Par Jawhar CHATTY Investir et soutenir la Tunisie, c'est maintenant ou jamais ! Est-ce une mise en garde ou un cri de désespoir? Peut-on au moins se permettre ce caprice et même une certaine désinvolture de nous détourner des bailleurs de fonds internationaux et des investisseurs étrangers ? La question n'est pas aussi saugrenue que cela. Au tout début de son mandat, le gouvernement avait laissé entendre qu'il n'allait compter que sur les ressources propres du pays. Il avait à un moment cru que le problème ne résidait pas tant dans la disponibilité des ressources nationales que dans la manière de les gérer. D'un certain point de vue il n'a pas tout à fait tort. La transparence et la bonne gestion des deniers publics permettent certes de faire des économies mais elles le font sur la base des richesses nationales existantes et non potentielles ou qui restent à créer. D'ailleurs, le gouvernement a très vite corrigé le tir en se prévalant des promesses de dons et d'appui à l'investissement qui lui avaient été faites par certains riches pays du Golfe. Mais cette tentative de « rattrapage » d'une réalité dictée par la modestie des ressources nationales et surtout par un taux d'endettement extérieur de presque 46% PIB, a failli coûter très cher au pays dans la mesure où le gouvernement avait, dans la foulée des promesses arabes faites à la Tunisie, laissé entendre qu'il pouvait bien se passer des institutions financières et monétaires internationales, la Banque mondiale et le FMI en tête. Au-delà de sa forte symbolique, la visite en Tunisie effectuée au mois de février dernier par la directrice générale du FMI, n'a pas, de l'avis de nombre d'observateurs, été une réussite. Motif avancé, l'absence d'un canevas clair pour le financement des politiques et des projets de développement. Ce petit détour n'est pas fortuit. Il a une certaine vertu pédagogique. Sans doute, depuis le mois de février, le pays a gagné un peu en visibilité. Le gouvernement s'est depuis doté d'un programme de développement économique clair, du moins pour l'année 2012. Les institutions financières et monétaires internationales ont enfin leur canevas ! Reste l'essentiel. Investir et soutenir la Tunisie, c'est donc maintenant ou jamais ! Depuis quelques semaines, ce message revient comme une antienne dans les différents discours officieux et officiels du gouvernement. Ce message est même relayé par le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie. En prévision sans doute de la tenue mercredi prochain à Tunis du Forum international pour le financement des projets de développement. Le gouvernement présentera, à cette occasion, 100 mégaprojets pour un coût global de 14.268 millions de dollars à non moins de 300 participants dont, excusez du peu, 200 représentants d'institutions financières bilatérales, régionales et multinationales. Pour la Tunisie et pour son gouvernement, une si haute et une si forte représentativité et présence de ces institutions sont des signes de confiance. L'évènement est majeur et d'envergure. Il est au moins à la mesure des besoins en investissements lourds qui engagent l'avenir du pays. « Les bailleurs de fonds et les participants à cet événement professionnel bénéficieront de fiches techniques relatives aux projets en attente de financement, comportant toutes les données nécessaires en trois langues arabe, anglais et français », a indiqué le ministre de l'Investissement et de la Coopération internationale. Il faut espérer que, cette fois-ci, les bailleurs de fonds et les investisseurs étrangers auront ultérieurement un peu plus que des fiches techniques !