Il ne se passe, pratiquement, pas une semaine sans qu'il y ait des perturbations dans le trafic, au poste de Ras Jédir. Tant que les deux pays limitrophes n'auront pas mis en place leurs deux gouvernements respectifs, la situation tout le long de la frontière qui les sépare, en mer et sur terre, ne sera pas stable et chaque jour apportera son lot de surprises. En effet, au début de cette semaine, trois voitures ont été arrêtées, deux contenant des produits prohibés (tabac et plomb provenant des cartouches utilisées) tandis que la troisième avait à son bord une personnalité pro-Gueddafi déguisée. Face à l'intervention des gendarmes et des douaniers tunisiens, les proches des contrebandiers ont riposté. Ils ont brûlé des pneus devant la délégation et la mairie et semé la panique au centre ville . Il a fallu l'intervention des nouveaux élus de la Constituante et des responsables régionaux de la sécurité pour rétablir l'ordre dans la ville, après qu'ils se sont entretenus, mardi soir. Mais, hier matin, au poste frontalier de Ras Jédir, des jeunes Libyens armés, exerçant sur place, ont accédé au territoire tunisien et facilité le passage aux véhicules tunisiens chargés de fruits et de légumes et d'autres transportant des boissons alcoolisées, sous l'oeil des douaniers incapables de faire quoi que ce soit. Un policier tunisien a voulu s'interposer. Il a été agressé et menacé par une arme à feu, selon un témoin oculaire. La pagaille a régné un bon moment sur les lieux et les forces de l'ordre tunisiennes ont réclamé des armes à feu elles aussi. L'armée tunisienne présente aux alentours n'est pas intervenue tout au long de la matinée. Ce n'est que l'après-midi, quand la situation a failli dégénérer avec des coups de feu tirés en l'air par les Libyens et des voitures saccagées, de part et d'autre, que les forces militaires sont entrées en jeu pour fermer le poste frontalier jusqu'à nouvel ordre.