Par Khémais FRINI Après avoir été témoin des incertitudes, des hésitations, et des discussions souvent stériles sur la foi, l'identité, les idéologies obsolètes et séculaires, le peuple aspire aujourd'hui à une normalisation politique, économique, sociale et culturelle. Cette normalisation est tributaire de la transition démocratique et de sa programmation dans le temps. Du succès de cette transition démocratique dépendra celui de la révolution et les chances de réaliser ses objectifs. D'un autre côté, toutes les échéances électorales qui vont avoir lieu seront d'une importance capitale. Ce ne sont nécessairement pas les résultats des élections qui importent le plus mais leur organisation et la cohérence qui doit être requise entre les différentes étapes. Les tunisiens attendent de connaître avec précision et en toute transparence ce qui va se produire dans le proche avenir. Ils souhaitent sortir de ce clair-obscur qu'ils ont connu pendant ces derniers mois. Des questions pertinentes se posent aux différents acteurs de la vie politique et les réponses tardent malheureusement à venir. On peut se demander pour quel projet allons-nous nous déplacer vers les bureaux de vote le 23 Octobre? Certes pour une Assemblée constituante. Mais en fait on ne sait pas avec certitude quels seront ses pouvoirs? Quelle garantie peut- on avoir pour éviter tout cumul de pouvoirs? Que se passera t-il après son élection? Quelle va être la durée nécessaire à cette assemblée? Quelles sont les prochaines échéances électorales? Quand auront- elles lieu? Comment seront gérées les affaires de l'Etat pendant ces étapes? Et par quelle institution? etc. L'élection du 23 octobre ne peut être qu'une étape qui doit être inscrite dans un processus clair .Celui-ci doit être préparé au préalable et en tout cas avant le démarrage de la première étape c'est-à-dire dans les jours qui viennent. L'Assemblée constituante sera élue dans le but de préparer une ou plusieurs variantes de Constitution à soumettre au peuple par voie référendaire. La durée moyenne et généralement admise pour réaliser cette mission se situe entre 6 mois et une année. Cette assemblée peut adjoindre à sa mission constitutionnelle une autre mission législative. Quant au pouvoir exécutif, il sera transmis à la nouvelle équipe dirigeante en vertu d'élections postérieures une fois que la nouvelle Constitution sera adoptée et conformément aux procédures qu'elle aura arrêtées. Il en est de même des conseils régionaux et municipaux et du futur Parlement. Tout cela doit être bien ficelé et arrêté une fois pour toutes. Si la classe politique ne trouve pas le consensus, pour une fois , pour ficeler cet agenda de la transition démocratique, pourtant d'une importance capitale, nous pensons qu'il faut faire appel au peuple pour en décider et l'entériner définitivement par référendum. Ce référendum aura lieu le 23 octobre et son organisation est très simple. Les électeurs auront à répondre par oui ou non à la question suivante : Etes vous d'accord pour que l'assemblée constituante soit chargée exclusivement de la préparation des projets de constitution à soumettre au référendum le 25 Juillet 2012 à la suite de quoi des élections générales (présidentielles, législatives, municipales, régionales) auront lieu dans un délai ne dépassant pas 60 jours c'est-à-dire en septembre / octobre 2012. Si le oui l'emporte on aura un agenda clair de la transition démocratique, ce qui aura des répercussions heureuses sur la stabilité du pays et de son économie. Les partis politiques, du moins la majorité d'entre eux, devront soutenir sans réserve cette initiative et appeler à voter oui. Si le non l'emporte on se confiera alors à l'Assemblée en croisant les doigts et en priant pour que les députés aient suffisamment de vertu et de sens de l'Etat pour ne pas nous entraîner dans une zone de turbulence pour le moins inconnue. Dans tous les cas, il ne saurait être question que cette Assemblée dispose de pouvoirs absolus. Cette problématique est d'une importance capitale pour l'avenir du pays et ne peut être à la merci d'intérêts partisans. Au cas où le consensus tarde à venir et s'agissant de l'intérêt suprême du pays l'initiative et la responsabilité revient exclusivement à Mr le Président de la République. Quand les avis sont partagés pour ce qui concerne l'intérêt du pays c'est au peuple de trancher.