Présentés au cours la la première journée scientifique organisée par le Conseil régional de l'ordre des pharmaciens de Tunis sur "Le pharmacien et les innovations dans les traitements anticancéreux", les nouveaux médicaments anticancéreux présents sur les marchés des pays européens et dont certains sont déjà commercialisés en Tunisie constituent, aujourd'hui, une source d'espoir pour les malades du cancer. Cette journée, qui a vu la participation de nombreux médecins spécialistes et pharmaciens, a eu pour objectifs d'informer les pharmaciens sur les avancées thérapeutiques dans le domaine de la thérapie anticancéreuse et de sensibiliser l'industrie pharmaceutique sur la nécessité de s'impliquer davantage dans le développement et la fabrication des anticancéreux, selon M. Brahim Ghabarou, président du Conseil. Alors que les anciens traitements administrés dans certains cas de cancers, par voie orale ou injectable, sont mal tolérés par les malades, à cause de leur caractère agressif (ces derniers attaquent, en effet, les cellules saines et malades ce qui provoque fièvre, vomissement, affaiblissement du système immunitaire, fatigue généralisée...), les nouveaux principes actifs créés et commercialisés au début des années 2000 sont issus de nombreuses recherches qui ont permis de mettre en évidence le mécanisme de la cancérogenèse et d'améliorer, par conséquent, l'action des principes actifs, sur les cellules tumorales. Ces derniers inhibent l'action de la protéine responsable de la prolifération des cellules malignes. Dans le cas de la leucémie myéloïde chronique, alors que l'ancien traitement basé sur l'administration d'interférons donne beaucoup d'effets secondaires et n'entraîne souvent que 20% de rémission du cancer, les nouveaux principes actifs agissent de manière sélective et ciblent les cellules malades qui présentent des anomalies chromosomiques. "On obtient une rémission de 50% du cancer qui peut aller jusqu'à 80%. Cela peut aller jusqu'à la disparition des anomalies des gènes", a relevé le Pr Mauricette Michallet, professeur d'hématologie et chef de service à l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon. En Tunisie, la part du budget de l'Etat consacré aux médicaments anti-cancéreux augmente d'année en année et est passée de 6,5 millions de dinars en 2000 à 123 millions de dinars en 2009, soit 14% du budget total réservé aux médicaments qui s'élève à 867 millions de dinars. "Nous avons en Tunisie un meilleur dépistage du cancer. Par conséquent, de plus en plus de personnes sont soignées, ce qui explique que la part du budget consacré aux médicaments est en constante augmentation", a souligné le Dr Mehdi Dridi, pharmacien spécialiste de l'armée à l'Hôpital militaire à Tunis et assistant hospitalo-universitaire en pharmacologie à la faculté de Pharmacie de Monastir. Un rôle de proximité Selon plusieurs médecins et pharmaciens présents, le rôle du pharmacien est primordial dans l'accompagnement des malades atteints du cancer. Ce dernier doit d'abord se tenir au courant des dernières avancées en matière de traitement anticancéreux. " Le pharmacien doit jouer un rôle de proximité. Il doit savoir amortir le choc de l'annonce, en expliquant au malade ce que va être l'effet du traitement, comment il va agir sur son organisme et comment il va permettre de rallonger sa durée de vie. Son rôle est également de surveiller, en discutant régulièrement avec lui pour savoir s'il prend comme il faut son traitement. Les rôles du médecin et du pharmacien sont, aujourd'hui, complémentaires", souligne le Pr Moufida Bouzouita, vice-présidente du Conseil. De son côté, le Dr Mehdi Dridi a relevé que le pharmacien doit obligatoirement prendre part aux commissions médicales afin de donner son avis sur les choix thérapeutiques. Par ailleurs, à l'hôpital, il a pour rôle de veiller aux conditions dans lesquelles se prépare le traitement anticancéreux. "Dans les établissements hospitaliers, à l'exception de certains, l'infirmier prépare généralement le traitement de la chimiothérapie sans prendre aucune précaution. Le rôle du pharmacien ici est de veiller à ce que ce traitement soit préparé dans des conditions rigoureuses conformes aux normes".