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Totalitarisme et liberté (II)
Les bonnes feuilles
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 07 - 2011

Nous continuons la publication des bonnes feuilles du récent ouvrage d'un récit de voyage de Yvonne Bercher, auteure suisse, qui a pour intitulé « Récits et réflexions d'une touriste sous l'ère Ben Ali ».
En 2006, 2007 et 2008, l'auteure qui s'est rendue en Tunisie, a accumulé une expérience à la fois sensitive, affective et intellectuelle d'un voyage dans un pays où le feu était déjà sous la cendre.
Militante des droits humains, formée pour y être sensible, je retourne depuis bientôt dix ans dans des contrées où les régimes en place piétinent ces fleurons de notre histoire, conquis à la force du poignet.
Dans la rue, j'ai forcément dû croiser des tortionnaires; peut-être même que j'ai paisiblement devisé avec eux, en toute candeur, sans savoir qui ils étaient. Où que ce soit, la réalité n'est jamais univoque et ce même Orient, qui a vu éclore le raffinement le plus exquis, illustre les facettes les plus sordides de l'humanité. Entre le vendeur de jasmin et l'homme de main de la dictature, la permanence des contrastes mis en scène interpelle et provoque sans cesse. Sous le joug de la famille, du clan, sous le poids d'un monothéisme qui confère aux péchés de la chair une place impériale, sous les contraintes de régimes politiques qui brident la liberté d'expression, l'individu se débrouille comme il peut.
Sachant de quoi il parle, parce qu'au bénéfice d'une formation médicale, Alaa el Aswany, l'auteur de L'Immeuble Yacoubian, qui vit en Egypte, compare la dictature à la maladie des pays arabes. Il va jusqu'à la situer au centre de la problématique de ces pays : «En médecine, il y a la maladie et les complications. Si vous soignez un malade pour ses complications uniquement, vous le tuez. Si on applique cela à la société arabe, la maladie, c'est la dictature».
Lors de mes premières incursions outre-mer, j'avoue ne pas avoir prêté attention à ces aspects politiques, qui auraient pourtant dû me sauter aux yeux. Ce n'est qu'après avoir ingéré une bonne dose d'exotisme, contemplé des centaines de ruines et cheminé dans les souks jusqu'à plus soif que j'ai finalement ouvert les yeux sur les rapports de l'être humain avec l'Etat. Comme étrangère, j'ai toujours été traitée avec courtoisie par la police; jamais je n'ai été entravée dans le choix des rencontres que j'effectuais ni des lieux où je portais mes pas. Si par hasard j'ai été suivie, on s'y est pris avec doigté car je ne m'en suis pas rendue compte. Jamais je ne me suis sentie en danger. Enfin, j'ai aussi apprécié de ne pas cheminer dans l'obsession de finir déchiquetée par une bombe.
Laminoir suprême de l'individu, le dénuement total de personnes livrées à elles-mêmes, sans aucun secours, a souvent constitué un choc qui me faisait perdre pied, court-circuitant toute réflexion. Voir des êtres humains survivre dans des conditions extrêmes m'a appris à distinguer l'essentiel de l'accessoire. Ma manière d'appréhender les menus tracas de mon quotidien a également évolué. Je m'efforce de leur restituer leur juste place, mais pas plus.
L'écriture, un stade
de la réflexion
Aussi nombreuses que les individus qui se livrent à cet art, les motivations de l'écriture varient à l'infini. Pour Blaise Hofman, «On n'écrit que pour aiguiser le regard, fixer la mémoire, retrouver confiance et comprendre un peu mieux». Pour Daniel Rondeau, il s'agit pratiquement d'une incantation, aux pouvoirs magiques. La production littéraire met en valeur, comme une gemme rare, un monde fantasmé : «L'écriture est souvent une consolation. C'est l'annexe de nos vies secrètes, qui fait exister ce qui n'est plus, durer ce qui disparaît, chanter les ardeurs enterrées».
Rendre compte, fixer des souvenirs, c'est aussi libérer et affiner la pensée. En arabe, on utilise le même verbe (harara, iouharirou), pour dire libérer et rédiger et le même mot (adab) pour la littérature et la politesse. Poser par écrit permet d'aller plus loin.
En cristallisant le vécu par l'écriture, j'ai pour ma part l'impression de remporter une menue victoire face à mon ennemi de toujours, l'oubli, et sa fâcheuse tendance à reléguer un peu trop vite dans l'inconscient des impressions que l'on voudrait conserver dans un registre plus accessible. Rédiger des souvenirs, c'est aussi perpétuer ce qui me tient à cœur, le partager avec d'autres. Enfin, c'est accepter de le soumettre à la critique.
Aller plus loin, mais où?
Parfois, je me demande quelle sera ma vision du monde au terme de ma vie, quel sera le fin mot de cette recherche. Cette préoccupation habitait déjà Hafîz, poète mystique persan du XIVe siècle, auquel j'emprunte ces vers.
Même si l'abri de ta nuit est peu sûr
Et ton but encore lointain,
Sache qu'il n'existe pas
De chemin sans terme
Ne sois pas triste.
Méthode
Par la force des choses, qu'on le veuille ou non, la vie représente une synthèse d'éléments disparates. Leur conciliation au sein d'une seule et même existence, parfois difficile à opérer, confère à cette dernière sa spécificité, tissée avec les moyens du bord : le psychisme de l'individu, son niveau matériel de vie et son bagage culturel. Descriptions, éléments vécus, émotions, tâtonnements, convictions, réflexions, critiques, déductions, recherches bibliographiques, le récit, présenté en première partie, se liera à des données historiques et sociologiques, qui concluront l'ouvrage.
Dans mon imaginaire, le voyage occupe une place prestigieuse, non seulement lorsque je prospecte une contrée nouvelle, mais le reste du temps également, lorsque je me documente.
L'éclectisme de mes sources, le panachage délibéré auquel je me suis livrée convaincra le lecteur, je l'espère, de ma recherche d'un équilibre propice à l'approche de la vérité.


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