La situation, au poste frontalier de Ras Jédir, a repris son cours normal. Le nombre de ressortissants libyens et africains a beaucoup baissé. A la sortie, c'est toujours le même spectacle ; des files de camions chargés de marchandises attendent leur tour pour passer. Phénomène qui est à l'origine de la hausse des prix de certains produits, comme l'eau minérale, les œufs et les boîtes de thon... A l'entrée, l'activité est moins dense. Les choses se déroulent normalement ; à l'exception d'une altercation qui a éclaté, à la fsin de la semaine écoulée, entre des insurgés en poste de travail. Il y a eu des tirs et l'incident s'est terminé par le décès d'un rebelle, malgré le secours apporté par les Tunisiens. Par ailleurs des véhicules tunisiens qui se livraient, auparavant, au commerce entre les deux pays ont réapparu, transportant du carburant, du thé vert et des articles électroménagers. "Nos frères libyens sont très reconnaissants. Ils nous ont bien accueillis et bien servis. A la douane, rien que le sourire, nous dit Kilani. Il y a également des Libyens qui reviennent en Tunisie, soit pour faire des commissions, soit pour consulter un médecin, et revenir dans la journée. Dans les villes du Sud, les voitures libyennes ne sont plus majoritaires comme pendant les mois de juillet et août. Mais plusieurs familles ont déjà élu domicile à Ben Guerdane et Zarzis et inscrit leurs enfants dans les écoles tunisiennes. D'autres, plus aisées ont acheté des maisons à Djerba. Un membre actif de l'Organisation mondiale de l'immigration (OMI) qui veut garder l'anonymat, nous apprend que des problèmes concernant le transfert des réfugiés se posent encore. "Comme vous le savez, l'OMI est là pour accueillir les ressortissants, les installer dans le camp d'El-Hayet et faciliter leur rapatriement vers leurs pays d'origine dans les plus brefs délais. Alors que les réfugiés placés dans le camp de Choucha et qui attendent qu'on leur trouve des lieux d'exil sont pris en charge par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés ( Unhcr )». La semaine écoulée, il a fallu l'intervention du consul du Mali auprès des autorités tunisiennes pour resoudre le problème de 60 de ses compatriotes. A présent, il y a 44 autres Africains, de différentes nationalités, qui sont campés dans le no man's land, qui se trouve entre les deux territoires. Pour les Libyens, ces ressortissants ont déjà quitté la Libye, puisqu'ils ont effectué les formalités de sortie. Pour des mesures de précaution, les Tunisiens ne peuvent les accepter, sans passeport ni autre papier ; un véritable casse-tête, "nous dit-il, avant de poursuivre ; "les organisations humanitaires mondiales se font de plus en plus rares à Ras Jédir. La mission de l'OMI tire aussi à sa fin. Le départ est prévu dans un mois, je crois".