Après le 14 janvier 2011, le tissu associatif a connu l'émergence de nouvelles associations, dont certaines à caractère islamique, touchant à tous les domaines d'intervention. L'association «la rose de l'espoir» pour la protection des orphelins et des nécessiteux s'inscrit dans cette mouvance. Cette ONG à but non lucratif a choisi le secteur social et celui axé sur la protection financière, sociale, éducative et sanitaire des enfants orphelins, sans soutien familial mais aussi des familles vivant dans la précarité et en l'absence d'un père de famille. Samedi dernier, «la rose de l'espoir» a tenu sa première assemblée générale; une occasion de la présenter au grand public mais aussi pour donner une idée sur les actions qui ont été menées jusque-là et les objectifs futurs. Présidant l'ouverture des travaux de cette rencontre, M. Seïfeddine Chibani, président de l'association, a plaidé la cause sociale et humanitaire de ce terrain d'action. Pour lui, la protection des orphelins et des nécessiteux émane de la conviction en la valeur de l'être humain et de son droit à une vie digne. «Les orphelins constituent la population la plus en besoin d'être protégée. Pour un enfant, perdre ses parents le plonge dans une sphère dominée par le sentiment de frustration, de la marginalisation et du besoin; une chaîne qui conduit à la rancune envers la société et facilite la délinquance. Aussi, tâchons-nous de remédier à cette souffrance en apportant aux orphelins la possibilité d'être protégés matériellement mais aussi socialement et ce, grâce à la motivation de la société pour le parainage», explique M. Chibani. L'esprit fondateur de l'association ne conçoit la protection des orphelins que sous le volet du parainage à la manière islamique dite «kafala». Il s'agit, pour ladite association, de collecter des dons matériels sous formes de bourses régulières, permettant à des orphelins nécessiteux, âgés au maximum de 18 ans (pour les orphelins scolarisés) et de 15 ans (pour les non scolarisés), ainsi qu'à des veuves de bénéficier d'une rente régulière. Cette rente est fixée à 800dt par an pour chaque parrainé, à raison de 50dt par mois et de deux enveloppes de 100dt chacune, à l'occasion de l'Aïd el Fitr et de la rentrée scolaire. Notable contribution Le rapport moral, présenté par Mme Aouatef Ameur, secrétaire générale de l'association, dévoile des pas franchis dans ce sens. En effet, depuis juin 2011, l'association a permis à 23 orphelins de se réjouir des vêtements de l'Aïd. Une trentaine d'autres ont bénéficié de la fourniture scolaire à l'occasion de la rentrée. La fête de Aïd El Idha a été joyeuse pour 23 familles nécessiteuses. «Nous avons également réussi, au cours de cette année, à assurer la protection sanitaire pour bon nombre d'orphelins dont 26 ont bénéficié de lunettes de vue. Nous avons également fait l'acquisition d'une chaise roulante pour un orphelin porteur de handicap. Par ailleurs, continue Mme Ameur, nous avons distribué 400 pièces de vêtements utilisés, de couvertures et de tapis pour des familles démunies». Pour l'année à venir, des objectifs sont déjà fixés, à savoir augmenter le nombre des bénéficiaires de 70 actuellement à 200 en décembre 2012. Les efforts se conjugueront, en outre, pour hisser le nombre des bénéficiaires d'aides spécial rentrée scolaire et spécial Aïd El Fitr à 135 enfants. Prenant la parole, le Dr Salem Adeli, président de l'association « les imams des mosquées» a expliqué les vertus de la «kafala» dans la religion musulmane à partir du texte coranique mais aussi de la Sunna. Oui, mais... Certes, "la kafala" assure aux orphelins un soutien matériel et quelque peu moral. Les actions de «la rose de l'espoir» en témoignent nettement. Outre les aides financières, les membres de l'association veillent, à travers des visites de terrain, sur le suivi du parcours scolaire des bénéficiaires. Toutefois, ce système de parrainage semble étroitement lié à l'aspect matériel dans la mesure où il déleste l'orphelin de l'espoir de trouver une famille qui comble le déficit affectif dont il souffre. Les dons et les aides matérielles ne se substituent aucunement à la chaleur affective, humaine et inconditionnée dont a besoin un enfant. D'ailleurs, les psychologues et les pédopsychiatres sont unanimes sur la question: la «kafala», contrairement à l'adoption, est un contrat fragile entre le parrainé et le parrain car il repose sur le non attachement affectif du parraineur envers l'orphelin. Et pour preuve: le parrainage peut être rompu si la famille ne se conforme pas aux règles de l'association, si l'enfant quitte les bancs de l'école pour s'intégrer dans la vie active, ou encore si le paraineur décide de rompre ce contrat. Si la «kafala» intervient comme une alternative à l'adoption, — une adoption basée sur la franchise et la transparence et non sur le mensonge—, elle ne parvient toujours pas à être celle irréprochable.