Par A. BOUHDIBA Dérangé par mon interview du 14 mai dernier, Monsieur Fares Bey a tenu à y répondre. Pour «l'histoire», dit-il. Il s'est adressé à une source «fiable». Facilement identifiable, celle-ci lui a fourni une information tronquée et erronée. Surprise, la bonne foi de mon contradicteur a été bel et bien piégée. 1- L'ancien directeur de Beït Al Hikma a bien gardé pour un usage privé une bonne partie de l'étage du palais de l'Académie bien longtemps après sa cessation de fonction. Il a fallu plus de six ans pour récupérer les lieux. 2- J'ai bénéficié des avantages en nature prévus par la loi. Cependant, contre toute attente, ils ont été pris en compte pour le calcul de mon salaire, ce qui a eu pour effet d'escamoter la prime différentielle. Pendant plus de dix ans, ce que je touchais effectivement était inférieur — par rapport à ce que touchaient mes pairs professeurs honoraires d'université — de plus de quatre cents dinars par mois. Abusé par son informatrice, mon contradicteur tranche que «ce n'est nullement être lésé». Lors d'une révision générale des émoluments des chefs d'entreprises publiques, l'administration a apporté une amélioration notable de mon salaire. Elle a ainsi reconnu les faits et les a largement corrigés. 3- Moins chanceux qu'Averroès ou Ibn Khaldoun, Al Ghazali n'a pas suscité l'appui du précédent gouvernement. Sans les initiatives de Beït Al Hikma, l'anniversaire de sa mort serait passé totalement inaperçu. Ni la Tunisie ni les autres pays musulmans, ni l'Alecso ni l'Isesco n'ont diligenté l'Unesco pour que ce philosophe figure sur la liste des personnalités dignes d'être mondialement honorées au même titre que Jules Verne, Chopin, la Bibliothèque de Prague ou le Shah-Namé. 4- Les membres de l'Académie qui forment son conseil scientifique sont nommés à vie par le seul président de la République sur proposition d'une commission constitutive indépendante nommée également par lui. La liste élaborée est disponible et toujours valable. Elle n'a pas été rappelée «timidement», comme on a pu le faire accroire à mon contradicteur, mais par écrit et par la voie hiérarchique. La dernière démarche, écrite et par la voie hiérarchique comme les autres dates du 10 mai 2010. Il suffit de solliciter le chef de l'Etat provisoire ou non. Il est vrai que cette liste qui dérangeait beaucoup hier déçoit certains aujourd'hui. 5- Au cours de mes cinquante deux années de carrière, je n'ai jamais refusé une tâche pour raisons de santé, même dans des moments difficiles. Si j'ai décliné des responsabilités, c'est évidemment pour d'autres raisons. Juridiquement et moralement, seule compte la matérialité de nos actes. Tout le reste n'est que procès d'intention.