La tension règne à Mutuelleville, le joli quartier que les anciens avaient édifié dans les jardins, au pied du Belvédère, justement sur le thème de la concorde et du bon voisinage. Que se passe-t-il donc pour qu'un affrontement s'engage entre le tout nouveau maire de la Deira, Aïda Naccache Mohsen, bien connue pour son énergique efficacité, et son engagement citoyen, et un groupe de jeunes du quartier qui se revendiquent de leur attachement à Mutuelleville ? Une bonne initiative au départ. L'ancienne cellule du RCD, située dans une ancienne église sur la place Mendès-France, avait été saccagée lors des derniers événements: portes arrachées, compteurs d'eau et d'électricité volés. A côté, sur la même place, un cagibi insalubre était, depuis toujours, réservé aux agents de la voirie. Sensibilisée à la situation de ces citoyens dont nous avons récemment eu à mesurer l'importance vitale dans notre quotidien, et soucieuse de leur offrir des conditions décentes de travail, et de repos, Aïda Naccache obtint du ministère des Domaines de l'Etat la jouissance, au nom de la municipalité, de l'ancienne cellule. Et la mit à la disposition des agents de la voirie. Ce qui provoqua un tollé immédiat d'un groupe de citoyens réunis au nom des «Jeunes de Mutuelleville», nostalgiques de ce lieu qui leur fut longtemps consacré, où tous ont des souvenirs de mémorables tournois de ping-pong, et autres rencontres culturelles, avant que l'ancien parti ne l'occupe. Tous rêvaient de voir cet espace à nouveau ouvert à leurs enfants, cette fois-ci, en un club culturel, une maison des jeunes, ou toute autre formule de culture et de loisirs. Et leurs revendications sont certes légitimes, seule la forme, agressive et revendicatrice, ne l'était pas. Pourquoi ne pas couper la poire en deux ? L'ancienne église, lieu de partage et de tolérance, rappelons-le, est assez grande pour accueillir tout le monde. Il ne saurait être question de revenir sur la décision du maire d'y héberger les agents de la voirie, ces citoyens méritent des conditions de travail dignes et salubres. Mais un aménagement judicieux des lieux peut parfaitement dégager deux espaces totalement autonomes, et parfaitement fonctionnels. Plutôt que de multiplier les pétitions et les attaques sur Facebook, que les «Jeunes de Mutuelleville» s'organisent en association — car la municipalité ne peut en aucun cas concéder un lieu à des personnes physiques — et se souviennent qu'un bon accord vaut mieux qu'un mauvais procès.