œuvrant pour l'application du programme «Femme, culture de citoyenneté et démocratie», le ministère de la Femme a organisé, hier, à son siège, une journée d'étude traitant du thème: «Femme, démocratie et sondages d'opinion». Cette rencontre a été l'occasion pour certains responsables et experts dans divers domaines d'analyser l'implication de la femme dans le processus démocratique et de cerner la spécificité du genre lors des sondages d'opinion. Prenant la parole, M. Habib Fourati, représentant l'Institut national des statistiques, a axé son intervention sur les bases scientifiques et les principes méthodologiques respectés dans l'élaboration d'un sondage d'opinion. L'orateur a mis, également, en exergue la spécificité du genre dans cette action. M. Fourati a expliqué les normes indispensables à l'élaboration d'un sondage d'opinion représentatif, crédible et efficace. En effet, il est impératif dans une pareille démarche de prendre en considération toutes les catégories sociales, toutes les tranches d'âge et toutes les régions sans exception. «Il faut dire que deux avis, aussi semblables soient-ils, diffèrent suivant le genre, l'âge, le milieu ( rural ou urbain). Un sondage d'opinion doit impliquer des personnes adultes, dont l'âge excède les 18 ans. L'on peut, toutefois, épargner les personnes assez âgées pour plafonner la tranche d'âge à75 ans. La variable géographique acquiert une importance non négligeable dans de pareils travaux», souligne M. Fourati. Il indique, par ailleurs, que le sondage comprend deux étapes: la première consiste en la mise en place d'une méthodologie basée sur les quotas. Un sondage comptant un échantillon de 2.000 personnes comprend 100 points de chute dont quatre dans chaque région. La deuxième étape concerne le travail effectué dans chaque région. Le porte-à-porte doit toucher tout le monde, y compris les analphabètes, les chômeurs etc. De son côté, M. Mohamed Kilani, professeur universitaire à l'Institut des études supérieures de commerce, a levé le voile sur les difficultés pouvant surgir lors de l'élaboration d'un sondage d'opinion et se répercuter négativement sur les résultats. Parmi ces difficultés figure la manière de poser la question. «La réponse à une question s'avère toujours circonstancielle. Le problème de la formulation des questions et du but escompté se pose, notamment en l'absence d'un prototype. Il faut, également, s'assurer de la disponibilité de la personne interviewée à répondre aux questions», souligne M. Kilani. Et d'ajouter que la perception de la question diffère d'une personne à une autre, et ce, suivant son milieu, son niveau d'instruction, son genre, son âge, sa profession. C'est pourquoi la précision des termes employés lors de l'interview s'avère capitale dans un sondage d'opinion. «Les résultats obtenus suite à des sondages d'opinion ou des études sont primordiaux dans la préparation de programmes nationaux. Si lesdits résultats manquent de fiabilité et de précision, cela influera forcément et d'une manière négative sur les éventuels programmes», avertit-il en appelant à opter pour un contrôle vigilant des sondages futurs. Présidant la deuxième séance de cette journée d'étude, Mme Dorra Mahfoudh, sociologue, a insisté sur la nécessité, pour un sondage d'opinion, d'un climat favorable à cette démarche; un climat fondé sur la confiance et sur l'esprit démocratique tout en gardant une certaine vigilance. Etude sur la confiance en la vie politique «La femme et la confiance en la vie politique», tel est l'intitulé de l'étude réalisée par le bureau Mercprogram et qui vise à cerner la confiance de la société tunisienne en le paysage politique après la révolution. Présentant cette étude, M. Abdelwahab Ben Hfaïedh a tenu à préciser que les sondages d'opinion élaborés sous l'ancien régime étaient l'œuvre d'une partie unique, à savoir le ministère de l'Intérieur. «Les académiciens n'avaient même pas le droit de penser à faire un sondage d'opinion», précise-t-il. Selon lui, l'objectif requis à travers l'élaboration d'un sondage d'opinion ne consiste pas en la seule publication des pourcentages mais aussi en la publication des détails caractéristiques de l'échantillon en question. «Un sondage d'opinion permet à la fois de cerner l'avis des personnes interviewées mais aussi d'avoir une idée sur leurs comportements», note M. Ben Hfaiedh. Et d'ajouter que les résultats des sondages antérieurs étaient politisés, notamment en ce qui concerne la femme. L'étude «Femme et confiance politique» a pour finalité de connaître les tendances en termes de confiance de la société et de la femme, plus particulièrement en la vie politique. Le «baromètre de confiance» a été réalisé du 12 au 22 avril 2011 par 23 diplômés de l'enseignement supérieur bénévoles. «Nous avons ressenti le besoin de connaître l'opinion publique quant au contexte politique par le biais non pas d'un micro trottoir mais plutôt en ayant recours à un sondage d'opinion, fait dans les règles de l'art et susceptible d'être médiatisé. Le sondage répond aux normes et aux variables nécessaires à une pareille démarche», indique M. Anis Bou Jemaâ. Les principaux résultats selon les genres indiquent que les femmes ont plus confiance en le Premier ministre du gouvernement provisoire. La gent féminine ne croit pas beaucoup en l'efficacité de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique. Les hommes, tout comme les femmes, sont méfiants quant à la crédibilité des médias nationaux. Notons également que 41% des femmes, contre 33% des hommes, affichent leur défiance quant à l'efficacité des services publics.