«B'chira Art Center» est l'un de ces nouveaux projets culturels qui se veulent les berceaux de la pratique artistique contemporaine tunisienne. Une pratique balbutiante et qui manque terriblement (encore et toujours) de structures et de vraies assises. Car hormis les quelques espaces d'expositions et les rares événements qui lui sont dédiés, cette pratique, bien que voulant exister et s'épanouir, souffre encore de dénigrement voire d'occultation, sans parler des facteurs diffusion et distribution (primordiaux) qui restent les plus sclérosés... Donc, quand un nouveau espace consacre ses activités à l'art contemporain, on ne peut que s'y intéresser. Plus qu'un lieu d'exposition, ce centre d'une superficie de 2000 m2, situé à Sabelet Ben Ammar, sur la route de Sidi Thabet (à 20 minutes de Tunis), se veut une structure professionnelle où se développeraient les pratiques artistiques contemporaines. Une sorte de laboratoire permettant aux artistes et autres chercheurs de produire, d'exposer et de réfléchir autour de leur travail artistique. Autre souci de sa fondatrice, celui de permettre une meilleure visibilité du potentiel créatif tunisien (diffusion et distribution) à l'échelle aussi bien régionale qu'internationale. Ce centre présentera également, aux dires de la fondatrice, un cadre propice à des actions et autres projets éducatifs et pédagogiques de premier plan, afin d'initier les jeunes générations à l'art contemporain et d'élargir, d'une manière générale, le public de l'art. Pour ce faire, un programme de différentes activités, permanentes et occasionnelles, a été fixé, à l'instar des expositions d'art contemporain abritées par les 300 m2 de la galerie d'art et par sa mezzanine (cela laisse rêveur), ainsi que par les parcours verts situés à l'extérieur du bâtiment et ses différentes terrasses. Des ateliers d'initiation et de perfectionnement (céramique, dessin, peinture, vidéo et autres ateliers ludiques tels que le design floral, l'art culinaire...), des workshops sur des thématiques d'actualité conduites par des experts nationaux et internationaux, des rencontres et des débats avec les différents acteurs de la scène culturelle et scientifique, peuvent être accueillis par une salle de 180 m2. Une programmation de concerts de musique, de performances chorégraphiques, ainsi que des cycles de projections de courtsmétrages, de documentaires et bien d'autres activités a été également, prévue. Eclectique et innovateur «Ouverture(s)» est l'intitulé de la première exposition d'art contemporain de «B'chira Art Center» qui sera inaugurée aujourd'hui, vendredi 18 novembre. Une occasion de présenter des artistes tunisiens de la génération montante qui ont démontré, selon les organisateurs, au cours des dernières années, un potentiel très important qui n'attend que les moyens pour exploser. Une exposition qui se veut, à l'image de son titre, ouverte à de multiples «faires» artistiques contemporains. Le rôle essentiel d'un Centre d'art contemporain est de montrer ce qui ne se voit pas ou peu ailleurs. C'est une des raisons pour laquelle cette exposition fait la part belle à la vidéo, aux installations et à la photographie, lit-on dans le texte de présentation de l'événement. Une occasion aussi à travers ces rendez-vous artistiques, de créer de nouvelles ouvertures pour les artistes et, pourquoi pas, leur donner les moyens d'une visibilité internationale. Ainsi, à partir de ce soir, (pour commencer !) seront visibles les travaux de Fakhri El Ghezal, Moufida Fedhila, Noutayel Belkadhi, Héla Lamine, Wassim Ghozlani, Haythem Zakaria, Houda Ghorbel, Malek Gnaoui, Tarak Khalladi, Wadi Mhiri, Mohamed Hachicha et de Insaf Saâda. «Pour cette première exposition, nous n'avons pas voulu imposer un thème, comme cela se fait habituellement, mais donner aux artistes un espace approprié afin que chacun d'entre eux puisse présenter une partie de sa démarche en toute liberté. Nous savons tous que la liberté naît de la contrainte, mais il n'est pas dit que cette dernière vienne obligatoirement de l'extérieur. Nous avons voulu qu'elle émane des artistes eux-mêmes et qu'ils créent ainsi leurs propres espaces de liberté.», notent les organisateurs. L'exposition sera accompagnée par un cycle de projections de vidéos d'art «Résistances», issues des éditions Lowave qui se sont spécialisées dans la diffusion des vidéos d'art les plus innovatrices. L'initiateur - programmateur de ce cycle est Ismail Bahri. Il fait partie des artistes tunisiens résidant ente Paris et Tunis qui font beaucoup parler d'eux, mais qui n'ont presque pas de visibilité en Tunisie. Bahri compte déjà à son actif un parcours remarquable à l'échelle internationale et s'intéresse dans son œuvre au concept de Fragilité, à la grande force graphique et à l'élan poétique. Il ambitionne, à travers ce cycle, de faire connaître différentes expériences de créations vidéo à travers les travaux des Palestiniens Basma Al Sharif et Taysir Batnij, de Halida Boughriet (Algérie-France), de Zineb Sedira (Algérie) et d'autres encore. Une fin de journée sous le signe de l'art et qui se clôturera par la performance musicale du groupe de percussion africaine «Attika». La projection de «Résistance» se renouvellera le lendemain au même lieu et avec les mêmes artistes.