La campagne électorale de la liste de coalition «Union nationale» qui regroupe quatre partis, à savoir «El Watan», «l'Initiative», «la Réforme constitutionnelle» et «Al Mostaqbel», a été ouverte hier à Ezzahra dans le Centre de séjour, de formation et de loisirs relevant de l'Organisation des colonies de vacances en présence d'un nombre limité de militants jeunes, femmes et enfants. Après le chant collectif de l'hymne national, les différents représentants des partis de la liste de coalition ont prononcé des allocutions pour expliquer le programme des partis. Pour M. Mohamed Jegham, président du parti «El Watan», cette coalition a été rendue possible grâce à une vision qui se rapproche au niveau des programmes et des objectifs qui favorisent le centrisme et l'ouverture dans des conditions difficiles caractérisant la vie socioéconomique actuelle. Les quatre partis ne sont pas en coalition dans toutes les circonscriptions électorales et ce, compte tenu de la spécificité de chaque région. «L'Union a été possible avec des partis issus du bourguibisme et de l'Indépendance et donc d'un héritage excellent», lance-t-il fièrement. Les partis de la coalition espèrent être au niveau de la confiance des jeunes qui ont fait la révolution de la dignité le 14 janvier, demandant l'emploi, la justice sociale et la démocratie. L'orateur a rappelé que la conjoncture est difficile aujourd'hui, vu le nombre important de chômeurs en plus de plusieurs unités qui ont fermé leurs portes et «il faut expliquer la situation aussi bien des Tunisiens qui se trouvent au pays que ceux qui sont établis à l'étranger. J'aurais souhaité que cette coalition regroupe d'autres partis destouriens et non destouriens pour porter le nombre à 30 et 35 partis», indique M. Jegham. Cette liste de coalition tient absolument à être présente dans l'Assemblée constituante pour franchir un pas en attendant les élections législatives et présidentielle. Evoquant la question du financement, l'orateur a indiqué qu'il existe des partis très riches et d'autres qui n'ont pas beaucoup de moyens. «Quant à nous, dit-il, nous sommes au milieu mais nous avons besoin d'argent pour louer les sièges du parti et mener des activités. Pour réussir la campagne, mobiliser les militants, quitte à faire du porte-à porte». De son côté, M. Faouzi Elloumi (la Réforme constitutionnelle) a mis en exergue les acquis du parti destourien créé depuis 1920 qui se sont ajoutés aux acquis de la révolution du 14 janvier, laquelle a permis, par exemple, une plus grande liberté d'expression qui bascule parfois dans le chaos aussi bien à la télévision que dans les autres médias. L'orateur s'est dit contre l'exclusion de 70.000 personnes de la vie politique en justifiant cela par des prétextes futiles. «Certains partis, explique-t-il, ne veulent pas de la démocratie et d'autres qui avancent des promesses imaginaires comme la création de 550.000 postes d'emploi sur cinq années !». En plus, ce nombre ne va pas résoudre le problème de l'emploi puisque le nombre des chômeurs avoisine les 800.000 alors que chaque année, 80.000 nouveaux demandeurs d'emploi sont injectés sur le marché. «Ces partis parlent aussi d'une croissance de 14%, taux qu'il est impossible d'atteindre dans l'état actuel des choses». Pourtant, sans corruption, la Tunisie aurait pu atteindre 7% de croissance au lieu de 5%, selon l'orateur. Dr Sahbi El Basly (El Mostaqbel) a indiqué que la référence des partis de la coalition est la Constitution de 1959 qui a été «polluée» par les hommes politiques et surtout la gouvernance d'un seul homme. Tout en reconnaissant les erreurs du passé, il est nécessaire de rassurer le peuple que rien ne sera plus comme avant. «Nous avons acquis de l'expérience au cours de plusieurs années», estime l'orateur, ajoutant que «le dossier relatif à l'association de la religion à l'Etat a été fermé depuis 1959 dans la mesure où on a opté pour la modernité». Pour sa part, M. Salah Jouini, représentant le parti de «l'Initiative», s'est félicité du nouveau climat démocratique qui prévaut pour la campagne électorale, rappelant que le président du parti est soucieux de s'approcher davantage du peuple pour lui proposer des programmes crédibles et réalisables. «Le processus démocratique est irréversible, affirme-t-il. Nous connaissons les besoins urgents du peuple et nous encourageons la participation des jeunes dans des postes de commandement». Il a indiqué, en outre, que le référendum dérange certains partis car ils ne veulent pas que le peuple dise son mot au sujet de certaines questions.