La première réunion du groupe de travail (Task Force) UE/Tunisie, qui s'est tenue à Tunis, les 28 et 29 septembre dernier, a été la première du genre qui a eu lieu dans la région du Sud de la Méditerranée depuis le début du printemps arabe. Le groupe de travail a accordé une place importante au soutien de la relance économique en Tunisie. Des actions concrètes viseront, en particulier, à contribuer à la récupération des avoirs gelés et à impulser les investissements directs ainsi que la création d'emplois. Un certain nombre d'accords relatifs à des aides de l'UE, s'inscrivant dans le cadre d'un programme d'un milliard d'euros associant plusieurs donateurs, ont été signés au cours et en marge de la réunion. L'accès au marché, la mobilité des personnes, l'éducation et la recherche, et le soutien à la société civile ont été au cœur des discussions, notamment en présence des représentants de la société civile. L'Union européenne s'est engagée à offrir une coopération accrue et de nouveaux partenariats dans ces domaines. Par ailleurs, le groupe de travail s'est assigné pour objectifs d'être à l'écoute des besoins de la population tunisienne, d'améliorer la coordination du soutien européen et international pour apporter une aide rapide et plus efficace, et de servir de catalyseur pour l'obtention des résultats concrets. Soutien de l'UE à la révolution tunisienne L'Union européenne a apporté son soutien à la Tunisie au lendemain de la révolution. Tous les instruments financiers de l'UE ont été rapidement mobilisés pour relever les nouveaux défis. Ce soutien s'est traduit par l'augmentation des fonds destinés à la coopération bilatérale pour la période 2011-2013. Les chiffres indicatifs sont passés de 240 millions d'euros à 400 millions d'euros (soit une augmentation de 160 millions d'euros ou plus de 60%). Pour l'année 2011, l'UE a doublé ses aides financières atteignant 160 millions d'euros. Ce fonds vise, en particulier, à soutenir le secteur des services en attribuant une aide de l'ordre de 20 millions d'euros pour renforcer la compétitivité dans la santé, les TIC, les transports et les services logistiques et professionnels. Mieux encore, une aide de 20 millions d'euros a été mobilisée pour soutenir les régions défavorisées, permettant de réhabiliter une centaine de quartiers, de développer l'accès aux services de micro-finance pour environ 40.000 personnes et d'appuyer l'insertion des jeunes chômeurs non diplômés. L'engagement de l'UE en faveur de la transition démocratique de la Tunisie sera renforcé dans les mois à venir. En effet, la prochaine étape sera marquée par la reprise des négociations visant à établir un partenariat privilégié entre l'UE et la Tunisie grâce à l'adoption d'un «statut avancé», à faciliter la libéralisation agricole et à conclure un accord de libre-échange approfondi et complet dans les jours à venir. En ce qui concerne les activités de coopération pour 2012, une mission de programmation sera mobilisée auprès du groupe de travail pour dresser le bilan de la coopération en cours et fixer des objectifs et des paramètres pour les deux programmes prévus en matière de financement en 2012 qui sont consacrés à l'emploi (environ 600 millions d'euros). Elle déterminera également comment exploiter au mieux les fonds supplémentaires qui doivent être mis à la disposition de la Tunisie dans le cadre du programme Spring. Mise en œuvre d'un plan d'action La Tunisie est appelée à jouer un rôle stratégique majeur dans le voisinage de l'Europe. Les représentants de l'Union européenne et de la Tunisie ont entamé, hier 30 septembre, les négociations visant à mettre en place un partenariat privilégié dans tous les domaines d'intérêt mutuel qui réponde aux besoins de la Tunisie et corresponde aux nouvelles ambitions des deux partenaires. L'ambition partagée de l'Union européenne et de la Tunisie est d'établir ce partenariat à travers la mise en œuvre d'un plan d'action qui marque un véritable saut qualitatif dans les relations entre les deux parties. Il visera, entre autres, l'intégration progressive au sein du marché intérieur de l'UE, à travers notamment un processus