(Suite de la page 1) Après sa venue au Kazakhstan, M. Bakiev a présenté sa démission réclamée avec insistance par le nouveau gouvernement intérimaire à la suite des manifestations ayant fait 84 morts il y a un peu plus d'une semaine et provoqué la chute du président. «En ces jours tragiques pour la population kirghize, je démissionne en conformité à la Constitution kirghize, compte tenu de ma responsabilité pour l'avenir de la population kirghize», a-t-il indiqué dans sa lettre manuscrite de démission lue par la chef du gouvernement provisoire, Rosa Otounbaïeva. A Bichkek, les autorités intérimaires ont également émis des mandats d'arrêt contre les frères du président démissionnaire, notamment Janich Bakiev qui était le chef de la garde présidentielle et est accusé d'avoir ordonné d'ouvrir le feu sur les manifestants. Des représentants du gouvernement provisoire ont en outre fait savoir qu'ils allaient demander au Kazakhstan d'extrader un des fils du président déchu, Mourat Bakiev, l'ancien Premier ministre, Daniar Oussenov, et l'ancien chef des services de sécurité, Mourat Soutalinov, qui se sont réfugiés dans ce pays. Renversé par des manifestants, M. Bakiev a aussi échoué à obtenir le soutien d'importants dirigeants, la Russie et les Etats-Unis, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce), l'ONU et l'UE ayant tous négocié pour obtenir son départ, selon la présidence kazakhe de l'Osce. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a immédiatement salué le départ de M. Bakiev, estimant qu'il s'agissait d'un «pas important vers le développement pacifique, stable et prospère du pays». De son côté, le Président russe Dmitri Medvedev, qui avait mis la pression sur M. Bakiev en indiquant plus tôt dans la semaine que le Kirghzistan était au bord d'une guerre civile, a mis en garde hier les nouveaux dirigeants. «J'aimerais beaucoup que les nouvelles autorités» kirghizes ne commettent pas les «erreurs» de leurs prédécesseurs, a déclaré M. Medvedev à des journalistes en marge d'une visite au Brésil, en allusion au népotisme et au «dépeçage des entreprises» au Kirghzistan, ancienne République soviétique. «On va voir. Les nouveaux dirigeants doivent encore se mettre d'accord entre eux, ce qui n'est pas toujours facile», a-t-il ajouté. Arrivé au pouvoir en mars 2005 lors d'une révolution, M. Bakiev a été rapidement lâché par certains de ses alliés qui l'accusaient de perpétuer les mauvaises habitudes de son prédécesseur en distribuant avantages économiques et postes à responsabilités aux membres de sa famille, dans un pays soumis à la pauvreté. Le gouvernement intérimaire du Kirghzistan a par ailleurs confirmé hier le maintien de la base américaine de Manas, essentielle pour les opérations militaires américaines en Afghanistan. L'accord passé avec le précédent régime sera prolongé d'un an et automatiquement par la suite si aucune partie ne s'y oppose.