Dans le cadre du projet de restructuration de l'Institut national du patrimoine (INP), un observatoire national du patrimoine vient d'être créé, sous forme d'intranet dédié aux professionnels de conservation ses sites archéologiques. Ce projet innovant est en phase d'essai, et sa base de données sera alimentée au fur et à mesure. Plus précisément, il s'agit d'une plateforme contenant des fiches de tous les sites archéologiques tunisiens, classés par gouvernorat, et ils sont plus de 27 000. Tous les conservateurs locaux de sites ont accès à cette base de données. Ils peuvent l'enrichir avec des informations sur ces sites et créer ainsi une bibliographie. Leur rôle est surtout de signaler les infractions observées, qui peuvent être d'origines environnementales, climatiques ou humaines. Ces infractions sont saisies selon un modèle qui permet une description et même de poster des photos illustratives. Ensuite, les informations sont centralisées au niveau de l'INP. Après le tri, les fonctionnaires procèdent à l'aiguillage vers les autres administrations concernées par la nature de l'infraction. A titre d'exemple, le site archéologique de Mhamdia est utilisé comme dépôt de poubelle par les habitants environnants. Cette information est véhiculée à la municipalité pour prendre les mesures nécessaires. Ainsi, par le biais de cet observatoire, l'INP veille à la conservation des sites quel que soit leur emplacement sur la carte et peut agir plus rapidement et plus efficacement. Certes, le projet n'est qu'a ses débuts et il est encore fragile, mais il permet de contribuer à la résolution d'un sérieux problème, celui de l'absence d'information. Une équipe d'informaticiens, de chercheurs et de conservateurs se penchent sur le parachèvement du projet de l'observatoire national du patrimoine et son bon fonctionnement. Dans la suite de ce projet, une ligne verte sera bientôt mise à la disposition des citoyens pour participer à leur tour à la sauvegarde des sites archéologiques. Il serait bénéfique que l'observatoire leur soit accessible pour y enregistrer leurs observations et réclamations. Cela permettrait à ce projet professionnel de devenir collaboratif et interactif et d'impliquer le plus grand nombre de Tunisiens. Car, derrière l'idée de cet observatoire se cache l'amère réalité de la situation alarmante de notre patrimoine archéologique. La sensibilisation est dans ce sens un volet important qui devrait accompagner ce type de projet. Mais la responsabilité n'incombe pas à l'INP seul. Les médias, la société civile et les écoles ont un rôle à jouer, afin que la prise de conscience devienne un état d'esprit et une pratique.