A cinq kilomètres à vol d'oiseau de Mahdia, Bekalta, autrefois ville romaine et punique s'appelait Thapsus. En été, elle accueille des milliers d'estivants, heureux d'en tutoyer le bord de mer. Sauf qu'après une flânerie prolongée sur son site historique, vous quitterez les lieux, le moral aplati comme une crêpe. Critiques éclairantes et non méchantes. Premier constat : que dire de cette vaste mosaïque aux couleurs symbolisant les quatre saisons de l'année ? Hélas, cette très vieille fresque végète sous les poussières de l'oubli. Calibrée au premier coup d'œil, elle déclenche, vite fait, le dépit tant elle est négligée. Flotte sur ces lieux, un sentiment d'incompréhension. Autre déception : en ruines, pleurant de désolation, cet amphithéâtre s'ennuie, au fin fond de la disgrâce. Et dont on devine qu'il était majestueux. Bref, le gâchis qui étonne et qui désole. De quoi se plaquer les deux mains,dans un mouvement réflexe, en signe de regret. Décidément, Bekalta vexe Thapsus. Aussi, le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine aura-t-il la bonté de montrer de l'engagement allié à l'enthousiasme histoire de redonner une jeunesse rustique à cette structure antique. Aussitôt revalorisé, cet «amphi» pourrait accueillir moult manifestations ludiques et divertissantes. Il est bon de rappeler que dans un passé pas très lointain, fleurissait entre 1997 et 2001, le fanion du festival «Thapsus - Ras Dimas», aux couleurs méditerranéennes, ayant donné de la voie et de la joie. Dans la rubrique «souvenirs» A l'heure où la Tunisie consent bien des efforts pour avancer sous la double bannière du «toujours faire mieux, toujours faire plus», l'on continue de vouer à cet espace chargé d'Histoire, une indifférence pas forcément polie. C'est un peu fort. Le mot est faible. Troisième registre : ajouter qu'au niveau de la zone urbaine de «Chraf», en bord de mer, les municipaux ont cru bon de dresser un muret sur lequel percute, inlassable, le ballet permanent des vagues. Conséquences fâcheuses: un de ces quatre matins, cette palissade en pierre pourrait craquer. En guise de prévention, les édiles de Bekalta ont cru bon d'opposer au flux marin de grosses pierres jetées pêle-mêle au bord de l'eau. Conclure adieu à cette plage désormais classée dans la rubrique «souvenirs» où des ribambelles de scouts, logés à Sidi Baktari, s'amusaient autrefois à camper jour et nuit sur du sable fin, d'un blanc laiteux. Ça s'appelle, se mettre à dos nos écologistes. Ne reste plus qu'à évoquer le code d'aménagement du territoire et de l'urbanisme : le Catu en quatre lettres, sensé interdire, en application de la loi de novembre 1994, toute construction qui se situerait à moins de 25 mètres du DPM (domaine public et maritime). Préciser tout de même qu'un décret estampillé 2008 révise à la baisse cette distance. Soit dix mètres au lieu de vingt-cinq mètres pour la zone de «Chraf». Sauf que c'est bien là, le hic : sachant que «Ras Dimas- Chraf» se promet précisément un bel avenir, via un projet touristique sérieusement attendu, soit une corniche divertissante, qui encouragerait la promenade et dont on dit qu'elle se prolongera jusqu'à Mahdia. Au final, reconnaître que Bekalta est une ville souriante et propre. Riche de 25.000 âmes, 60.000 en été grâce au tourisme intérieur. «Ça vaut le détour», comme on dit dans le vocabulaire des excursionnistes.