• L'Inric émet des réserves, le syndicat de la TV met les points sur les i Evènement d'envergure à la télévision nationale qui a réussi, à la suite d'un harassant combat syndical, à arracher, d'abord, la reconnaissance du principe de son indépendance en tant que service public, et ensuite, la révision de la composition de son conseil d'administration, de manière à permettre la représentation au sein de ce même conseil des agents et des employés de la télévision, tous corps confondus. Ces deux décisions ont couronné la rencontre tenue, le 6 mars, par la commission centrale de conciliation au siège du ministère des Affaires sociales, en vue d'examiner le préavis de grève qui devait paralyser le jeudi 8 mars les activités de la TV, préavis lancé par le syndicat des agents et employés de la TV relevant de l'Ugtt. La rencontre de conciliation qui a débouché sur l'annulation de la grève du 8 mars a vu la participation de plusieurs responsables du secteur des médias et du bureau exécutif de l'Ugtt dont Ridha Kazdaghli, Monsieur médias et communication auprès de Hamadi Jebali, Adnène Khedher, PDG de la TV nationale, Sami Tahri, membre du bureau exécutif de l'Ugtt chargé de la communication, Noureddine Taboubi, membre du bureau exécutif de l'Ugtt chargé du règlement intérieur, Abdelhak Tarchouni, secrétaire général du syndicat de base du corps journalistique à la TV, etc. L'accord sanctionnant cette rencontre prévoit également la tenue, mercredi 28 mars, de la première réunion de négociations portant sur la révision de la composition du conseil d'administration de la TV. Seulement, l'Instance nationale de réforme de l'information et de la communication (Inric), présidée par Kamel Laâbidi, a un autre avis et elle vient de le faire savoir, à travers une déclaration dont une copie est parvenue au Journal La Presse. Dans cette déclaration, l'Inric commence par saluer la décision relative à la reconnaissance de l'indépendance de la Télévision tunisienne en «tant que service public neutre au service du citoyen» et se félicite «des efforts fournis en vue d'assainir le climat social et professionnel au sein de l'entreprise». Toutefois, l'Inric émet certaines réserves concernant la composition du conseil d'administration de la TV qu'elle trouve «non équilibrée puisqu'il revient aux pouvoirs publics de désigner la majorité des membres et donc de le dominer et d'interférer dans ses décisions, ce qui met en cause l'indépendance de l'entreprise et porte atteinte à la liberté de sa ligne éditoriale». L'Inric reproche, également, aux signataires de l'accord le fait de ne pas «l'avoir consultée et de ne pas avoir pris en considération les différentes expériences comparées auxquelles elle a consacré plusieurs symposiums de vulgarisation en vue de faire connaître aux professionnels du secteur audiovisuel les exigences et les standards internationaux en la matière». L'instance dirigée par Kamel Laâbidi s'étonne, d'autre part, de l'attitude de la commission supérieure de conciliation qui «a ignoré les décrets-lois 115 et 116 promulgués le 2 novembre 2011 ainsi que le rôle du comité supérieur indépendant de communication audiovisuelle devant être instauré dans les plus brefs délais». Les membres du syndicat de base des agents de la réalisation et du tournage TV ne sont pas restés insensibles aux réserves exprimées par l'Inric. Ils ont publié une mise au point «destinée à l'opinion publique pour démentir les allégations de l'Inric fondées sur une mauvaise compréhension de l'accord, ou une manière d'ignorer son contenu». Ainsi, «les pouvoirs publics sont représentés au sein du conseil d'administration de la TV nationale par 6 membres seulement dont un membre obligatoirement spécialisé dans l'audiovisuel parmi un ensemble de 17 membre», précise la mise au point du syndicat. Sur un autre plan, les journalistes et les travailleurs à la TV ont appelé samedi à mettre un terme au sit-in observé par certains courants devant le siège de la télévision et ont menacé «d'entrer en grève si ce climat de tension persiste et si le sit-in n'est pas levé». Il est à préciser que le président-directeur général de la TV a eu comme réponse en informant le procureur général et le gouvernement : «Le sit-in ne porte pas atteinte à l'intérêt général».