sa naissance, son lancement procédait d'une initiative qui ne manquait ni de pertinence ni d'intérêt. Effectuant des mouvements pendulaires entre un caractère professionnel hésitant et une dimension grand public peu convaincante, et pratiquant le nomadisme spatial entre les Centres d'expositions de la Charguia et du Kram, son organisation donne le tournis et n'arrive à fidéliser ni les uns, ni les autres. A force de jouer sur les deux fronts et de poursuivre plusieurs lièvres à la fois, ce rendez-vous touristique annuel souffre encore d'un positionnement très flou. Le nombre des visiteurs et d'exposants professionnels tunisiens et surtout étrangers reste insignifiant pour justifier la dénomination de Marché international. Quant aux visiteurs tunisiens censés y trouver des opportunités d'offres vacancières alléchantes, ils sont dissuadés par l'éloignement du Centre d'expositions du Kram et l'absence de propositions réellement plus intéressantes et plus compétitives que ce qu'ils peuvent trouver en temps normal auprès des prestataires hôteliers et touristiques de la place. Dix-sept ans constituent, pourtant, un bien bel âge pour qu'on n'ait plus à tâtonner pour se donner un positionnement clair et motivant. Même les ateliers et les tables rondes organisés en marge de l'événement n'arrivent pas à mobiliser l'attention des publics les plus attentifs et des intervenants les plus compétents. Pour la simple raison que les intéressés n'attendent pas la tenue du MIT pour discuter des thèmes choisis et sont convaincus de ne pas y trouver plus que ce qui se dit en d'autres occasions et plus que ce qui s'écrit ou se discute sur les médias locaux. Le point de vue que j'exprime dans ces lignes est loin de chercher à médire du MIT, ni à mettre en doute l'opportunité de sa programmation et de son existence. Je voudrais que son promoteur, qui a eu le courage de le lancer, y trouve plutôt une volonté de contribution bénévole destinée à en améliorer l'impact et les performances. Le MIT est un événement qui doit continuer d'exister et de durer, dans la mesure où il peut porter la promesse d'une véritable vitrine promotionnelle pour toutes les destinations arabes, méditerranéennes et africaines qui y trouveraient une excellente opportunité pour gagner en visibilité promotionnelle et commerciale. L'avenir du tourisme dans le monde se jouera de plus en plus dans ces trois espaces à très grandes valeurs ajoutées naturelles et culturelles. Et la Tunisie , idéalement située à la confluence de ces trois formidables bassins touristiques, peut légitimement prétendre devenir l'espace privilégié pour y exposer les immenses et nombreux atouts touristiques qu'ils recèlent. Forte de son avance dans la pratique d'un tourisme globalement réussi mais au demeurant perfectible, la Tunisie peut mobiliser son savoir-faire et sa proximité par rapport aux marchés émetteurs pour organiser un tel événement qui n'aurait rien à envier aux classiques Fitur-Madrid, Bit-Milan, et autres Top-Resa Paris et Itb-Berlin. Les premières éditions mériteraient le parrainage officiel de l'OMT, de la Ligue arabe, de l'Union africaine, de l'UMA et de l'Union pour la Méditerranée, ainsi que des autorités touristiques tunisiennes. Vu sous cet angle, ce MIT new-look, dont il faudra réviser le sigle, s'affirmera comme un grand Salon exclusivement professionnel où les plus grands acteurs du tourisme international viendront faire leur «shopping» touristique sans avoir à bourlinguer à travers les multiples destinations arabo-africaines et gaspiller leur temps et leur argent pour tenter d'en maîtriser les voies passablement impénétrables. La programmation de ce MIT nouvelle version devra avoir lieu soit au début soit à la fin du calendrier européen des foires et salons touristiques professionnels (septembre-octobre ou avril-mai). Sa tenue fera de la région Tunis-Gammarth une véritable plateforme touristique internationale et de l'aéroport Tunis-Carthage un véritable hub aérien. La capitale qui tarde à trouver ses marques touristiques s'animera, alors, de tous les apports culturels et gastronomiques des différents pays participants et verra toute sa capacité d'hébergement et ses commerces tourner à plein régime. Quant à la manifestation destinée au grand public, elle pourra se dérouler au centre-ville sous la forme d'une grande kermesse de loisirs et de foire aux vacances ou de caravane touristique écumant tous les sièges de gouvernorats du pays. Dans un contexte révolutionnaire qui devrait favoriser l'accès du plus grand nombre de citoyens aux loisirs touristiques, il serait mal venu de cantonner un tel événement aux gens de la capitale et de négliger les Tunisiens de l'intérieur. Mais il s'agit là d'une toute autre histoire…