Le consommateur tunisien vit, au quotidien, ses petits problèmes d'approvisionnement. Et, si on n'y prenait pas garde, cela risquerait de se transformer en moyen de pression contre lui. Un grand tapage a été orchestré, dernièrement, à propos de la raréfaction de certains produits comme l'eau en bouteilles, le sucre, l'huile végétale, etc. On expliquait tout par la situation prévalant en Libye. L'activité des trafiquants a engendré la disparition momentanée de ces produits. Or, ce qu'il faudrait rappeler, c'est que les épiciers misaient beaucoup sur ce créneau depuis des années. La vente conditionnée ou au pif d'articles de consommation courante (sucre, huile, semoule en vrac, notamment) était une arme que beaucoup de ces détaillants utilisaient à des fins précises : servir d'abord leurs clients fidèles et leurs amis! C'est ainsi qu'ils n'exposaient pas ces articles et les vendaient en catimini. Donc, cette infraction est une ancienne habitude qui s'est aggravée ces derniers jours. Ce qui est étonnant, c'est que ce comportement dure et se poursuit normalement depuis des années et des années sans qu'aucune partie ne réagisse : ni le simple consommateur qui pourrait se plaindre directement de ces agissements auprès du commerçant, ni ce qui est considéré comme une organisation destinée à défendre le consommateur, ni les autorités économiques compétentes ! Et, vu cette indifférence générale, on comprend pourquoi ces épiciers continuent à commettre ces infractions sans être inquiétés. Avec la conjoncture actuelle, c'est plus propice et cela ouvre la voie à beaucoup d'autres abus dont les conséquences seront supportées par le simple citoyen. D'ailleurs, ne voit-on pas tous les profiteurs sauter sur l'occasion pour gagner plus et vite sans se soucier de la légalité ni, à plus forte raison, de l'honnêteté. Aussi, voit-on des marchands pratiquer des prix hors de portée des simples bourses (bouchers, poissonniers, etc.) ou adopter des techniques détournées pour augmenter le prix des marchandises (vendre la baguette à 200 millimes en remettant à la place de la monnaie un sachet en plastique). On ne parlera pas d'autres agissements plus graves comme la fraude sur le poids, le fardage et autres combines qui nuisent beaucoup à la réputation des vrais commerçants. Et, justement, ces derniers ne peuvent plus tenir devant ce phénomène qui risque de les emporter s'ils ne suivent pas la tendance.