«Jeunes, Communication et Médias», est le thème du colloque international organisé les 15 et 16 avril par l'Institut de presse et des sciences de l'information de Tunis en collaboration avec le Konrad Adenauer Stiftung. Les participants à cette manifestation scientifique, notamment chercheurs, universitaires et étudiants ont analysé, durant toute une journée, les pratiques des jeunes dans les sociétés du Sud où ce groupe constitue la frange la plus nombreuse, de la population, s'intéressant, ainsi, aux différents modes de communication de ces jeunes et les offres des médias qui leur sont destinées. Quatre grands axes étaient au programme. En premier lieu, un axe d'ordre théorique et historique qui porte sur la genèse des notions de jeunesse et de culture juvénile, notions forgées, depuis les années soixante, par les jeunes eux-mêmes et fondées essentiellement sur deux éléments culturels majeurs : le look et la musique. Le second axe du colloque aborde les conditions de production et de diffusion de la culture dite «des jeunes» par les médias des adultes, qui est, en fait, une sorte de montage à base d'éléments puisés dans les médias des jeunes et traités dans une logique de compromis implicite, rendu possible grâce à la participation des jeunes eux-mêmes dans l'écriture, la production et l'animation de la culture juvénile diffusée par les médias. Un troisième axe essaie d'élucider les manières de réagir des jeunes aux messages et discours médiatiques des médias. Le dernier axe s'interroge sur la question de l'affirmation identitaire des jeunes dans leurs rapports aux médias, pris souvent dans une logique de contraction d'intérêts divers mettant face à face la culture locale et la culture mondialisée. A l'heure où les nouvelles technologies de l'information et de la communication se développent à un rythme rapide, les modes de communication des jeunes, ainsi que leurs réactions à l'égard des médias classiques connaissent des mutations significatives. Lors de la première séance scientifique, les intervenants ont insisté sur le fait que l'accès libre à l'Internet ainsi que les différentes possibilités de communication qu'il offre font des jeunes des producteurs de contenus médiatiques. Les blogs et les échanges sur Facebook ne constituent qu'un exemple parmi tant d'autres. Ainsi, avec les multimédias interactifs, les jeunes ne sont plus uniquement des «cibles» médiatiques, ils produisent leurs médias, avec un profil d'usage large, mais où émergent certaines tendances communes. Actuellement, on vit l'ère de la nouvelle culture du web et des portables. Le multimédia devient une combinaison médiatique. Par ailleurs, les médias classiques connaissent une baisse au niveau de la consommation de leurs contenus, notamment la presse écrite qui perd des lecteurs et qui voit certains de ses titres se restructurer ou carrément disparaître. Les nouvelles pratiques des jeunes sont constitutives de ce qu'on peut appeler «la culture juvénile». De ce fait, pour élaborer une réponse éducative des adultes à cette culture, il est nécesaire d'identifier, à travers les pratiques culturelles concrètes des jeunes, les compétences dont ils disposent et celles dont ils ne disposent pas et qu'il faut leur faire acquérir, pour qu'ils puissent se déployer convenablement dans leur société future, fortement médiatisée. Un nouveau modèle de société M. Ridha Methnani, professeur universitaire, a suivi les traces numériques dans la vie quotidienne d'un citoyen ordinaire. Il y a décelé les contours d'un nouveau modèle de société qui connaît une utilisation massive des TIC. M. Methnani a évoqué, également, la problématique du fossé numérique. Il a indiqué que 90% des personnes connectées au réseau appartiennent aux pays industrialisés. En ce qui concerne la Tunisie, il a souligné que la catégorie d'âge de 15 à 29 ans représente aujourd'hui le tiers de la société: «Facebook est le premier site visité par les Tunisiens. On compte actuellement, 1.093.920 adhérents au Facebook, c'est-à-dire le dixième de la population tunisienne. La Tunisie est, de ce fait, le premier pays arabe et le second en Afrique». M. Methnani a évoqué la nécessité de maîtriser le temps, puisque les TIC connaissent une révolution importante. Chaque jour, des nouveautés sont enregistrées. Dans son intervention, M. Sahbi Ben Nablia, de l'Université du Québec, à Montréal, est explicite : «Depuis l'émergence des TIC, une technologie n'attend pas l'autre, à chaque fois qu'on aborde un aspect de la question, une nouvelle réalité émerge et impose une redéfinition des concepts. Après le concept de l'homme “post-numérique” qui communique à partir et à travers les TIC dans un environnement mobile, nous nous retrouvons face à une nouvelle génération qui a grandi avec Internet, appelée la génération «C», âgée de 12 à 24 ans.» Chose certaine, l'environnement de cette génération bouge. La génération «C» accède à son environnement familial, social et éducatif via les technologies. L'interactivité de ces jeunes leur permet de devenir créateurs et producteurs de contenus. Le paradigme et l'information changent. On peut parler de l'instantanéité de l'événement désormais, qui est fort différent du phénomène du direct.