D'abord toutes les félicitations aux bacheliers 2011 qui ont franchi, à force de volonté et de détermination, une année pas comme les autres. Ils auront l'insigne honneur d'entamer dans quatre mois non seulement leur vie étudiante, mais aussi celle d'électeurs, le 23 octobre. Ensuite cette année doit donner le coup d'envoi à une mise à niveau de l'enseignement qui a été largement gangréné par la culture du parti unique et du chef unique. Longtemps laissés «sans voix», les jeunes ont désormais la voie libre pour exprimer leur choix sans subir la loi du parti unique, de l'esprit unique. Mais, comme leurs aînés, ils sont aujourd'hui quelque peu désabusés et très perplexes à l'égard des hommes politiques, accusés de s'approprier la révolution. «La situation dans laquelle nous sommes n'est pas le top de la sérénité», explique Yassine M, un lauréat Bac info. Il est vrai que la prolifération des partis politiques et leur attitude considérée comme électoraliste désempare car "aucun parti n'a jusqu'ici présenté une vision du rôle de la jeunesse de demain. On ne trouve pas de différences entre eux», déplore Achraf C. N'empêche que les partis sauront «investir» le milieu étudiant le moment venu. La qualité du diplôme Le baccalauréat 2011 achève donc une année scolaire chamboulée par des semaines de chaos, entraînant de longs arrêts de cours. Tout le monde craignait une année blanche, mais avec du recul, la mobilisation des élèves et des enseignants pour «assainir» leur lycée s'est avérée déterminante quant à l'amélioration des relations entre administration scolaire et lycéens. Ce nouveau « contrat » a sauvé l'année scolaire. Sans le défi de changer une situation insupportable, on ne savait pas où allaient les choses, surtout avec ces milices lâchées contre les élèves désarmés. Mais au final, l'examen s'est plutôt bien déroulé sous la houlette de la police et de l'armée ainsi que des comités de protection populaire. Si on y est parvenu, c'est un signe que la révolution va dans la bonne direction. Désormais, le savoir, surtout la qualité du savoir et du diplôme sont les mots d'ordre. Donc bravo à nos élèves mais aussi à nos enseignants (la majorité heureusement, car quelques-uns n'ont pas convenablement rempli leur mission) et au ministère qui a décidé des mesures d'appoint sans tomber dans le piège de brader l'examen. Refaire toute l'école Bravo aussi aux parents qui ont su déstresser leurs enfants pendant la période exceptionnellement délicate de janvier, février et mars. Mais il faudra un effort gigantesque des autorités et de toutes les autres parties prenantes pour reprendre notre système éducatif. Le Bac était devenu un diplôme au rabais, donné à tout le monde pour flatter les parents et vanter le système politique. Avant, les enfants du "Parti" (fils de gouverneur, de ministre, de SG de Comité de coordination, de maire, de omda et tutti quanti) allaient passer le Bac et l'obtenaient, alors que certains d'entre eux fréquentaient rarement les cours...! Pendant les années Ben Ali, on obtenait le Bac avec 9. C'était pour se retrouver chômeur parmi les chômeurs après 4 ans. La néfaste culture politique du RCD est tellement répandue qu'il faudrait presque penser à refaire toute l'école. A commencer avec le contenu banal de quelques programmes, les conditions matérielles des enseignants (mal payés et travaillant dans des situations inimaginables, l'inspection, la formation pédagogique, le recrutement des instits et les manuels scolaires du primaire jusqu'au secondaire). Nous pouvons quand même dire bravo à tous ceux qui ont décroché le Bac. Nous leur souhaitons surtout bonne chance pour la suite de leur cursus… Ils en auront besoin!