La solution idéale qui peut sauver l'entreprise est incontestablement la productivité dont on a beaucoup parlé par le passé sans pouvoir la concrétiser réellement. Parler ou proposer un programme de productivité en cette conjoncture difficile peut paraître comme une utopie. La situation ne s'y prête pas vraiment au moment où une grande partie des travailleurs demandent la régularisation de leur situation en les titularisant alors que d'autres exigent des augmentations salariales et une révision des primes et des subventions. Presque personne parmi les travailleurs n'a suggéré de mettre en place un programme de productivité en vue d'augmenter la production en respectant les standards de qualité. Certains chefs d'entreprise n'osent pas parler de productivité de peur de déclencher une réaction hostile de la part des travailleurs qui exigent de travailler dans des conditions favorables et de bénéficier, bien sûr, de tous les avantages. Cependant, la pérennité de l'entreprise, l'amélioration de son positionnement sur le marché local et étranger, qu'on le veuille ou non, passent impérativement par la productivité. Or, paradoxalement, le chef d'entreprise doit avoir aujourd'hui un fonds de roulement important – alors que le chiffre d'affaires à l'export est négatif – pour pouvoir satisfaire les demandes du personnel. Même la possibilité de recourir à l'endettement auprès des banques est inexistante. Il n'est pas en mesure, bien entendu, de mettre en place son plan social ou de faire des modifications radicales au niveau des ressources humaines et de la gestion. Si cet investissement pour satisfaire les demandes de l'effectif était rentable à terme, le chef de l'entreprise l'aurait accepté volontiers. Mais, il se trouve souvent que cet investissement n'est pas suivi de productivité... Prise de conscience de toutes les parties Tout cela pour souligner que le programme de productivité ne peut pas être imposé, aujourd'hui en tout cas, par le chef d'entreprise ou aucune autre autorité. Seul un consensus à l'amiable entre ce dernier et les travailleurs peut aboutir à une application dudit programme avec prise de conscience de toutes les parties prenantes. C'est que la productivité ne peut pas se faire dans un climat social conflictuel et de tensions au sein du lieu du travail. Tout le monde doit travailler en symbiose pour atteindre les objectifs qualitatifs et quantitatifs fixés, dans le but de répondre aux attentes de la demande intérieure et extérieure. Il n'est pas normal, ni toléré qu'une entreprise rate des opportunités commerciales car elle n'est pas en mesure de fournir à temps les quantités suffisantes de produits commandés. Il n'est pas normal, non plus, de ne pas pouvoir présenter un rapport qualité/prix sur le marché international — et local — car la marge de manœuvre du producteur est limitée ou inexistante, ce qui fait perdre des occasions en or au profit d'autres concurrents. En fait, la productivité consiste tout simplement à redoubler d'efforts en vue de produire plus sans que le coût de la production ne soit trop élevé afin que le chef d'entreprise puisse disposer d'un terrain favorable pour agir au niveau du prix et pouvoir s'imposer sur le marché. D'où la nécessité de comprimer le coût de la production, y compris la composante qui concerne l'effectif. La démarche à adopter ne veut nullement dire qu'il faut empêcher tout investissement dans les ressources humaines – pour intégrer les travailleurs temporaires, recruter de nouvelles compétences, voire revoir le montant des salaires et des primes à la hausse – mais cela doit être suivi à terme de résultats positifs. En effet, les travailleurs doivent s'engager à atteindre les objectifs qualitatifs et quantitatifs fixés, quitte à faire – si la situation l'exige vraiment – des heures supplémentaires. C'est que des situations imprévues sont parfois vécues par l'entreprise qui est appelée à exploiter toutes les opportunités offertes. Ainsi, un acheteur – qui est prêt à payer le prix fort – peut venir à la dernière minute et exiger des quantités d'un produit donné à livrer dans un délai court. Une vraie aubaine à exploiter pour améliorer les recettes de l'entreprise et tout le personnel doit se mettre au travail pour atteindre l'objectif coûte que coûte. Evidemment, la productivité exige aussi une relation de confiance entre l'employeur et les employés. La transparence dans la gestion des ressources financières permet à tout l'effectif d'être au courant des bénéfices réalisés ou les pertes subies par l'entreprise. Un rapport détaillé sur l'état financier à chaque fin d'exercice est vivement souhaité et plusieurs entreprises publient ces états signés par un expert-comptable. Au cas où l'entreprise enregistrerait des gains, elle doit consacrer une partie pour récompenser ses travailleurs afin de les remercier de leur dévouement et les encourager à faire toujours plus et mieux. La confiance s'établit et se renforce au fil des ans entre tous les membres de l'entreprise et cela favorisera la productivité dont on a tant besoin de nos jours.