Par Hichem SATTARI Dans la perspective d'une approche judicieuse visant à redresser les structures du secteur de l'information et de la presse tunisienne et redorer son blason en lui procurant son statut libéral et civilisationnel afin de mettre un terme au discours arrogant et intrigant d'un passé très récent, il nous est indispensable d'évoquer la situation conjoncturelle et les remèdes à envisager pour une nouvelle ère qui concrétiserait les attentes tant souhaitées de cet organe catalyseur nécessaire pour le développement de la société civile et moderne. La presse a beaucoup souffert de lacunes aiguës et de défaillances structurelles évidentes durant des années jalonnées d'embûches allant même à une logique de soumission aveugle et d'obéissance absolue au pouvoir. Je citerai en particulier la presse du parti dissous apparemment, mais dont les réflexions de certains de ses hommes les plus fidèles et les plus attachés à leurs chers principes d'opportunisme flagrant ne cessent de se manifester indirectement à travers nos écrans télévisés et aussi sur les colonnes de nos journaux. Partant de ce qui précède, on constate malheureusement que l'information objective et constructive piétine encore à s'imposer dans les salles de rédaction et à se procurer une indépendance génératrice et suffisante pour glaner des points précieux vis-à-vis d'elle-même d'abord, et se rapprocher ensuite des interrogations très légitimes des concitoyens quant à la compétence et la transparence des médias. La presse, telle qu'elle est, manque de lucidité et de fluidité par rapport à une information intègre et réelle malgré un champ de liberté que la révolution nous a offert sur un plateau un jour de janvier 2011. Certains de nos célèbres journalistes et de nos piliers de l'information et de la communication, ceux qui font apprendre les ficelles du métier aux jeunes étudiants et étudiantes futurs journalistes ont manifesté ces derniers jours dans la rue en clamant leur mécontentement et indignation pour une prise de conscience collective et responsable en vue d'assainir le climat médiatique. Ils ont protesté contre d'autres confrères qui continuent à orienter l'information d'une manière irresponsable en manipulant lecteurs, auditeurs et téléspectateurs impatients de voir enfin un décollage réellement décidé certes, mais qualitatif et significatif en la matière. Du coup, on est face à un héritage lourd de conséquences en raison d'un cumul de tromperies criardes et d'un abus couvé par des théoriciens politiques qui avaient sévi terriblement sous un régime qui n'a jamais favorisé la liberté d'expression des adeptes de la profession. Ces manipulations douteuses portent indiscutablement un préjudice énorme à l'éthique d'une profession déjà orpheline de certaines valeurs essentielles. L'évolution sûre et l'engagement de moralité inconditionnel de notre presse et ses facultés communicatives passent indéniablement par un état d'esprit solidaire et une nouvelle mentalité professionnelle permettant d'assurer une transition démocratique et indépendante de l'organe en question. Nos efforts s'engagent d'ailleurs à instaurer une indépendance exemplaire et sans faille du paysage médiatique et à consolider activement ses assises démocratiques dans la foulée de l'accomplissement d'un saut post-révolution nécessaire et suffisant pour relever tous les défis immédiats qui pointent à l'horizon. Il est à signaler que le rendement actuel d'une frange de journalistes — je cite ici ceux qui exercent à la télévision nationale, et ce, en dépit de leur mouvement protestataire qu'on ne peut que saluer vivement — se caractérise par une attitude attentiste et désolante parfois, eu égard aux manifestations populaires à la Kasbah. J'estime que l'union sacrée de toutes les forces et des partis concernés pourrait aboutir à une mobilisation générale qui mènera, du moins on l'espère, à des jours meilleurs pour une presse au-delà de tout soupçon. (Collège El Andalous, Menzel Témime)