A J-72 des élections de la Constituante (23 octobre 2011), les partis politiques qui prolifèrent sur la place de Tunis n'ont toujours pas levé le voile sur des programmes économiques à même de solutionner les problèmes qui touchent de près les citoyens, à savoir l'emploi, le pouvoir d'achat, la réforme de l'enseignement et de la santé et l'amélioration du bien-être social. Certains partis ont bien proposé des programmes, qui restent en majorité trop vagues et imprécis quant à leur impact sur la vie quotidienne du citoyen. Ils parlent tous de lutter contre le chômage, l'inflation et la corruption sans pour autant préciser les moyens ni les sources de financement pour réaliser ces objectifs. De même, les partis n'ont pas dévoilé de programmes clairs sur le court terme, pour sauver l'économie nationale de la récession, de l'explosion du chômage et de la détérioration du pouvoir d'achat du citoyen. Le président de l'Association des économistes tunisiens, M. Mohamed Haddar, a indiqué à l'Agence TAP que le gouvernement de transition et les partis politiques sont appelés à réagir rapidement pour mettre en place un programme de relance pour l'économie nationale et assurer la reprise du travail. L'expert n'a pas caché ses appréhensions face à la situation de l'économie nationale qui passe par une période «critique», pointant du doigt un taux de croissance négatif de -3% (premier semestre 2011), l'exacerbation du chômage ( 700 mille personnes) et l'augmentation de l'inflation de 5%. C'est ainsi que l'Association des économistes tunisiens a tiré la sonnette d'alarme, pour attirer l'attention du gouvernement et des partis sur la dégradation de la situation économique, au moment où ils privilégient les polémiques politiques sur le débat économique. M. Haddar a précisé que le retour à la normale de l'activité économique requiert en premier lieu la garantie de la sécurité dans le pays. Une responsabilité, a-t-il ajouté, qui revient au gouvernement de transition, lequel doit impérativement s'opposer à la déferlante des sit-in et des revendications qui mènent le pays vers l'anarchie. Dans ce contexte, il est difficile, selon cet économiste, de parler d'investissement ou de création d'entreprises et, partant, de nouveaux emplois. Il a estimé qu'une reprise de l'investissement ne pourra pas se faire, dans le meilleur des cas, avant quatre ans. Il manque au gouvernement de transition, a-t-il avancé, une vision prospective, projetant la Tunisie dans l'avenir. C'est pour cela qu'il lance un appel à toutes les parties concernées (gouvernement et partis), les incitant à concevoir un projet de société qui prépare l'avenir politique, économique et social à long terme de la Tunisie. Le lancement d'un tel projet de société, a-t-il estimé, doit émaner d'une forte volonté politique permettant sa concrétisation, relevant que la gouvernance et la reddition de comptes constituent deux mécanismes essentiels pour la réussite de ce projet. L'économiste a appelé les partis qui « se cachent derrière des slogans creux et irréalistes » à présenter leurs visions à court, moyen et long termes et à faire connaître leurs politiques économiques. D'autant que ces politiques auront un grand impact sur le secteur de l'emploi et les conditions de vie du citoyen.