Suite à un article paru le 28 mai dernier qui constituait un compte rendu d'un séminaire organisé à l'Académie Beït El-Hikma sur le thème de la démographie, nous avons reçu la précision suivante d'un des participants, M. Mohamed Ali Ben Zina. Il s'agit en premier lieu de répondre à un passage où il est bien question de l'écart entre l'instruction des hommes et celle des femmes, et non du niveau général de cette instruction, mais qui semble avoir été mal compris par certains lecteurs. D'autre part, nous attirions l'attention dans l'article en question sur le fait que les rencontres dans un espace comme celui de Beït el-Hikma incluent un auditoire à la fois académique et non académique. Ce qui signifie que la logique strictement scientifique peut prêter à malentendu sur certains sujets qui intéressent le grand public. Voici son texte : En me référant à l'article paru dans La Presse le 28/05/2011 et dont l'intitulé est "Des débats techniques et un incident", je tiens tout d'abord à vous remercier de l'intérêt que vous avez porté aux travaux du colloque organisé à "Beït El Hikma" les 26 et 27 mai et dont vous avez bien voulu en faire l'écho. Je voudrais, cependant, apporter quelques précisions concernant le commentaire que vous avez porté à ma présentation : —D'un côté, pour ce qui concerne l'effort consenti en matière d'éducation en Tunisie depuis l'indépendance, mon avis sur cette question a été que bien que cet effort soit considérable puisqu'il a permis de faire baisser le taux d'analphabétisme à l'échelle nationale de 84,7% à la veille de l'indépendance à 23,1% en 2004, cela n'a pas permis de résorber les décalages initialement présents entre les hommes et les femmes, puisque d'ores et déjà en 1956, 96% des femmes étaient analphabètes alors que cette proportion était de 74,5% pour les hommes, soit une différence de 21,5% . En 2004, les chiffres de l'INS montrent que même si seulement 15% des hommes demeurent toujours analphabètes 31,7% des femmes le sont encore, ce qui se traduit par une différence encore très importante de 16,7%, c'est-à-dire que depuis l'indépendance, la différence entre le niveau d'analphabétisme des hommes et des femmes n'a baissé que de 4,8%, sachant que cet écart n'est descendu sous la barre des 20% qu'en 2004. — D'un autre côté, pour ce qui est de votre reproche à mon égard de ne pas avoir ménagé le public non académique en ayant du tact politique, je tiens à vous dire que mon avis sur cette question est tout autre, d'une part mon intervention aux travaux du colloque de Beit El Hikma n'avait aucune vocation politique et se voulait scientifique, d'autre part je ne crois pas sincèrement que pour paraître "politiquement correct", on devrait annoncer à nos compatriotes des demi-vérités, nous avons en ce moment délicat le devoir d'être sincères, cela nous permettra certes de pouvoir avancer tout en étant éclairés. Cela dit, je partage votre avis sur la nécessité de débattre dans ce genre de rencontres parce qu'il faudrait toujours croire que "de la discussion jaillit la lumière". Ndlr S'agissant du premier point, si le passage se prêtait à une mauvaise lecture, voilà qui est désormais clair. L'article mentionnait bien cependant que : " Ce qui fait dire à M. Mohamed Ali Ben Zina, le conférencier, que les choses n'ont finalement pas beaucoup changé depuis l'indépendance, où l'écart entre analphabétisme des femmes (près de 100 %) et analphabétisme des hommes (80 %) était du même ordre" S'agissant du second point, il n'est pas dans notre intention de demander à un universitaire de présenter des " demi-vérités, "mais plutôt d'assortir les vérités, en cas de besoin, de nuances qui conjurent les malentendus… Si c'est être politiquement correct que de faire cela, soit!