Par Hichem SATTARI Le paysage de l'information et de la presse vit actuellement l'une des étapes les plus cruciales de son existence puisqu'après l'insurrection, le rêve était permis en vue d'enregistrer une amélioration dans le rendement des adeptes de la profession et des progrès dans la vision et l'analyse des événements qui serait parallèle aux objectifs de la révolution. Sincèrement, il faut le reconnaître, le système grince quelque part et piétine de concrétiser dans la réalité les espoirs de ceux qui y ont toujours cru. Je pense, que la principale raison serait d'un ordre individuel, sachant que certains n'arrivent pas encore à se défaire d'anciennes habitudes du régime "novembriste" et dont les séquelles persistent de porter une atteinte à la liberté d'expression. J'estime que le secteur des médias ne peut connaître des jours meilleurs, que lorsqu'on aura établi une nouvelle relation de fiabilité avec l'opinion publique et une volonté de se libérer de ces maux qui continuent de ternir l'image de ce pouvoir. Je pense que cette indépendance tarde encore à se confirmer, d'autant plus que le secteur nécessite, certainement, des réformes judicieuses susceptibles de procurer à nos journalistes une grande marge d'action et des conditions de travail favorables. En attendant l'exécution de décisions imminentes dans ce sens, il faudrait évoquer également un autre volet relatif à cette fameuse déontologie, bouleversée et dépassée par le cours des événements puisque les engagements professionnels étaient en fonction de considérations très personnelles qui avaient contribué à détériorer le pouvoir médiatique. Certes, ceci est indiscutable, mais la réalité des faits veut qu'on patiente un peu pour savourer cette progression, dans la mesure où des défaillances demeurent et menacent la transparence et la crédibilité du paysage. A mon avis, il serait opportun d'assainir le secteur de ces nombreux intrus au métier et dont on sait qu'ils n'ont jamais eu une formation académique en la matière et surtout de quelles manières ils étaient recrutés !! J'estime, sincèrement, qu'il faudrait restituer à l'Institut de presse et des sciences de l'information le rôle pour lequel a été fondé, car partout dans les pays où la liberté d'opinion fait partie de la mentalité des citoyens, le recrutement des futurs hommes de presse se fait parmi les diplômés de ces instituts et non pas selon des procédures peu orthodoxes, qui avaient anéanti les ambitions de nombreux étudiants qui voyaient leur rêve se briser à l'entame d'une possible carrière, et qui pensaient être prioritaires. Constatation faite, on cueille, aujourd'hui, le fruit de cette politique indécente qui a sévi pendant des décennies faisant du même coup barrer la route aux compétences capables d'émerger s'ils avaient trouvé le terrain fertile pour s'extérioriser. Je continue de croire que la transition serait une belle opportunité d'adhérer au pacte d'honneur qui pourrait organiser cette passionnante profession et mettre fin aux polémiques concernant la neutralité de l'organe. D'ailleurs, j'ai des réserves à ce propos, puisque les journalistes étant des citoyens tunisiens, ont naturellement une tendance politique et doivent passer aux urnes lors des élections de la Constituante, ceci pourrait sans doute influer sur le contenu de leurs écrits et leurs réflexions personnelles. A partir de là, on serait curieux de juger les vraies potentialités de ce pouvoir pendant la campagne électorale et le jour du scrutin s'agissant bien sûr de relever le défi afin de surmonter cette crise de confiance et montrer à l'opinion publique nationale et internationale que les médias tunisiens pourraient accompagner la transition démocratique mais aussi instituer une nouvelle information honnête et libre qui s'engagerait à respecter les exigences de l'étape et dévoiler toute la vérité aux citoyens. Il est incontestable de soutenir les efforts consentis dans ce sens, à moins que d'autres circonstances exceptionnelles apparaissent pour donner une autre vision aux concertations qui détermineront le profil et la forme de la restructuration envisagée, revendiquée d'ailleurs par les politiques et la société civile. Laissons le soin aux juristes d'élaborer une législation digne d'une presse indépendante.