• Les festivités marquées par la présence des pays arabes, mais point d'européens Le 14 janvier 2011 a été un grand jour qui a tranché entre un passé douloureux et un avenir radieux, a affirmé le président de la République, Moncef Marzouki. A l'ouverture de la cérémonie organisée, hier, au palais des congrès à Tunis à l'occasion du premier anniversaire de la Révolution, M. Marzouki a souligné que «les prémices d'une renaissance sont apparues ce jour dans tous les domaines» après «des décennies perdues de l'histoire de la Tunisie sous un régime dictatorial et corrompu». Il a affirmé que l'Etat œuvrera à répondre aux revendications du peuple tunisien en ne laissant pas partir en vain les sacrifices des martyrs et blessés de la Révolution, en rendant hommage à l'Armée nationale «qui a défendu la Révolution», en réhabilitant les forces de sécurité, et en assurant justice et réconciliation. Le président de la République a indiqué que parmi les demandes populaires que l'Etat oeuvrera également à réaliser, la poursuite du processus démocratique, la reprise du travail, et l'arrêt des sit-in sauvages qui bloquent les routes et les lieux de travail, outre la mise en place d'institutions qui respectent la loi. Il a relevé, d'autre part, que l'Etat soutient la demande du peuple tunisien de concrétiser l'union des peuples du grand Maghreb Arabe à travers les cinq libertés à savoir «les libertés de circulation, de travail, de séjour, d'investissement et de participation aux élections municipales» et cela en tant que «prélude à l'Union des peuples arabes indépendants». M. Marzouki a souligné que «l'amour de la patrie ne signifie pas le chauvinisme» et que l'attachement aux valeurs et à l'identité arabo-islamique «ne signifie pas le repli sur soi et le rejet de tout ce qui vient de l'extérieur». Pour sa part, M. Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée nationale constituante, a souligné que cette année «qui a suivi la chute du dictateur» fut riche en réalisations et en sacrifices, avec la mise en place d'institutions légitimes et l'organisations d'élections «reconnues par le monde entier comme pluralistes, démocratiques et transparentes, en plus de l'adoption de la loi constitutive organisant les pouvoirs publics, l'élection du président de la République, la formation du nouveau gouvernement et l'adoption de la nouvelle loi de finances». M. Ben Jaâfar a rappelé que le régime déchu n'a pas uniquement institué la pauvreté, la précarité, le chômage et le monopole de la richesse nationale par une petite minorité, mais s'est employé à effacer les valeurs de dignité, de citoyenneté, de liberté, de justice, d'égalité et de solidarité pour les remplacer par «l'injustice,l'arrogance, l'opportunisme, le népotisme, et l'humiliation» et qui ont touché toutes les catégories du peuple. Priorité aux martyrs de la révolution Les défis de l'étape à venir sont énormes, dès lors que l'héritage de l'ancien régime est lourd, a indiqué M. Ben Jaâfar, relevant que certaines forces rétrogrades ne veulent pas du bien pour la révolution tunisienne. Au nom des représentants du peuple, M. Ben Jaâfar a réaffirmé l'engagement à défendre les objectifs de la révolution et à permettre à la Tunisie d'arriver à bon port. Sur un autre plan, le président de la Constituante a souligné que la Tunisie est déterminée à resserrer les liens avec les pays frères et amis, dans le cadre de l'intérêt commun, de la coopération fructueuse et du respect mutuel. De son côté, le chef du gouvernement M. Hamadi Jebali a indiqué que la journée du 14 janvier constitue une date-phare qui restera gravée dans la mémoire du peuple tunisien. Le peuple tunisien, a-t-il dit, doit être «fier de la révolution de liberté et de dignité, révolution qui a amorcé le printemps arabe». Au nom du «premier gouvernement élu», M. Jebali a rendu hommage à la mémoire des martyrs de la révolution et de la lutte contre la colonisation étrangère et contre le despotisme. Le gouvernement oeuvrera sérieusement, a-t-il dit, à réhabiliter les martyrs de la révolution, à accorder des réparations à leurs familles, à encadrer leurs enfants et à prendre soins des blessés de la révolution. Après avoir salué les efforts déployés par l'Armée nationale «qui a donné l'exemple du civisme et de la loyauté à la patrie», M. Jebali a rendu hommage à l'institution sécuritaire. Le gouvernement, a-t-il ajouté, attend du peuple tunisien qu'il poursuive le combat pour la réalisation de ses revendications et qu'il concrétise les