Par Zohra BEN SLIMAN A la veille du mois saint de Ramadan, mois de solidarité, de rapprochement et de regroupement des familles et en tant que citoyenne tunisienne avec ses soucis majeurs et mineurs, je me pose certaines questions avec un sentiment d'amertume et je voudrais les partager avec qui de droit pour tenter d' y répondre: Première question : gouvernement et population de cette généreuse Tunisie sont en train de mettre le paquet pour atténuer le malaise des réfugiés libyens condamnés à vivre ce mois saint dans la souffrance et la séparation. C'est pourquoi, nous sommes sidérés de voir que les douze familles ou plutôt la méga-famille de l'affaire Bratel et après la longue série de réunions de tous niveaux des administrations concernées, attendent toujours de connaître leur sort en général et particulièrement par rapport à ce mois de Ramadan qui devait les réunir de nouveau dans l'immeuble construit à Kheireddine en guise de début de solution pour leur situation de sans-abri pour la plupart et après les maintes promesses d'une remise des clefs imminente restées sans suite à ce jour. Si la grande hémorragie à la frontière dépasse toute volonté du gouvernement tunisien, celle moins profonde mais plus ancienne (janvier 2010) et également douloureuse des douze familles victimes ne dépend que d'un geste des administrations concernées qui devraient appliquer la solution d'urgence qu'est «le garrot» de Kheireddine en attendant si nécessaire de débattre les autres questions pouvant poser des divergences de principe et ou de droit. Deuxième question de prime importance pour notre pays c'est celle de l'inscription des citoyens pour les élections. Vous me direz que l'impact des douze familles du Bratel est nul sur la question, mais je ne peux que croire que la population est composée de sous groupes qui sont composés d'individus et que l'individu pour la nouvelle Tunisie et la future démocratie en constitue l'élément essentiel. C'est pourquoi, il est difficile pour les membres des douze familles et pour tous leurs proches et sympathisants ainsi que pour ceux vivant des situations d'injustice (structurelle et/ou conjoncturelle) d'avoir l'élan spontané et le désir justifié d'accomplir ce geste civique tout en observant la douloureuse situation de ce dossier (et de ses similaires) qui s'étale et va vers l'inconnu. Je ne saurais décrire et défendre tous les cas similaires, mais je ne peux cacher ma colère et mon indignation quand aujourd'hui après sept mois de la révolution et après plusieurs réunions dont la dernière supposée définitive et déterminante tenue la semaine dernière entre Messieurs les ministres de l'Equipement et du Domaine de l'Etat, les victimes, qui après une longue attente espéraient une réponse apaisante à moins d'une semaine du mois de Ramadan, se retrouvent avec zéro proposition, zéro décision et par conséquent zéro solution sauf celle d'aller poser une tente sur le terrain du Bratel pour pouvoir s'y regrouper pendant le mois de Ramadan et en attendant qu'un jour une position claire et officielle leur soit signifiée. Finalement, je précise que les habitants du Bratel bien qu'ils n'aient plus d'adresse, ne manqueront pas de s'inscrire quelque part pour les élections.