Suite à l'exposition des travaux de fin d'études des diplômés des Beaux arts, la direction du Centre des arts plastiques a invité des artistes, des galeristes et autres critiques d'art à une réunion autour des arts plastiques. Une première journée d'études a été organisée le 19 juillet, où on a enregistré des propositions en ordre dispersé. A la clôture, M. Beschaouch, ministre de la Culture, étonné, voire déçu du manque de projets et d'initiatives marquants, a clos son discours par un appel : «Etonnez-nous, soyez à la hauteur de la révolution», citant au passage des exemples historiques et des noms qui ont bousculé la société, comme Molière, ou «l'Origine du monde» de Courbet. Effet de manche ? Cela ne semble pas le cas, puisqu'il invite les acteurs à proposer des projets et des propositions. Il faut signaler que le chantier des arts plastiques est immense, lourd et complexe, au point qu'il fait soulever des protestations, des feux qui sont loin de calmer l'enthousiasme des acteurs de la vie artistique. Sana Tamzini, directrice du Centre des arts vivants, a saisi l'appel, le mardi 26 juillet, organisant une 2e Journée d'etudes au centre international de culture de Hammamet. Une présence appréciable, ambiance studieuse, beaucoup d'artistes, peu de galeristes et de futurs plasticiens. L'ordre du jour : recueil et discussion des projets et des propositions à soumettre au ministre. Trois projets, une moisson maigre à notre sens, ont été soumis : le premier émane d'une association «Kif Kif», porte sur l'animation de la ville en créant des événements artistiques de différentes natures, peinture, tag, danse, actions physiques dans la rue, et ce, pour sensibiliser le citoyen à la teneur sociale de l'art. Un groupement d'associations a proposé un projet intitulé «Manifesto de la citoyenneté». Ce projet dont la date a été fixée entre les 9 et 25 août, devrait se dérouler sur l'avenue Habib Bourguiba, rebaptisée pour la circonstance «boulevard des cultures». Le projet comporte plusieurs volets dont l'installation de chevalets, la présence d'artistes des régions et des quartiers défavorisés, réorientation de la fonction de l'ancienne galerie de l'information pour en faire un espace permanent d'art. Organisation d'une procession de confréries religieuses tolérantes avec étendards tout le long de l'avenue, une marche pacifique de citoyens, partant de la statue d'Ibn Khaldoun jusqu'à l'ancienne Maison du RCD à l'avenue Mohamed V sont également prévues. Le chantier des arts Une batterie de propositions a été présentée parmi lesquelles la protection juridique des artistes et de leurs œuvres, l'exonération d'impôts sur les achats et ventes des œuvres d'art, jumelages des Centres de culture et des résidences d'artistes avec ceux de l'étranger, application concrète du 1% alloué aux arts sur chaque nouvelle construction, réattribution des subventions aux galeristes, création d'une Ecole d'art moderne relevant du ministère de la Culture dans le but de former des praticiens d'art, intervention du ministère de la Culture dans la réforme du contenu artistique de l'enseignement supérieur et secondaire, accélération de la réalisation du Musée d'art moderne et contemporain, etc. Un chantier disions-nous? Plutôt les Travaux d'Hercule, M. Beschaouch a repris les chapitres essentiels montrant de réelles dispositions à appuyer les projets et attaquer point par point les propositions faisant remarquer au passage que son pair au ministère des Finances, fin connaisseur des arts, est attentif, sensible à toute solution pouvant avancer les projets. Concrètement? «Je suis entièrement disposé à appliquer ces propositions, mais beaucoup de points soulevés requièrent des textes, des arrêtés, des lois, etc. Or, il y a dans ce sens un vide juridique scandaleux, que nous nous sommes attelés à combler rapidement; dès que ces textes seront adoptés (au plus vite) que nous appliquerons ces propositions. Pour le reste, j'étudierai les résolutions et vous inviterai à une autre Journée d'études, j'attends de vous d'autres projets», a-t-il notamment déclaré. L'appel est lancé, place aux acteurs.