slogans de la révolution dans le développement, l'emploi et la dignité. Il a appelé «les pays frères et amis» à soutenir la Tunisie afin qu'elle puisse relancer son économie et réaliser les aspirations du peuple. Des révolutions pour la justice et la liberté Par ailleurs, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a indiqué que «l'Algérie est optimiste quant à la réussite de la Tunisie à réaliser les objectifs de la révolution», se déclarant heureux des acquis déjà réalisés par la Tunisie. Le président algérien a saisi cette occasion pour rappeler les étroites relations unissant les peuples tunisien et algérien, se déclarant profondément confiant en la capacité de la Tunisie à relever tous les défis, à la faveur de l'attachement du peuple Tunisien au dialogue et aux principes de la démocratie et à la cohésion nationale. Pour l'émir de l'Etat du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, l'Orient et l'Occident doivent prendre conscience que ce qui se passe dans le Monde arabe ce ne sont pas des coups d'Etat militaires, mais il s'agit bel et bien de révolutions pour la justice et la liberté, rendant hommage, à ce propos, au peuple tunisien qui, a-t-il dit, constitue «un symbole du changement». Par ailleurs, il a souligné l'engagement du Qatar à contribuer au financement du fonds de soutien des familles des martyrs et des blessés de la révolution. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a salué la Révolution tunisienne qui, a-t-il dit, constitue une victoire pour la liberté, la dignité et la démocratie, se déclarant confiant en la capacité du peuple tunisien à aplanir toutes les difficultés et à transcender tous les obstacles, dans la mesure où il a réussi en moins d'une année à franchir des pas importants sur la voie de la transition démocratique. Il a, également, mis l'accent sur la volonté de la Mauritanie de renforcer ses relations de coopération avec la Tunisie et d'aller de l'avant sur la voie de la concrétisation des aspirations des peuples tunisien et mauritanien à l'édification du Grand Maghreb Arabe au service des intérêts de la nation arabe et islamique. Une nouvelle page en Tunisie et dans le Maghreb Le président du Conseil national de transition libyen, Mustapha Abdeljelil, a indiqué que le succès de la Révolution tunisienne a contribué à la réussite de la Révolution libyenne. «Le peuple libyen ne peut oublier le soutien apporté par les Tunisiens aux familles réfugiées en Tunisie au moment de la guerre en Libye», a soutenu M.Abdeljelil. La Tunisie et la Libye, a-t-il dit, aspirent à hisser les relations bilatérales afin qu'elles offrent une plate-forme pour toutes relations stratégiques avec les pays du voisinage, les amis européens ou les institutions et organisations internationales. Le président de la Chambre des députés marocain, Karim Ghalleb, a souligné, de son côté, les liens historiques et civilisationnels unissant les peuples marocain et tunisien. «La Révolution de la liberté et de la dignité a ouvert une nouvelle page en Tunisie et dans le Maghreb permettant de consacrer le pluralisme et de garantir les libertés», a indiqué M. Ghalleb. Pour sa part, le vice-Premier ministre turc, Bechir Atalay, a soutenu que l'instauration d'un régime démocratique est un travail de longue haleine. «La Turquie exprime un appui ferme aux revendications du peuple tunisien et aspire à hisser la coopération avec la Tunisie dans les différents domaines», a-t-il affirmé. Le ministre des Affaires étrangères palestinien, Riyad El Melki, a relevé que la Révolution tunisienne est une nouvelle page dans l'histoire de la nation arabe. La Révolution tunisienne, a-t-il dit, encourage les Palestiniens à persévérer dans la lutte pour recouvrer sa terre spoliée avec en premier lieu Al Qods occupée. Ont assisté à la cérémonie l'ex-président de la République, Foued Mebazaâ, des membres du gouvernement et de l'Assemblée constituante ainsi que des représentants des pays frères et amis et des missions diplomatiques accréditées en Tunisie. Des familles des martyrs de la révolution et des représentants de la société civile ont organisé une manifestation pacifique, hier après-midi à la place des droits de l'Homme située en face du palais des congrès à Tunis. Les manifestants ont dénoncé les lenteurs du gouvernement dans le traitement du dossier des martyrs et des blessés de la révolution. Ils ont appelé à ramener les symboles de l'ancien régime des pays du Golfe afin de les traduire devant la justice tunisienne.