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Le Premier ministre sortant: quel bilan ?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 11 - 2011


Par Khaled EL MANOUBI *
Le journal des milieux d'affaires français Les échos a écrit que le peuple tunisien a asséné une «gifle historique» à l'élite autoproclamée et que le clivage réel n'est pas entre laïcs ou modernistes inspirés par les salons parisiens mais entre «une élite richissime et un peuple pauvre». Politiquement parlant, le même clivage s'exprime ainsi : d'une part les révolutionnaires démocrates partisans de la soumission de cette «élite» à rendre des comptes ; d'autre part les contre-révolutionnaires partisans du mépris du peuple et de la continuité. La Kasbah 1 a affaibli le gouvernement de Ghanouchi 1 et La Kasbah 2 a chassé le gouvernement de Ghannouchi 2 comprenant notamment Chebbi et Ibrahim et, surtout, a orienté la révolution vers l'élection d'une Constituante avec pleins pouvoirs. La contre-révolution a cherché, dès le 14 janvier, à réaliser son plan A et, à défaut, son plan B .Ces deux plans ont été menés presque de front jusqu'à la veille du 23 octobre par deux cent ou trois cent mille individus au maximum que nous pouvons désigner par le générique de RCDistes. Il faut préciser que le destour ( PSD) a été détruit par son propre président Bourguiba au plus tard lorsqu'il a ignoré le congrès de Monastir 1 de 1971 dans lequel il a été mis en minorité. Par la suite, le procédé de gouvernement est devenu d'abord sécuritaire sauf que le directeur de la sûreté, Ben Ali, recevait encore des instructions de chefs destouriens de second plan en matière de répression. Sous Ben Ali, le RCD n'est plus qu'un appareil et un appareil placé aux ordres de la «sûreté de l'Etat». Celle–ci a été considérablement renforcée quantitativement et qualitativement, notamment en matière de manipulation de l'opinion et de la scène «politique» en général .
Le plan A consiste à éviter d'en arriver à l'élection de la Constituante synonyme de l'avènement historique de la souveraineté populaire . A grands traits, ce plan comporte successivement l'histoire du pacte républicain ; celle d'un référendum portant sur une Constitution dont on occulte les rédacteurs à l'image de ceux dudit pacte ;et celle d'un référendum doublant l'élection de la Constituante et vidant celle-ci de sa substance.
Les deux plans s'adossent à l'entretien du désordre, notamment en matière de sécurité et d'entraves à la production (la majeure partie des destructions de biens publics et privés, des sit-in, des grèves menées notamment par les deux nouveaux syndicats destinés à concurrencer l'Ugtt); car l'Ugtt est un grand artisan de la révolution aux côtés de la jeunesse .
Celle-ci a mis notamment en œuvre les nouveaux médias sociaux pour mettre fin au secret d'Etat et à la raison d' un Etat confondu avec le prince ,au grand dam de la police politique.
Le plan B suppose que le peuple est idiot et consiste tout bonnement à accentuer cette idiotie par une opération systématique de brouillage de la scène électorale : agiter des problèmes issus de faux clivages; diffuser des rumeurs destinées à ancrer le sentiment d'insécurité et celui de l'aversion vis-à-vis de la révolution; création de 117 partis (dont il n'en restera plus qu'une dizaine au plus le 23 octobre) et présentation de dizaines de listes par circonscription aux élections de la Constituante. Il était devenu clair dès les premières semaines du gouvernement Essebsi que le plan A allait probablement capoter. Mais le plan B, autant que le plan A, suppose le pilotage indispensable des spécialistes de la «sûreté de l'Etat».
Essebsi déclare d'emblée que la «sûreté de l'Etat» n'existe plus alors que des personnalités comme Hammami ou Ben Sedrine n'ont cessé d'affirmer l'évidence : cette «sûreté» anti-sécurité du peuple continue de sévir comme elle l'a toujours fait .Bien plus tard, et à quelques semaines des élections, Essebsi fit un double aveu : le premier signifie que la question de la police politique est toujours posée et le second implique qu'Essebsi ne veut pas la résoudre. Essebsi n'est pas à une contradiction près : il a simplement voulu faire semblant de se démarquer de la police d'Etat et celle-ci le lui a bien rendu en organisant des sit-in plusieurs jours durant devant le ministère de l'Intérieur! Policiers miraculeusement transformés en syndicalistes contestataires servis à l'idiotie populaire .
Le plan B implique un délai d'au moins deux mois supplémentaires pour faire élire un nombre significatif de députés RCDistes, notamment dans les circonscriptions à faible population, Sidi Bouzid en tête, laquelle doit être ternie à tout prix pour mieux discréditer la révolution et revenir au statu quo ante. Le choix de ces circonscriptions est motivé par la nature de la loi électorale avec restes générateurs de sièges moyennant quelques milliers de voix seulement pour un siège. Essebsi donna ce délai au plan B en tergiversant sur deux articles sensibles du code électoral tout en proclamant jusqu'au bout l'attachement du gouvernement à la date du 24 juillet pour les élections. Il n'est pas du tout exclu qu'Essebsi ait cru à une Constituante dominée par les contre-révolutionnaires de la continuité comme le suggère sa volte-face de Washington : après avoir claironné qu'aucun membre de son gouvernement n'est candidat aux élections, il déclare en pleine campagne électorale qu'il n'entend plus prendre sa retraite politique. Autrement dit, il entend gouverner à côté d'une Constituante de la continuité ou tout au moins d'une assemblée émiettée à l'image du paysage des partis et des listes électorales. Essebsi savait qu'à côté de la pression des révolutionnaires de l'intérieur, les Occidentaux sans exception tiennent — pour leurs propres intérêts globaux — à l'élection d'une Constituante réellement représentative en Tunisie. Il aurait simplement pensé que le peuple allait être leurré de sorte qu'il s'en remette encore une fois à son élite autoproclamée. Dans sa conférence de presse à l'approche des élections, il a affirmé que la principale œuvre de son gouvernement consiste à réaliser les premières élections libres en Tunisie. Mais Caïd Essebsi a maté La Kasbah 3 qui exigea le nettoyage de la justice et de la police parce qu'une telle perspective est antinomique de chacun des plans A et B. Mais Essebsi également, et comme nous venons de le voir, n'avait vraiment pas le choix quant au déroulement et la nature transparente des élections .Mais Essebsi enfin, n'a pas été le chef du gouvernement de la révolution et de la démocratie mais plutôt le chef de l'opposition contre-révolutionnaire déguisé en démocrate dont la seule légitimité, par ailleurs, est celle de la rue révolutionnaire . A preuve, on parle aujourd'hui d'un Caïd Essebsi chef de l'opposition face à la majorité de la Constituante et à l'Ugtt : celle-ci n'a-t-elle pas pointé du doigt la destruction massive perpétrée par l'Etat selon le rapport propre à la commission de Ghannouchi-Essebsi, destruction massive qui discrédite totalement le prestige de l'Etat dont parle Essebsi, comme «continuité» à préserver d'abord et à tout prix ?
Au total, le bilan du Premier ministre Caïd Essebsi est ainsi nettement négatif : ses toutes récentes ambitions politiques constituent son troisième et grand aveu d'avoir fait fausse route.
Ambitions qui le mènent à chercher à être le fédérateur d'une «élite autoproclamée» clairement pourfendue par un peuple nettement plus intelligent que tous ses «zaims» réunis : Caïd Essebsi transformé en chef démocrate de l'opposition ne sera pas plus heureux qu'un opposant en charge du gouvernement, même s'il est doté d'un plan C.
K.E.M.
*(Ancien doyen et professeur émérite d'économie politique)


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