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Néron sans allumettes
Géopolitique
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 09 - 2011


Par Hmida Ben Romdhane
Finalement l'appel lancé par Kadhafi aux millions de sortir de chez eux afin de nettoyer Tripoli a été entendu. Une foule immense, hommes, femmes et enfants, ont envahi Tripoli et l'ont nettoyée, non pas "des rats et des croisés", mais de tous les symboles qui rappelaient le long règne dictatorial du colonel. Les débilités tirées du "Livre vert" et affichées des décennies durant dans toutes les rues de Libye ont été gommées, les photos du "Guide" déchirées avec une joie furieuse devant les caméras, les statues de l'Ubu libyen détruites.
Bien que pratiquement toute la Libye soit nettoyée de tout signe rappelant le dictateur et son régime singulier, bien qu'il ne bénéficie d'aucune espèce de soutien parmi les Libyens ou au sein de la communauté internationale, bien qu'il se terre, tel un rat, quelque part dans le vaste désert libyen, Kadhafi continue de diffuser des appels à la révolte à des partisans imaginaires à travers une énigmatique chaîne (Arraï), diffusant sur NileSat.
Dans son dernier appel du fond de son trou, Kadhafi a prononcé trois mots terrifiants: "Que Tripoli brûle" dit-il à ses partisans imaginaires. Heureusement pour nos voisins libyens, et pour nous aussi, que le dictateur déchu n'est plus en mesure de joindre la parole à l'action, n'a plus les moyens de sa politique de la terre brûlée qu'il …brûle de mettre en œuvre. Heureusement pour nos voisins libyens et pour nous aussi que Kadhafi est un Néron sans allumettes, autrement Tripoli aurait brûlé aujourd'hui comme Rome naguère.
Avant Tripoli, le dictateur visait Benghazi. En mars dernier, il avait envoyé ses hordes déchaînées en direction de la capitale de l'Est libyen dans le but annoncé d'étouffer la rébellion. Le dictateur ne cachait pas sa détermination de massacrer tous ceux qui s'opposaient à son pouvoir dictatorial. Et le massacre aurait eu lieu sans doute n'eût été la forte volonté de la France d'abord et de l'Otan ensuite de protéger les civils libyens désarmés, menacés par un dictateur surarmé et sans scrupules.
Il est remarquable que l'intervention de l'aviation française d'abord et de l'Otan ensuite contre la machine de guerre de Kadhafi n'a suscité aucune protestation populaire dans quelque pays que ce soit dans le monde arabo-musulman, et encore moins dans le monde occidental. C'est un message assourdissant chargé de sens, démontrant l'ampleur du rejet universel de ce personnage atypique, dangereux, imprévisible, incohérent, bouffon et, bien sûr, de son régime politique absurde qui a saigné à blanc la Libye et son peuple quarante deux ans durant.
Cependant, certains commentateur ont eu recours à la comparaison avec le cas irakien pour prévoir à la fois l'enlisement de l'Otan et une longue guerre civile qui devait mettre, selon eux, la Libye à feu et à sang. En fait, les deux cas sont incomparables, à part le fait que les deux pays fussent dirigés par des dictateurs impitoyables.
Mais il y a dictature et dictature. Quiconque connaît les deux pays se rendra compte facilement que tout dictateur qu'il fût, Saddam avait doté son pays d'attributs économiques et militaires solides. Il comptait faire de l'Irak une puissance régionale, et il aurait sans doute réussi, s'il avait fait preuve d'intelligence et de sagesse qui lui auraient permis de jouer avec les grands sans attirer leurs foudres et de préserver ainsi son intégrité et la sécurité de son peuple.
Kadhafi était un autre type de dictateur. Bien qu'il ait le double avantage d'une richesse naturelle immense et d'une petite population, il n'a fait durant son règne interminable que dilapider la première et marginaliser la seconde. De sorte que, 42 ans après, le peuple libyen se trouve au point de départ et est obligé de tout reprendre à zéro.
Aucune comparaison non plus ne peut être faite au niveau des interventions étrangères dans les deux pays. Dans le cas irakien, il y a avait une opposition universelle contre le projet d'invasion de l'Irak de George Bush. Les choses étaient claires pour tout le monde. Saddam ne constituait un danger pour personne et encore moins pour les Etats-Unis, les attentats du 11 septembre étaient le prétexte et le pétrole irakien la cible principale.
Dans le cas libyen, il y avait une approbation quasi-universelle de l'intervention des bombardiers de l'Otan contre les troupes de Kadhafi. La Russie et la Chine officielles étaient contre et c'est normal, la disparition du régime de Kadhafi mettrait en danger des intérêts économiques substantiels, et notamment les gros investissements chinois. Mieux encore, les "millions de Libyens" dont se prévalait Kadhafi applaudissaient les bombardements ciblés et priaient l'Otan de ne pas partir avant "la capture ou la mort" du dictateur.
Aucune comparaison enfin quant au sentiment général dans le monde arabo-musulman vis-à-vis de la chute des deux dictateurs. La chute de Saddam était vécue comme un désastre par des millions, celle de Kadhafi comme un soulagement.
Pour ce qu'ils ont enduré pendant des décennies, les Libyens ont raison de dire que le soulagement ne sera complet que le jour ou le dictateur sera arrêté ou tué. Mais ils ne doivent pas s'inquiéter outre mesure. L'Otan a brisé les dents et limé les ongles du dictateur. Elle a pris soin de confisquer les allumettes du Néron libyen. Que nos voisins se rassurent, Tripoli ne connaîtra pas le sort de la Rome antique.


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