• Tous les efforts de conception et de promotion des produits touristiques spécifiques de la région du Djérid risquent de buter contre une mauvaise desserte aérienne. A Tozeur, le dépaysement est garanti pour les touristes étrangers et tunisiens. En effet, la ville historique offre un cadre naturel culturel et architectural unique en Tunisie et dans tout le bassin méditerranéen. Il s'agit de l'une des oasis situées aux portes du Sahara. De ma fenêtre à la chambre de l'hôtel qui donne sur la palmeraie, le site de « Ras El Aïn », qui alimente 250 sources d'eau, je me suis demandé, tout bonnement, si l'un de nos concurrents avait un site pareil, unique en son genre, comment aurait-il valorisé ce potentiel ? Tout de suite, avec une grande amertume, j'ai poursuivi cette réflexion : avec moins de cela, ils ont fait des percées, voire des miracles ! D'ailleurs, la question est de savoir qu'est-ce qui manque au Djérid pour devenir une destination de choix. La réponse est simple : savoir valoriser les potentialités de la région de sorte à offrir au touriste qui compte passer une semaine une nouvelle découverte chaque jour. Toutefois, cette réponse exige l'implication de tous les professionnels du secteur, notamment ceux de la région pour formuler une stratégie de développement de l'offre touristique des villes du Sud-Ouest. De la zone touristique au centre-ville, les façades des bâtiments sur les côtés des grands boulevards sont décorées de briques d'argile qui ont gardé une couleur naturelle qui change de ton au fil des temps suite à l'absorption de l'humidité dans l'air. Selon l'un des habitants, ces briques transforment l'humidité en air frais pour apaiser la température des locaux en été. A l'extérieur, des motifs en relief décorent les murs. L'originalité de l'architecture de la ville saute aux yeux. Sur notre chemin, quelques monuments meublent les rotondes. Perpendiculaires aux grands boulevards, de petites ruelles en labyrinthe mènent à la vieille ville. Dans la ville, plusieurs investisseurs ont investi dans des maisons d'hôtes qui n'ouvrent leurs portes qu'à leurs clients. De quoi garder le mystère de ces unités touristiques alternatives. Jusqu'à ces nouveaux opérateurs, le passé religieux, les marabouts et le climat ont inspiré les générations de bâtisseurs de Tozeur et de tout le Djérid. En tournant à droite, après le passage d'un arc en briques, le paysage a subitement changé. Les bâtiments en couleur d'argile cèdent la place aux grands palmiers qui forment l'oasis de Tozeur. Et les ruisseaux d'eaux conçues par l'ingénieux Ibn Chabbat continuent à couler en douceur pour irriguer toutes les parcelles équitablement. A l'une des stations de passage d'eau, une petite statuette de ce savant rend hommage à son œuvre qui a donné la vie au Djérid. Toutefois, ni la taille de la statuette, ni les indications, ni l'animation du site ne mettent à sa vraie valeur le grand homme et son dispositif innovant qui continue à étonner les chercheurs. Pis, tout cela pourrait passer inaperçu. Plus loin, dans la palmeraie, l'un des jeunes promoteurs, M. Nabil a su intégrer dans un même espace le charme de l'oasis, les lignes architecturales du Djérid et la modernité des locaux, ainsi que la qualité des services. Il a aménagé un circuit dans la palmeraie qui indique aux visiteurs l'organisation des lieux. D'ailleurs, l'allée principale conduit à la cabane du métayer (Khammes). Des outils de jardinage et un lit sont rangés dans cet espace construit avec des palmes sèches. Résident permanent de l'oasis, le métayer contrôle les tours d'eaux jour et nuit. La culture à étages des oasis accentue la verdure. En effet, le jardinage sous les palmiers porte au niveau intermédiaire sur les arbres fruitiers, notamment les figuiers, les grenadiers et les bananiers. En bas, les cultures maraîchères varient selon la saison. Travaillant en zéro déchet, les habitants de la ville ont développé plusieurs produits de la vannerie, notamment les chapeaux, les paniers, les éventails... De même, les menuisiers transforment le bois des palmiers en outils et meubles originaux. Dans cet espace écologique, la fraîcheur de l'air, les parfums des arbres, les gazouillis des ruisseaux et les chants des oiseaux nous amènent à faire le vide dans nos têtes et évacuer tous nos stress. Mais, heureusement, la piqûre d'un moustique nous remet les pieds sur terre et nous rappelle les atrocités qui nous attendent de ses cousins dans nos quartiers. De retour à l'hôtel, les assiettes de la piquante «metabga» ont été vidées dans un temps record. Et chacun à son tour met l'accent sur l'aspect qui l'a attiré le plus lors de cette visite. Plusieurs atouts pourraient enrichir l'offre de la région pour se transformer en destination de dépaysement. Mais tout le monde ne veut pas se souvenir des cinq heures de retard à l'aéroport de Tunis qui a risqué gâcher tous les programmes. Ainsi, tous les efforts de conception et de promotion des produits de la région pourraient buter contre une mauvaise desserte aérienne.