Une action imprégnée d'une profonde tendresse au service d'oncologie pédiatrique de l'Institut Salah-Azaïez «L'enfance est précieuse, la souffrance d'un enfant est toujours intolérable», souligne Mme Cyrine Ben Ali Mabrouk L'Association d'aide aux enfants hospitalisés «Salama» a organisé, hier à Tunis, un point de presse afin d'informer le public sur les principaux axes d'intervention choisis par l'équipe et à présenter le premier projet réalisé notamment dans le service d'oncologie pédiatrique de l'Institut Salah-Azaïez à Tunis. Cette rencontre a été suivie d'une visite audit service afin de constater de plus près son nouveau look. Mise en place en février 2009, l'association Salama focalise ses actions sur un volet bien précis à savoir celui de soutenir les enfants malades, hospitalisés dans les établissements de santé publics et d'atténuer leur peine. «Nous avons choisi d'axer notre travail sur l'enfance car celle-ci demeure notre plus grand souci», indique Mme Cyrine Ben Ali Mabrouk, présidente fondatrice de l'Association. Et de préciser que «l'enfance est précieuse et que la souffrance d'un enfant est toujours intolérable. Essayer d'apporter du bonheur et de l'évasion aux enfants malades, essayer de leur faire oublier, ne serait-ce qu'un instant la maladie et la douleur, est le but que nous nous sommes fixé en créant Salama». Pour réaliser cet objectif, l'équipe de l'association s'applique à l'amélioration des conditions de séjour des enfants à l'hôpital. La première intervention a concerné le service d'oncologie pédiatrique de l'Institut Salah-Azaïez. Grâce à la coordination avec l'administration de cet établissement de santé public, l'association Salama a cerné les besoins pressants dudit service pour tenter d'y répondre. «Au cours de notre première visite au service, nous avons décelé quelques imperfections au niveau des conditions de séjour qui ne sont pas adaptées aux besoins spécifiques des enfants malades. Nous avons, donc, essayé d'intervenir pour remédier à cette situation», renchérit Mme Cyrine Ben Ali Mabrouk. Aux couleurs de l'espoir Après le point de presse, direction l'Institut Salah Azaiez, lieu où le progrès médical fait un tenace bras de fer avec la maladie. Nous accédons au 2e étage, le cœur serré de devoir faire face aux regards tristes des enfants rongés par le cancer. Mme Cyrine Ben Ali Mabrouk, présidente fondatrice de l'association Salama se sent à l'aise dans un endroit auquel elle est parvenue, ainsi que toute l'équipe de l'association à y apporter une touche de gaieté voire d'espoir. La première fois qu'elle s'est déplacée au service d'oncologie de l'Institut Salah-Azaïez, elle a tout de suite repéré ce qu'il faut changer pour que les enfants, quoique souffrants, gardent tout de même le moral. Le lieu sent la peinture. «La teinte du blanc a été choisie par Mme Ben Ali Mabrouk, elle-même. C'est d'un blanc adouci», note Mme Aloulou, directrice administrative de l'association. Les murs sont garnis de petits tableaux, qui ne sont autres que des dessins faits, et souvent signés, par les enfants euxmêmes. En effet, les enfants séjournant dans ce service sont au nombre de dix. La maladie s'est emparée des ados comme des chérubins de prime enfance. Mais ils résistent, soutenus par leurs proches, par le cadre médical et par les membres bénévoles de Salama. Le cadre médical nous accueille, content d'une action qui émane à la fois d'un engagement conscient et pertinent pour la santé et le bien-être de nos enfants, mais aussi de la générosité affective dont fait preuve cette jeune équipe associative. «Nous sommes, en réalité un groupe de jeunes, unis par les valeurs de l'amitié, l'intérêt pour la vie associative et soucieux de la situation que vit l'enfant malade. Ce dernier souffre, en effet, d'une double peine : celle de la maladie et celle d'être retenu à l'hôpital. Si la mission du cadre médical consiste à combattre la maladie pour permettre aux enfants de vivre et d'être en bonne santé, la nôtre doit être concentrée sur l'aspect palliatif», indique M. Hassen Zarguouni, membre de l'association. Chaque chambre héberge deux patients. Mohamed Oueslati a 13 ans. Il est allongé sur l'un des fauteuils pliables, attribués par l'association. Cela fait deux semaines qu'il est à l'hôpital et déjà deux cures de chimiothérapie accomplies. «Heureusement que nous disposons, maintenant, d'un bloc sanitaire neuf et propre, où l'on peut faire sa toilette», indique-t-il, le sourire aux lèvres. Une sensibilité à fleur de peau Mme Ben Ali Mabrouk se déplace d'une pièce à une autre, prenant des nouvelles des patients et de leurs proches dont certains, non résidant à Tunis, les accompagnent durant plusieurs jours. Souriante, chaleureuse, elle réussit à sortir, par moments, les patients de leur état de tristesse. Au fond du couloir se trouve la nouvelle salle de loisirs, de cours et de jeux. Placée sous le signe des couleurs vivantes, suscitant la joie par les étagères colorées, contenant mille un contes, elle représente l'espace où‑– même dans un hôpital‑— gaieté et enfance ne font qu'un. Deux enfants dont l'âge n'excède pas les sept printemps, ont pris place sur le petit banc d'école. La nostalgie pour les moments heureux reprend et le retour à ce plaisir d'enfant ne tardera pas à venir. Les cours de soutien scolaire qui seront dispensés aux enfants, chacun suivant son niveau, ne tarderont pas à être entamés. Certes, l'inauguration de cet espace ne date que d'hier. Cela n'empêche que les enfants ont remarqué les changements positifs, apportés au service. «C'est très important pour les enfants malades et soumis à des traitements aussi lourds que la chimiothérapie, de trouver le confort dont ils ont besoin: les cours de soutien scolaire, le réaménagement du bloc sanitaire ainsi que la création d'un espace de loisirs et de jeux sont des réalisations utiles et agréables pour cette catégorie cible. Il faut noter que les enfants et les adolescents malades ont une sensibilité à fleur de peau, et de tels gestes les touchent beaucoup et influencent positivement leur état psychique», fait remarquer Mme Meddeb, médecin. Et pas uniquement sur la psychologie des enfants, mais aussi sur celle des membres de l'association Salama. «Le bonheur que j'éprouve en voyant sourire un enfant malade est inégalable. C'est une satisfaction personnelle qui dépasse toute expression», souligne Mme Ben Ali Mabrouk.