L'association a fait le tour des grandes enseignes et des détaillants et a comparé les prix des 18 articles les plus consommés par les ménages. C'est en remarquant que les organismes chargés de la défense du consommateur ne jouent pas convenablement leur rôle — à titre d'exemple, très peu d'enquêtes ont été réalisées pour comparer le rapport qualité/prix des produits afin d'aider le consommateur à mieux gérer son budget — que Zouhair Ben Jemaâ a pensé à créer l'Association «20 millions de consommateurs». S'inspirant du concept français «Consomag», cet hôtelier de formation qui a fait les Arts et métiers à Paris et a roulé sa bosse à travers le monde, travaillant dans les plus grandes chaînes hôtelières, avant de créer sa propre chaîne en Tunisie, a pris son bâton de pèlerin pour défendre l'intérêt des consommateurs. C'est avec une poignée d'intellectuels (médecins, fonctionnaires, avocats…) que l'association a été créée l'année dernière. Tous animés par la même idée WWqu'il faut défendre le consommateur contre les pratiques anticoncurrentielles, les membres de l'association se sont organisés pour établir leur stratégie et définir les objectifs de «20 millions de consommateurs », à savoir réaliser des tests et des enquêtes afin de fournir au consommateur des éléments d'information et de comparaison permettant de le guider dans son acte d'achat, élaborer de nouvelles normes de qualité, organiser des campagnes d'information et de sensibilisation et assurer une assistance juridique au consommateur et fournir au producteur des enquêtes et des études afin d'optimiser son activité. L'association a choisi les huiles d'olive extra-vierges pour démarrer sa première grande enquête. Les membres ont chargé des huissiers, notaires pour faire le tour des grandes enseignes et des détaillants, et relever un échantillon de toutes les huiles extra-vierges présentes sur le marché, afin de les soumettre à des analyses et vérifier si elles méritent cette appellation. «Il faut rester honnête par rapport au consommateur et ne pas chercher à le duper. Or, prenons le cas de certaines huiles extra-vierges. Elles portent la mention d'extra-vierge alors qu'aucune analyse n'a été pratiquée pour vérifier si elles répondent aux normes internationales. Il est très important de respecter les normes», explique M. Jemaâ. L'Association a, par ailleurs, procédé à une autre enquête dont elle publiera les résultats ce dimanche dans le magazine du journal La Presse. Cette dernière a choisi les 18 articles les plus consommés par les ménages (sucre, pâtes,...) et a fait le tour des grandes enseignes et des détaillants afin de choWisir des échantillons de ces produits et de faire une comparaison afin d'observer la différence entre les prix affichés. «Les résultats sont étonnants! Cette différence atteint jusqu'à 20% d'un endroit à un autre. Nous allons publier les résultats et informer les consommateurs», a, d'autre part, observé le président de l'Association 20 millions de consommateurs s'est également intéressée aux prix des fruits et légumes écoulés dans les marchés et les souks des régions. L'association, qui a ouvert trois cellules dans les régions de Sidi Bouzid, du Kef et de Gafsa, a suivi l'évolution des prix des légumes en amont et en aval, en comparant les prix avec lesquels les producteurs vendent leurs légumes au marché de gros et ceux affichés par les détaillants dans les marchés journaliers. «Prenons le cas du kilo de carottes. Nous avons suivi les agriculteurs dans la région de Sidi Bouzid. Le producteur agricole vend le kilo de carottes à 350 millimes le kilo. Il ne perçoit en fin de compte sur le kilo que 310 millimes car la taxe est prélevée. Nous nous sommes rendus dans les marchés et les souks pour voir à combien est écoulé dans la journée le même kilo de carottes. Le consommateur l'achète à 800 millimes le kilo chez le détaillant. La différence est remarquable. Il en est de même pour le kilo d'oignons qui est vendu par le producteur agricole au détaillant à 600 millimes le kilo et qui est, ensuite, écoulé sur le marché à un dinar le kilo. Les agriculteurs et les consommateurs sont lésés. La hausse des prix a lieu au niveau des intermédiaires. Suite à ces observations, nous allons présenter une requête au gouvernement et demander de créer un marché public afin d'organiser une vente directe du producteur consommateur». L'association a déjà prévu les prochaines enquêtes qu'elle réalisera. Le prochain secteur ciblé: les banques. Une étude sera effectuée sur les services proposés par les diverses banques présentes sur la place. «Nous allons faire une comparaison entre les différents coûts proposés par les établissements bancaires et relatifs aux frais de tenue de compte , aux agios, aux intérêts de retard....Il serait intéressant de connaître la différence entre les coûts pratiqués d'une banque à l'autre ». Suivront, enfin, des enquêtes sur les sociétés de leasing, les assurances et le secteur hôtelier.