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Maître Aliboron et la scientologie
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 11 - 2011


Par Samir CARRAY
Maître Aliboron des fables de La Fontaine a suscité quelques commentaires dans votre journal, il y a quelques semaines de cela. Comme le précise M. Rafik Ben Hassine, ce nom a été inspiré d'El Biruni, qui a été, comme chacun sait, un grand savant arabe. Et certains semblent s'en étonner. Comment se fait-il qu'El Biruni ait pu inspirer le nom d'un âne ?
Je voudrais d'abord préciser que contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes tunisiennes ou étrangères, que les Tunisiens ne sont pas des Arabes. Pour ceux qui ne le sauraient pas, nos ancêtres sont des Numides, qui sont les premiers habitants de la Tunisie. Nous sommes donc Berbères, et le fait que les Arabes, tout comme les Romains, les Phéniciens ou les Byzantins, sont venus, à un moment donné de l'histoire, apporter leur culture chez nous, ne change rien. Les familles d'origine arabe ou autres ont eu le temps au cours des siècles de se mélanger à des familles d'origines différentes.
Cela dit, en quoi cela peut-il nous intéresser, nous Tunisiens, de savoir qu'El Biruni a été de son temps moins brillant que d'autres savants d'origine occidentale ? En rien, bien sûr. C'est hors sujet et de surcroît faux.
En effet, il est simple de vérifier qu'El Biruni a trouvé sa place dans le grand panthéon de la science. Il suffit d'ouvrir un livre d'histoire ou une encyclopédie pour s'apercevoir que ce savant était certainement, en son temps, plus intelligent qu'un grand nombre d'entre nous. Mais alors, comment se fait-il que son nom ait été utilisé pour former le nom d'un âne ? La réponse est également simple. On peut le voir à partir d'un exemple. Prenons le mot galactique. Ce mot vient de galaxie et signifie qui a rapport à une galaxie. Prenons maintenant le mot galactagogue qui lui ressemble beaucoup. Il signifie qui favorise la sécrétion du lait. Ces deux mots sont apparentés, et pourtant il n'y a aucun rapport entre le lait et une galaxie. C'est ce qu'on appelle les idiomes de la langue.
Prenons un autre exemple. Logiquement, quelqu'un d'antisémite est quelqu'un qui serait raciste envers les Arabes et les Juifs, puisque ce sont tous les deux des peuples d'origine sémitique. Or il n'en est rien. L'antisémitisme est, par définition, un racisme dirigé contre les Juifs.
Il n'y a donc aucune logique dans une langue et le fait que ces deux noms soient différents entre eux était amplement suffisant pour éviter toute ambiguïté. On voit donc que rechercher une raison au fait que le nom Aliboron soit apparenté au nom d'El Biruni est non seulement un travail inutile, mais aussi une insulte envers tout le peuple tunisien dont on vient d'évoquer la proche parentée avec les Arabes.
Le devoir d'un intellectuel est de rechercher la vérité en poussant ses recherches jusqu'au bout, et non de faire ce type d'amalgames, pour tomber dans des conclusions manifestement fausses. Comme le précise Mme Marie Claire Azéma (*), c'est par antiphrase que le nom Aliboron a été attribué à l'âne de la fable, à partir du nom d'un savant. Ainsi, sans pour autant salir la mémoire du savant et son génie créateur, si par exemple, El Biruni était laid, ou simplement d'apparence bizarre, surtout par rapport à un Occidental, on peut comprendre que par un mécanisme propre à la langue française, son nom ait inspiré un autre nom, celui d'une créature ignare. Il n'y avait donc pas matière à polémique à ce sujet.
Je voudrais aussi répondre à M. Mohamed Salah Souissi, médecin vétérinaire, dont la lettre est étonnante, mais malheureusement sans aucun intérêt. Dans La Presse du 27 octobre, M. Souissi propose une religion universelle à toute l'humanité. Ainsi : «…je me permets, sans prétendre le revendiquer, ni surtout sans me prendre pour un prophète,…de proposer à l'humanité tout entière une religion qui ne vient pas du ciel, ni même de la terre, mais uniquement des entrailles de la vie et de toutes ses péripéties, une religion qui conforte les hommes et qui les rassemble…».
Je voudrais rappeler à M. Souissi qu'un prophète reçoit un message de Dieu, pour le transmettre ensuite aux hommes. Or si M. Souissi n'a pas reçu de révélation divine, il ne risque pas de devenir un prophète. Qu'il se rassure donc à ce sujet. Si maintenant M. Souissi souhaite propager une religion sans relation avec Dieu, cela a été déjà fait, par exemple l'église de scientologie. Et cela porte un nom : cela s'appelle une secte.
De plus, M. Souissi n'a pas défini le contenu de sa «religion universelle», qui a pour but, je cite : «de donner sa chance à chaque élément mort ou vivant de s'épanouir parmi les siens». Il ne l'a pas fait, sa proposition est donc vide. Bien entendu, ces intentions sont tout à fait louables, mais provenant d'un médecin vétérinaire, cette lettre est très surprenante.
Pour terminer, je voudrais émettre un vœu. Beaucoup d'auteurs cherchent à montrer le bien-fondé de leurs opinions, en maniant la langue française avec éloquence et érudition. C'est méritoire, mais à mon avis inutile. N'oublions pas qu'une langue n'est rien d'autre qu'un outil, surtout si cette langue n'est pas celle de l'ensemble des Tunisiens. Ces auteurs ont trop souvent tendance à réfléchir dans les ornières, de sorte que les lecteurs pressés, à commencer par moi, n'ont pas le temps de les lire. J'espère donc que ces articles deviendront un jour plus concis, plus clairs, et écrits en caractères plus gros, le journal ayant tendance à les rendre trop petits, faute de place. On y gagnerait en plaisir de lecture, La Presse en gagnera en économie de papier et, surtout, on serait beaucoup mieux informés.


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