• Net regain d'embellie dans l'appareil sécuritaire du pays, mais au prix de quels dégâts! Un policier poignardé à mort à Gabès. Un autre en passe de devenir un handicapé moteur. Un 3e encore dans un état comateux : les forces de sécurité intérieure ne comptent plus les dommages subis dernièrement non pas collatéralement ou hasardeusement, mais en plein exercice de leurs fonctions. Certes, les éternels insatisfaits parmi la population ne s'en fichent pas mal. Certes, d'autres se contenteraient de dire passivement que ce sont là les risques du métier. Mais, il est non moins certain que rares sont ceux qui trouvent en ces dommages un extraordinaire sens du sacrifice des agents et un surplus d'abnégation et de dévouement à leurs tâches pourtant si ingrates, parce que si pleines de dangers et de menaces de tous les jours. Réveil révolutionnaire Continuer donc d'ignorer le mérite de nos policiers ne peut s'apparenter qu'à de l'ingratitude pure et dure. Alors que des pays qui ont fait leur révolution ont mis une petite éternité pour rétablir paix et stabilité sur leurs territoires, la Tunisie peut s'enorgueillir d'avoir effacé rapidement les effets post-révolutionnaires. En témoignent : – Primo : la hausse sans cesse vertigineuse du nombre d'arrestations opérées dans les rangs des délinquants, des repris de justice, des contrebandiers et des trafiquants de drogue. D'ailleurs, pour des experts avertis en matière de sécurité, «réussir à mettre sous l'éteignoir quelque 35.000 malfaiteurs en l'espace de huit mois constitue un record que des pays occidentaux auront du mal à égaler, ou à pulvériser». C'est d'autant plus vrai que ce chiffre absolument flatteur ne tient pas compte des trois premiers mois de l'année marqués, comme on le sait, par une fuite sécuritaire à tous les niveaux, rendue inévitable par les fraîches retombées de la révolution. Tout cela, nonobstant également la purge opérée dans l'appareil de la police, l'émergence inédite de nouveaux procédés de crimes et l'effervescence syndicale qui avait enflammé l'appareil sécuritaire tout le long des mois de mai, juin et juillet. – Secundo : ce joli bilan est venu, sur un autre plan, sceller magistralement la réconciliation de l'agent de l'ordre et avec les citoyens et avec son métier. Ainsi, l'image de la peur et de la haine populaires qu'entretenaient nos policiers avant le 14 janvier a, désormais, disparu. Au point qu'un policier, version révolution, ne repugne plus à la tâche. Bien aux contraire, il prend même des risques, fait preuve de davantage d'audace, quitte à «mourir» ou du moins à jouer les prolongations pour réussir une opération chausse à l'homme! Et ce n'est pas un hasard si des centaines de citoyens ont assisté, avant-hier, à Gabès, aux obsèques du policier Anis Adouni (31 ans, marié et père d'un bébé de deux ans) lâchement poignardé par un criminel lors de l'exercice de ses fonctions. Demain, peut-être, d'autres victimes seraient déplorées dans les rangs de nos agents de l'ordre, pour que prévalent la conscience professionnelle, le sens du sacrifice, la sécurité des habitants et l'amour du pays… et de la révolution. A méditer… par les temps qui courent!