Par Nesrine BOUSSAADA La nouveauté qui a marqué la fin de l'année universitaire 2011 c'est l'entrée en vigueur et l'application du nouveau processus d'attribution des responsabilités pédagogiques et administratives selon des procédés électifs. Election des recteurs d'universités, des doyens des facultés, des directeurs d'instituts supérieurs, des directeurs de départements et des membres du conseil scientifique. Le processus électoral s'est déroulé sur trois étapes. D'abord et dans une première étape, les enseignants appartenant à chaque département se sont présentés aux urnes pour élire leur directeur de département. Ensuite, dans une deuxième étape, les enseignants appartenant à chaque département, y compris le directeur de département font élire deux enseignants d'entre eux pour être membres du conseil scientifique, représentatifs de département. A ce niveau, chaque département est représenté par son directeur et deux membres conseillers scientifiques. Enfin et dans une troisième étape, les directeurs départementaux et les membres conseillers représentatifs de chaque département se présentent de nouveau aux urnes pour élire, parmi eux, le doyen ou le directeur de l'institution universitaire. Ce système d'élection a nettement rompu avec l'ancienne méthode qui consistait à parachuter les dirigeants des institutions universitaires par nomination directe, étant le plus souvent servis par leur appartenance au parti politique prédominant à l'époque. Il a, également, poussé à l'amélioration du système de représentativité des enseignants au conseil scientifique en donnant davantage de poids audit conseil dans les décisions prises au niveau de la direction de l'institution universitaire. Cela a, certes, instauré un nouveau souffle de liberté et de démocratie et reste à démontrer, par les différentes parties concernées, leurs capacités à gérer cette démocratisation pour élire des responsables compétents, capables d'apporter «le plus» nécessaire au rayonnement de l'institution. Revenons aux élections qui se sont déroulées dans le respect des procédures ; un tableau bien gratifiant qu'on se doit de faire des éloges et de gratifier ce pas vers l'instauration d'une nouvelle culture démocratique dans nos institutions universitaires mais ... hélas, il faut le signaler dans certaines institutions universitaires, avec des méthodes des temps révolus. Le RCD est dissolu, néanmoins, ses méthodes d'action persistent dans l'esprit de beaucoup de gens, y compris le corps universitaire. C'est une culture qui a toujours, favorisé les magouilles électoralistes ainsi que le despotisme de l'idée unique. Egalement, le processus électoral n'a pas été approuvé à l'unanimité par le corps universitaire et des enseignants ont manifesté leur mécontentement suite aux élections. Des élections qui, dans certaines institutions ont fait émerger le choix de la minorité. En effet, le poids des départements à taille importante — ayant un nombre important d'enseignants — a égalisé celui des départements moins importants en termes de taille puisque tous représentés par un même nombre de voix électorales et ayant un même poids électoral ; chose qui n'a pas été applaudi par l'ensemble. Les efforts d'amélioration resteront à venir. Et l'année universitaire a, tout de même, démarré avec l'espoir de voir de nouvelles habitudes s'instaurer. Quoique ... Sitôt élues et installées, certaines instances directives ont montré sans ambigüité les premiers signes d'une direction des affaires soit des institutions universitaires ou des départements de manière volontariste, personnelle, individualiste, singulière et unilatérale. L'absence de transparence et de collégialité est, malheureusement, manifeste dans l'exercice des fonctions pédagogiques et administratives. N'est-il pas vrai que la démocratie impose un droit à l'information tant bafouée auparavant ? N'est-il pas vrai que les élus se doivent transparence envers leurs électeurs ? Ayant pris l'habitude d'entendre dire qu'il y a eu une réunion du conseil scientifique sans connaître l'ordre du jour, faisant seulement partie des attributions des membres du conseil. L'on se pose alors la question : peut-on transmettre la voix de quelqu'un sans connaître vraiment ses opinions sur le sujet ? La réponse semble évidente bien que ... Les réunions du conseil scientifique se font comme à leur habitude : la date est fixée un à deux jours à l'avance, les membres du conseil prennent connaissance de l'ordre du jour sur-le-champ et les décisions sont prises sur le tas ... et demain est un autre jour. Les procédures de travail demeurent les mêmes comme si tout semble affirmer le vieux dicton bien de chez nous : «On a changé l'âne mais la charrue reste la même». Cette formule semble inadéquate puisqu'elle ne respecte pas un des droits les plus élémentaires qui est le droit à l'information. Etre informé de ce qui se passe et pouvoir donner son avis sans forcément être accepté. Chaque enseignant a le droit de connaître, à l'avance, les points qui devront être discutés dans le cadre du conseil scientifique, d'émettre ses points de vue afin de les faire transmettre par son chef de département et ses deux membres conseillers ; ne sont-ils pas les représentants de sa voix ? Par ailleurs, le conseil lui doit transparence, chaque enseignant a le droit de consulter systématiquement le procès-verbal de chaque réunion ; voir dans quelle mesure les élus ont défendu les intérêts des électeurs, ont contribué au rayonnement scientifique de l'institution… Bref, ont respecté le programme sur lequel ils ont été élus. L'acquisition de cette information par chaque enseignant est importante dans la mesure où elle permet, d'une part, aux électeurs de fonder leurs décisions électorales futures sur des bases saines, relativement aux contributions de chacun et d'autre part de mettre les élus devant l'obligation de résultat et de tenue de promesse. Ainsi, on appelle à de nouvelles traditions et procédures de travail se mariant mieux avec l'ère de la démocratie et ses exigences. L'ordre du jour des réunions des conseils scientifiques doit être fixé suffisamment à l'avance pour que chaque département puisse se réunir pour en discuter, émettre ses opinions sur le sujet et en prendre compte dans le cadre de ladite réunion. Il faut bien le dire, il est révolu le temps des cartes blanches données aux élus.