En marge du forum «Africa Banking» tenu à Tunis du 2 au 4 juin, et dans le cadre d'un débat qui a porté sur «la course vers la taille critique, les fusions-acquisitions et la conquête de nouveaux marchés», M.Eric Aouani de «Ondra Partners UK» s'est penché sur le secteur bancaire africain, en a dressé les caractéristiques et les potentialités de consolidation. Il a, à ce effet, présenté une cartographie du secteur bancaire africain et a noté qu'on y compte, aujourd'hui, très peu de banques internationales panafricaines précisant que la majorité de ces banques date de la période coloniale. Par ailleurs, aucune implantation panafricaine postcoloniale significative n'a été effectuée à l'exception de Citibank. Pour ce qui est des banques régionales, le conférencier parle de leur émergence comme étant un nouveau phénomène qui serait la résultante de la saturation de certains marchés domestiques et de croissances externes horizontales et verticales. Trois pays seraient les initiateurs de cette nouvelle tendance en Afrique, il s'agit de l'Afrique du Sud, du Nigeria et du Maroc. L'intervenant note, en outre, que ces banques régionales veillent à apporter une expertise produit et une gestion du risque adaptées à la région et qu'elles touchent une clientèle plus large qui intègre les PME et le secteur public. Concernant les banques exclusivement domestiques, le conférencier précise que le continent africain compte, principalement, des banques publiques qui affichent, généralement, peu d'ambition et qui bénéficient de petites marges de manœuvre. Derrière ces banques, note-t-il encore, on trouvera un secteur privé, souvent, financièrement fragile et très atomisé. Certains facteurs autant externes qu'internes dictent une restructuration et une consolidation du secteur bancaire africain, le conférencier identifie, entre autres facteurs externes, la nécessité d'une augmentation du nombre d'acteurs de taille pour accroître la concurrence et, par conséquent, la qualité des services, le besoin accru de financement des acteurs industriels africains ou internationaux en Afrique et l'accompagnement des classes moyennes en forte croissance pour accéder à la propriété et à la consommation. La consolidation du secteur bancaire africain permettra, par ailleurs, de mieux répondre aux exigences réglementaires mondiales qui sont coûteuses en termes de capital humain, financier et technologique. D'un autre côté et sur un plan interne, la consolidation du secteur bancaire africain permettrait de développer et de créer de nouveaux métiers, d'envisager une croissance régionale, d'attirer les compétences bien formées à l'international et de disposer d'une signature acceptée à l'international et d'offrir un service compétitif. Le spécialiste relève, en outre, qu'aujourd'hui l'économie africaine a atteint une taille critique qui justifie l'émergence d'acteurs continentaux et précise que douze acteurs dont la moitié sont africains, sont, d'ores et déjà, bien outillés pour faire partie de la course au panafricanisme. Il s'avère, par ailleurs, qu'à des stades différents, tous les acteurs potentiellement panafricains suivraient la même courbe de développement et ambitionneraient de devenir des groupes de bancassurances continentaux à l'image des modèles occidentaux. M.Aouani précise que la matrice classique des synergies s'appliquera aussi à l'Afrique même si certains pays sont encore au stade de la bancarisation de masse et que les métiers de banque d'affaires, de gestion d'actifs et d'assurance y sont encore à un stade embryonnaire et conclut que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, l'Afrique se doterait, dans moins de dix ans, d'un secteur financier aussi développé qu'en Amérique latine.