Le plus fort taux de neutralité a été réalisé par les quotidiens, mais le non-respect de l'équité vis-à-vis des activités des acteurs politiques est général. Le verdict du premier rapport du monitoring des médias est sans appel. Il faudra faire mieux en octobre pour respecter le jeu démocratique et rassurer les Tunisiens quant au bon déroulement du processus électoral. L'unité de contrôle des médias publics et privés relevant de l'Isie, créée au mois d'août dernier à l'effet de contrôler la couverture médiatique de la période d'avant et pendant la campagne électorale, vient donc de publier son premier rapport mensuel, consacré au mois de septembre 2011. Une première qui vient à pic pour remettre les pendules à l'heure, au moment où tous les acteurs de la vie politique se trouvent en période d'apprentissage de la démocratie et de ses règles de jeu. Selon le rapport, c'est l'équité vis-à-vis des acteurs politiques qui a manqué le plus dans tous les types de médias. Plus de 10% de la totalité de l'espace réservé par les journaux quotidiens aux acteurs politiques, ont été consacrés à 3 partis politiques (sur plus de 100), le PDP, Ennahdha et Ettakatol, et à une liste indépendante «Tariq Essalama»; et seulement 4% pour les femmes. Les radios n'ont pas fait mieux, puisque «l'égalité dans la répartition du temps de parole et du temps d'antenne n'a pas été respectée entre tous les acteurs politiques», constate le rapport. Les femmes n'ont eu droit qu'à 10% du temps de parole et de temps d'antenne. Le rapport précise également que les couvertures radiophoniques se sont concentrées essentiellement sur la capitale Tunis. Du côté des chaînes de télévision, le déséquilibre de la répartition des temps de parole et d'antenne et l'absence de la femme sont, également, signalés par le rapport qui précise que la chaîne nationale a favorisé le Front démocratique pour le travail et les libertés, que Nessma a accordé plus de temps au PDP et que Hannibal a privilégié Ennahdha. La nationale 2 est la seule chaîne de télévision à avoir respecté l'égalité des chances entre tous les acteurs politiques en termes de temps de parole et d'antenne. Le rapport note, par ailleurs, que le plus fort taux de neutralité a été réalisé par les quotidiens. Dans ce chapitre, c'est le journal Essahafa qui vient en tête avec un taux de 92%. La Presse se contente de 82%. Dans une comparaison plus ciblée entre les médias de la presse écrite, il en ressort qu'Echourouk a consacré la plus grande superficie à la couverture de l'activité politique en général, suivi de La Presse (environ167.000 cm2 contre 103.000 cm2). Par ailleurs, si la part belle est revenue à la publicité politique sur La Presse et Essabah, les articles informatifs, les compte-rendus et les brèves étaient plus nombreux sur Echourouk. En raison de la décision prise par l'Isie d'interdire la publicité politique dans les médias à partir du 12 septembre, le monitoring des médias a sondé et comparé le contenu des journaux sur deux périodes, du 1er au 11 septembre, puis du 12 au 30 septembre. Selon le rapport, au cours de la première période, la publicité politique vient en première position et occupe 40% de la matière publiée sous forme d'articles ou d'insertions publicitaires. Cette période est également marquée par la faible diversité des genres journalistiques, surtout les reportages, les enquêtes, les commentaires et les articles d'opinion. Après le 12 septembre, le changement est radical sauf pour Echourouk qui, selon le rapport, ne se conforme pas à l'interdiction de la publicité. Toutefois, dans l'ensemble, les articles d'information passent en première position (41%), suivis des reportages et enquêtes (21%).