Le report ou le maintien de la date des élections de la Constituante. Les membres de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique étaient, hier, partagés entre ces deux options. La majorité des membres étaient favorables au report de la date des élections de la Constituante au 16 octobre, les parties hostiles à ce report préfèrent maintenir la date du 24 juillet 2011. Les membres favorables au report des élections considèrent que la Haute Instance indépendante pour les élections est une instance élue qui exerce ses activités indépendamment du gouvernement et des partis. Selon eux, elle dispose de la pleine et entière légitimité et de la latitude d'action dans l'établissement et l'organisation du calendrier des élections, conformément aux standards internationaux et en fonction des moyens financiers, techniques et logistiques disponibles pour garantir des élections libres, transparentes et pluralistes. Le gouvernement de transition, ont ils indiqué, est appelé à respecter l'autonomie de l'Instance et ses attributions et à ne pas s'immiscer dans ses décisions. La décision du report de la date des élections, ont-ils ajouté, reflète une position courageuse, à la lumière de la conjoncture délicate que connaît le pays. Le maintien de la date du 24 juillet, ont-ils averti, constitue un risque majeur qui peut mettre en cause la transparence des résultats du scrutin et affecter la légitimité de l'Assemblée constituante, ce qui commande de parvenir à un consensus national en dépit de la polémique qui existe au sein des partis, de la société civile et entre des citoyens. Il ne faut pas critiquer le président de la Haute Instance indépendante pour les élections Kamel Jendoubi, dès lors que la décision du report a été prise par tous les membres de l'Instance. Ils ont réaffirmé la nécessité de poursuivre le débat au sujet de la décision du report des élections afin de parvenir à un compromis entre la Haute Instance pour les élections, la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution et le président de la République par intérim. Pour les membres hostiles au report de la date des élections de la Constituante, cette décision ne peut aucunement servir l'intérêt du pays, en raison de l'instabilité sociale, de la dérive sécuritaire et de la situation précaire sur les frontières. A cet égard, il est impérieux de trouver, au plus vite possible, une issue à la crise de légitimité qui affecte les institutions de l'Etat afin de faire face aux défis qui se posent. Ils ont, également, dénoncé «la décision unilatérale et arbitraire» prise par la Haute Instance pour les élections, décision qui, à leurs yeux, ne peut que rompre le consensus national. Cette instance, ont-ils estimé, a été élue pour établir le calendrier des élections et veiller à son organisation et à son bon déroulement et non pas pour changer la date des élections, appelant, à cet égard, l'Instance à donner des précisions pour justifier le bien-fondé de la décision du report des élections et à publier une déclaration à cet effet. En réponse aux interventions des membres de la Haute instance, M. Yadh Ben Achour, président de l'Instance a indiqué que la date du 24 juillet avait été fixée par le gouvernement Ghannouchi pour organiser des élections présidentielles sur la base de l'ancienne Constitution et non pas pour organiser les élections de l'Assemblée nationale constituante, ce qui rend possible de modifier ou de reporter la date des élections. L'article 4 du décret-loi n°582 en date du 20 mai 2011 relatif à la convocation des électeurs à élire les membres de la Constituante, a-t-il expliqué, énonce que le dépôt de candidature à cette assemblée est prévu du 2 au 8 juin 2011, ajoutant que ceux qui désirent se porter candidat doivent inscrire leurs noms sur les listes des électeurs avant le 2 juin. Il s'agit, a-t-il estimé, d'une mission impossible et coûteuse. Les membres ont souligné l'impérieuse nécessité de réfléchir, de manière sérieuse et objective, sur la décision de la Haute instance indépendante pour les élections et de prendre en considération les conditions et les motifs ayant poussé l'Instance à décider de reporter la date des élections au 16 octobre.