de rapprochement législatif et réglementaire dans l'esprit de l'initiative 2020. La réunion de la Task Force s'est focalisée sur l'investissement et la croissance en vue de promouvoir l'employabilité et réduire le chômage et les disparités régionales. Du fait du ralentissement économique, les besoins de financements extérieurs de la Tunisie ont augmenté sensiblement. Conscients des besoins a court terme de la Tunisie, plusieurs bailleurs ont soutenu le programme de relance des autorités et ont mobilisé une enveloppe d'un milliard d'euros. Dans ce contexte, la commission européenne et les autorités tunisiennes ont signé un accord de financement pour l'attribution d'un don de 100 millions d'euros en soutien au plan de relance. Ce don est accompagné de prêts consentis par la Banque Mondiale, la Banque Africaine de développement et l'Agence française de développement. Un deuxième accord de financement d'un montant de 57 millions d'euros sous forme d'un don de l'UE a été signé, il soutient les réformes dans le secteur de l'eau, en l'occurrence la gestion de l'eau dans les zones agricoles. Stimuler l'investissement, la croissance et l'emploi En concrétisation de la stratégie tunisienne de développement économique et social 2012-2016, la Banque européenne d'investissement (BEI) a confirmé son engagement à accélérer la mise en œuvre du projet d'octroi de 130 millions d'euros en soutien au développement des petites et moyennes entreprises. Il est à signaler que la Tunisie et l'UE ont lancé un programme moyennant des investissements de l'ordre de 65 millions d'euros, visant le soutien de la formation professionnelle et la meilleure employabilité des diplômés. Pour favoriser la création d'emploi, la commission européenne a, de son côté, prévu pour 2012 la mobilisation d'un montant de 60 millions d'euros. Pour en améliorer l'accès au marché européen, la Tunisie et l'UE vont signer un protocole d'accord visant une intégration plus étroite des petites et moyennes entreprises tunisiennes (PME) au réseau européen des entreprises (EEN). La Tunisie nommera un ambassadeur pour la promotion des PME en Europe. La BEI, qui a déjà mobilisé plus de 470 millions d'euros cette année en Tunisie, compte multiplier ses financements, en faveur des PME. Elle espère atteindre 800 millions d'euros pour la Tunisie d'ici la fin de l'année 2011. Ces interventions favoriseront la création de 20.000 emplois directs. La prochaine étape verra également l'examen, par la Banque européenne pour la construction et le développement (Berd), de la demande d'adhésion de la Tunisie. Ladite banque a déjà envoyé une mission en Tunisie en vue d'identifier des projets appropriés. Dans le même ordre d'idées, et pour accélérer les interventions de la Berd en Tunisie, essentiellement en faveur des PME et pour la préparation des projets d'infrastructure, la commission européenne a annoncé une contribution à hauteur de 20 millions d'euros aux fonds de coopération de la Berd. Autant dire que les négociations entre la Tunisie et l'UE ont permis aux deux partenaires d'identifier les défis et les besoins de la Tunisie en cette période de transition. Ils se sont accordés, en effet, pour poursuivre les négociations de libéralisation du commerce des produits agricoles, produits agricoles transformés et de la pêche et ont décidé par la même de lancer, à la fin de l'année en cours, d'autres négociations d'un accord sur l'acceptation et l'évaluation de la conformité des produits industriels dans les trois secteurs qui représentent une grande partie des exportations (industries mécaniques, électriques et matériaux de construction). Il va sans dire que cette réunion de la Task Force Tunisie-Union européenne a permis d'ouvrir de nouveaux horizons de partenariat et de coopération dans tous les domaines socioéconomiques, de coordonner plus efficacement le soutien de la communauté internationale et d'accélérer et mieux cibler celui de l'Union européenne, avec des mesures et des initiatives à court terme. Une réunion qui contribuera certes à renforcer très substantiellement et très concrètement le partenariat entre l'Union européenne et la Tunisie.