KHARTOUM (Reuters) — Le Chef de l'Etat sortant, Omar Hassan Al Bachir, a remporté la première élection présidentielle pluraliste organisée au Soudan depuis 24 ans, obtenant ainsi un nouveau mandat alors même qu'il est recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre. «Le candidat arrivé en tête est Omar Hassan Ahmed Al Bachir. Il a gagné", a déclaré hier le président de la commission électorale nationale, Abel Alier, en précisant qu'il avait obtenu 68% des voix. Al Bachir espérait qu'une victoire légitime dans les urnes lui permettrait de mieux faire fi du mandat d'arrêt lancé contre lui par la CPI, qui l'accuse d'avoir ordonné une campagne de meurtres, de tortures et de viols dans la région soudanaise du Darfour. Mais les élections ont été entachées d'accusations de fraude, venant entre autres du Mouvement de libération du peuple du Soudan (Splm, parti du Sud-Soudan). Lors de ce scrutin, qui s'est échelonné sur cinq jours ce mois-ci, les Soudanais étaient appelés à élire également les gouverneurs et les députés, ainsi que le président du Sud-Soudan, région qui jouit d'un statut d'autonomie par rapport au reste du pays. Salva Kiir a été président du Sud-Soudan à une majorité écrasante, puisqu'il a recueilli 92,99%, a dit par ailleurs Abel Alier. Kiir assumera également la fonction de premier vice-président du Soudan et formera un gouvernement de coalition nationale nord-sud. Le Sud-Soudan doit se prononcer dans huit mois par référendum sur la question de l'indépendance, et il y a de fortes chances qu'il accède au rang de nouvel Etat africain. Un accord de paix a été conclu en 2005 entre le Nord et le Sud, mettant fin à plus de vingt ans de guerre civile.