La qualité des chaussures tunisiennes a connu au cours des dernières années un développement appréciable, d'une façon générale, mais cela ne justifie pas l'augmentation vertigineuse des prix. Les professionnels imputent ces prix exorbitants notamment à l'évolution du coût de la production qui englobe les prix des intrants importés, la main-d'œuvre... La situation dans le secteur se distingue, cependant, par une concurrence rude avec la présence de chaussures en provenance des pays asiatiques, vendues surtout dans le secteur informel, et des pays européens. Les chaussures italiennes et françaises sont très appréciées par les consommateurs vu leur qualité supérieure. Certains consommateurs aux revenus moyens ou limités, surtout parmi le gent féminin, se rabattent sur les chaussures usagées de marque, commercialisées à prix abordables. Les prix affichés tiennent compte, certes, du coût de fabrication, mais aussi de la loi de l'offre et de la demande. Les producteurs et les commerçants sont contraints parfois de diminuer la marge bénéficiaire pour vendre plus en rabaissant les prix. En effet, plus le commerce des chaussures est stagnant dans certaines zones commerciales plus les prix sont revus la baisse. Certains commerçants à Tunis persistent, cependant, à pratiquer les mêmes prix dans l'espoir de voir les choses bouger. D'autant plus qu'un évènement heureux a été enregistré en leur faveur au cours de ces derniers jours. Produits artisanaux plus sûrs Il s'est avéré, en effet, que des quantités de chaussons en provenance de Chine ont des impacts négatifs sur la santé et particulièrement sur la peau. Des consommateurs ont remarqué ce défaut dû à une mauvaise qualité de la matière utilisée à leurs dépens en portant ces chaussons. Cela confirme le fait que les produits achetés hors du circuit organisé ne sont pas sûrs, estiment en chœur les commerçants. Mais les prix affichés dans certaines boutiques à Tunis donnent vraiment le tournis et n'encouragent pas les consommateurs à mettre la main dans la poche. Ces derniers choisissent leurs chaussures après mûre réflexion en faisant le tour des boutiques. Après quelques mois, ils se rendent volontiers au cordonnier pour effectuer les réparations nécessaires. Les matières utilisées, la méthode de fabrication et la qualité du cuir comptent beaucoup dans le choix des chaussures fait par les connaisseurs. C'est au niveau des semelles que le problème est souvent posé. Une mauvaise qualité de la colle utilisée ne garantit pas la durabilité. Certains consommateurs préfèrent les chaussures cousues à la machine ou à la main. D'autres se tournent vers les produits artisanaux qui sont plus sûrs. Certains cordonniers ou techniciens dans de petites unités de fabrication acceptent sans problème, en effet, de produire des chaussures selon la demande des clients de plus en plus exigeants. Cette demande est surtout constatée quand il s'agit des grandes pointures indisponibles sur le marché. Pour ce qui est des chaussures importées, écoulées à 75 dinars, voire plus, la fabrication est semi-artisanale avec l'utilisation de matières de premier choix. Dans les boutiques de l'avenue de Paris et des rues environnantes, l'affluence des clients est plutôt timide, même si les chaussures proposées sont, d'une façon générale, de qualité irréprochable. Les soldes saisonniers qui concernent aussi bien les articles de prêt-à-porter que les chaussures ont stimulé un tant soit peu les ventes, dans la mesure où plusieurs consommateurs attendent cette période pour faire leurs emplettes. D'autres profitent de leurs voyages, à l'étranger pour se payer des chaussures répondant à leurs exigences. L'Italie, qui constitue l'un des pays les plus en vogue dans ce domaine, compte de nombreux producteurs qui ont acquis une expérience de père en fils, ce qui a créé une tradition dans la fabrication des chaussures selon les normes les plus modernes. La qualité des matières premières, les méthodes de fabrication, les machines mobilisées et la mode sont ainsi prises en considération. Cela ne veut pas dire que les autres pays européens et même des unités installées en Tunisie n'ont pas suivi la nouvelle tendance en proposant des produits haut de gamme. A la rue Charles-de-Gaulle, principale artère commerciale, les clients ne se bousculent pas devant les boutiques. Certains d'entre eux sont pourtant prêts à payer le prix fort pour un produit durable et résistant aux intempéries. Un autre segment que les producteurs ne sont pas près de lâcher, à savoir celui des chaussures destinées aux enfants. Les parents sont souvent soucieux d'acheter des chaussures neuves à leurs enfants selon la mode, quitte à faire des sacrifices. Les commerçants tiennent compte de la tendance du marché et agissent en conséquence en proposant des chaussures pour enfants pleines de couleurs et de dessins reprenant parfois l'image des personnages de dessins animés vus à la télévision. L'objectif est de séduire les enfants avant les parents qui n'hésitent pas à sortir des billets de 20 dinars quand il s'agit de faire plaisir à leur progéniture. Les produits proposés dans le circuit parallèle ne laissent pas les passantes indifférentes, même si les marques proposées au design parfait sont inconnues. La qualité des matières utilisées n'est pas toujours classée en première position. D'autant plus qu'une paire de chaussures coûte en moyenne 10 dinars seulement. A la rue Jamel-Abdennaceur, un commerçant a trouvé un moyen assez original pour attirer les clients, invités à choisir en toute liberté les chaussures exposées sans l'intervention du commerçant. C'est que certains commerçants semblent dérangés quand le client leur demande d'essayer plus d'une paire de chaussures.