Deux journées sans nourriture pour les patients hospitalisés à l'hôpital universitaire Hédi-Chaker à Sfax. Il a fallu l'intervention directe des autorités locales pour mettre fin à une grève entamée samedi et dimanche derniers par certains agents travaillant dans la cuisine dudit hôpital. Ces derniers revendiquent l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle puisqu'ils travaillent encore sous le régime de la " sous-traitance " : ce qui n'est plus de mise en Tunisie après la révolution du 14 janvier. Cependant, quels que soient les motifs de la grève, le résultat est que des patients déjà fragilisés par la maladie se trouvent " affamés ", dans une institution hospitalière qui accueille des malades de toutes les villes du Sud. Ces derniers, qui n'ont pas de familles proches à leurs côtés, ne peuvent pas se passer de la nourriture servie par l'hôpital. D'où un problème d'ordre moral : peut-on affamer des patients pour défendre des intérêts professionnels ? La préservation des intérêts des ouvriers et des agents temporaires est, certes, une responsabilité des pouvoirs publics, notamment dans un pays qui fait sa révolution pour la dignité. L'application stricte de la loi qui interdit les sociétés de " sous-traitance " doit être respectée de manière rigoureuse. Toutefois, il est inconcevable de jouer " toutes les cartes", notamment dans des situations délicates, pour imposer son point de vue ou pour exiger des revendications salariales. Les grévistes, qui ont entamé une grève ouverte, demandent la régularisation immédiate de leur situation" déplorable ". Ils ont été informés qu'ils seront mis au chômage technique pour quelques mois, le temps d'étudier une éventuelle intégration. Les grévistes qui ont été reçus, lundi, par le gouverneur de Sfax, devaient être reçus par le ministre de la Santé publique.