La Presse — L'idée de la trêve sociale commence à germer dans bien des têtes. L'objectif déclaré par ceux qui défendent cette proposition est de donner au pays la chance de souffler, et de reprendre son envol. Après des mois de protestations en tous genres, de sit-in pour un oui ou pour un non, des coupures de trafic routier pour un concours dont les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes des uns ou des autres ou encore des actes de pillage ou de violence sur fond de relents à caractère tribal et régionaliste. Aujourd'hui que les trois présidences se sont installées, à la suite des élections de l'Assemblée nationale constituante et du démarrage officiel de ses activités couronnées par l'adoption de la «petite Constitution» et l'élection du Dr Marzouki à la magistrature suprême, l'idée d'une trêve sociale qui serait le fruit d'un consensus national politico-social reprend de plus belle. Après l'Ugtt qui vient de revenir à de meilleurs sentiments à la suite de sa mini-crise née du rapport de la commission d'investigation sur la corruption et la malversation épinglant Abdessalem Jrad, secrétaire général de la Centrale syndicale, alors que d'autres «boss» ont échappé à la commission et à ses «vigiles bien éveillés» et après les appels à une accalmie sociale lancés par l'Utica afin que le pays puisse redémarrer, voilà que le nouveau président, le Dr Marzouki, suit le processus, s'aligne sur les préoccupations exprimées par les auteurs de l'initiative et se range du côté de ceux qui disent clairement : «Assez de protestations, de discussions interminables, de revendications exagérées et remettons-nous au travail pour pouvoir, justement, satisfaire les doléances qui sont exprimées de part et d'autre». Pour ce faire, une trêve sociale est indispensable. Le président de la République lui fixe un délai de six mois dans le but de «rétablir la stabilité et redynamiser l'économie nationale». Et le Dr Marzouki de révéler qu'un «programme de mesures urgentes sera annoncé très prochainement en vue de remédier aux situations difficiles de certaines catégories et régions». L'initiative présidentielle sera-t-elle retenue ? La question reste posée dans l'attente de la formation du nouveau gouvernement dont l'annonce de la composition est attendue d'un moment à l'autre après qu'Ettakatol et le CPR ont révélé à la presse les noms de leurs candidats ainsi que les départements ministériels qu'ils comptent gérer.