Face au Gabon, le onze national doit jouer juste et sans complexes. Tactiquement, l'équipe de Tunisie a mis tous ses œufs dans le même panier, celui du 4-2-3-1, qui a permis de remporter le Chan. La façon même dont la liste des 23 a été constituée, en doublant tous les postes et en triplant celui de gardien, prouve que le sélectionneur national Sami Trabelsi n'entend pas déroger à sa ligne et compte bien rester dans le schéma qui convient parfaitement à son équipe lorsqu'elle est au complet. Il n'a donc effectué dans son équipe de départ que des changements poste par poste, demeurant ainsi dans une certaine cohérence personnelle. Ce qui (profitons-en pour aborder une question qui a fait couler beaucoup d'encre depuis le coup d'envoi de la CAN après sa mauvaise prestation face au Niger) n'aurait pas été le cas s'il avait opté pour le 4-4-3, paraît-il, réclamé par certains joueurs. Entre le Chan et la CAN, le travail tactique de Sami Trabelsi avait essentiellement consisté à mettre en place une alternative à ce système, utilisé par la plupart des équipes participant à cette CAN, pour des raisons très logiques : jouant dans un groupe d'un niveau moyen, son équipe se trouvait nécessairement dans l'obligation de faire le jeu, au moins au premier tour. Jusqu'à présent, il ne l'a pas fait et l'on se demande s'il le fera dans cette CAN. Le problème, c'est que Sami Trabelsi n'explique pas ses choix de manière détaillée. Mais il serait en droit de souligner que son équipe, avec une carte de visite singulièrement plus remplie, ne pouvait s'attendre à ce que les adversaires lui offrent complaisamment les clés de sa surface de réparation. Face au Maroc et au Niger, le onze national a joué avec deux blocs défensifs et le troisième isolé devant et «survivant» par la grâce d'actions individuelles de M'sakni ou Dhaouadi. Ce n'est pas en renforçant son système défensif que l'équipe de Tunisie va marquer davantage. Et s'il y a d'autres coups tactiques à envisager, notamment en cas de difficulté, ce n'est certainement pas dans cette direction que cette équipe ira jusqu'au bout. Pour être franc, sans nier l'importance des choix tactiques, on doute que ce soit là le vrai problème rencontré face au Niger. Quand un joueur (Chikhaoui, Korbi, Abdennour ou Hagui) n'est pas en forme, ce serait trop facile de le changer de place pour le remettre à son niveau. Et si l'on a eu parfois l'impression, lors des deux rencontres, que le terrain était moins bien quadrillé, c'est plutôt parce que le rayon d'action de certains était plus réduit que d'ordinaire et que sans Chikhaoui, en forme, le jeu de l'équipe de Tunisie aura toujours du mal à s'ordonner. Et puisqu'il est question de Chikhaoui et même de Darragi, le sélectionneur était en droit de penser qu'il tenait enfin une alternative valable à l'éventuel changement de ce duo, Youssef M'sakni ou Saïhi sont capables de reprendre le costume du maestro, de le retailler à leurs propres mesures et de faire fonctionner l'orchestre dans des conditions très acceptables. Les Tunisiens ne sont jamais à l'aise face aux défenses renforcées avec leurs joueurs de grand gabarit. L'équipe de Tunisie est une mécanique de précision où tous les rouages s'emboîtent. Quand l'un d'entre eux se grippe, les autres se bloquent aussi. C'est le principe de la montre et celle de la Tunisie devrait être à l'heure gabonaise.