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Naître ou ne pas naître ?
Reportage - Controverses autour de la politique de l'enfant unique
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 05 - 2010

La Chine est l'un des rares pays où le dogmatisme idéologique, d'une part, et le poids des traditions rurales, d'autre part, se sont traduits par un surplus important de population. Pendant 30 ans, de 1949 à 1979, la position officielle du Parti communiste chinois (PCC) était que le problème ne résidait pas dans le nombre de la population, mais dans la nature de l'organisation de la société. Les marxistes ont toujours détesté Malthus qui mettait en garde contre les dangers de la surpopulation pour la planète et pour l'humanité, et ont toujours considéré les malthusiens comme des réactionnaires et des suppôts d l'impérialisme…
Deng Xiaoping était un homme intelligent. Au moment où il lançait son programme ambitieux des «quatre modernisations», il ne pouvait pas ne pas se rendre compte qu'il n'y avait aucune garantie de succès si le programme de développement économique et social de la Chine n'était pas accompagné d'une politique efficace de planning familial.
Vers la fin des années 1970, la position du PCC vis-à-vis de la question du planning familial a radicalement changé. Elle se résumait comme suit : «Encourager les grossesses et mariages tardifs; avoir moins d'enfants mais en meilleure santé; limiter le nombre des naissances à un seul enfant par couple, la permission d'engendrer un deuxième pouvant être accordée dans des circonstances particulières; promouvoir la même politique dans les régions rurales...».
Cette nouvelle orientation n'allait pas tarder à devenir la politique officielle du pays. Le premier septembre 1980 fut adoptée la politique de l'enfant unique. Le non-respect de cette politique entraîne des sanctions financières et administratives pour le couple récalcitrant. Toutefois, des exceptions étaient prévues. Les minorités ethniques comme les Tibétains, les Ouigours et autres ont le droit d'avoir plus d'un enfant. Dans les régions rurales, compte tenu de l'importance du garçon dans la culture rurale chinoise (il aide le père au travail et prend en charge les parents pendant la vieillesse), si le premier enfant est une fille, le couple rural a droit à une autre tentative qui sera la dernière quel que soit le sexe du deuxième enfant. Dans les villes, quand l'homme et la femme mariés sont tous deux enfants uniques, le couple peut également avoir deux enfants. Il y a aussi le «cadeau» offert par la nature quand la femme met au monde deux jumeaux. A part ces exceptions, la règle est rigoureuse et les punitions sont assez sévères.
A Pékin, par exemple, le couple qui se permet un second enfant doit payer une amende qui s'élève de trois à dix fois le revenu annuel de la famille. Ceux qui travaillent dans les institutions gouvernementales et les compagnies publiques sont punis, en cas d'infraction, par leurs employeurs. Le couple n'a droit à aucun congé de maternité et tous les frais médicaux sont à sa charge. En plus, le couple se verra privé de toute promotion pendant trois ans, sans compter le gel du salaire pour au moins une année.
Chen Yaobang est journaliste. Il approuve entièrement la politique de l'enfant unique même si, dans son enfance, il a beaucoup souffert. «Le plus terrible pour l'enfant unique est le sentiment de solitude. Mes deux parents travaillent et, la plupart du temps, ils n'avaient d'autre choix que de m'enfermer à double tour dans l'appartement. La solitude et l'ennui sont les ennemis de la plupart des enfants uniques. Mais on n'a guère le choix. Il y a aujourd'hui plusieurs voix qui s'élèvent en Chine pour demander la révision de cette politique dans le sens de l'assouplissement, mais moi je suis contre, car cette politique nous a permis d'éviter 400 millions de naissances avec tous les bénéfices en matière d'élévation substantielle du niveau de vie et de réduction de la pression sur l'environnement et sur les ressources naturelles du pays, et en premier lieu l'eau. Sans cette politique, nous ne serions pas loin des deux milliards d'individus aujourd'hui…».
Yang Zhizhu, professeur de droit dans un Institut d'études politiques à Pékin, est d'un avis totalement différent. Non seulement il met en cause la politique de l'enfant unique, mais il a enfreint la règle en ayant un deuxième enfant. Depuis le 21 décembre 2009, date de la naissance de sa deuxième fille, Ruonan, Yang Zhizhu est devenu la coqueluche des médias chinois et étrangers.
Ce professeur de droit de 43 ans aurait pu rester anonyme en payant l'amende qui lui a été demandée. «Pourquoi devrais-je payer une amende pour avoir eu mon propre enfant ?», se demande-t-il dans une interview accordée au China Daily du 27 avril dernier. «C'est notre droit en tant que citoyens. On n'a pas besoin en Chine de planning familial, parce que le taux de natalité est déjà très bas dans les grandes villes comme Pékin et Shanghai, et la Chine est un pays vieillissant». Il précise que l'amende qui lui est demandée est «dix fois le prix du bébé vendu par les trafiquants d'enfants».
En effet, l'amende exigée du professeur Zhizhu est très élevée : 200.000 yuans, c'est-à-dire l'équivalent de 40.000 dinars environ. En refusant de payer cette forte amende, Yang Zhizhu ne pose pas le problème seulement au niveau du principe, «ne pas payer pour avoir enfanté», mais aussi en termes d'équilibre financier de la famille. Car, pour payer une telle amende, l'endettement auprès des banques est inévitable même pour un professeur universitaire. Toujours est-il que le professeur Zhizhu a été renvoyé de son travail et, depuis le 9 avril dernier, il est au chômage.
Que pense le journaliste Chen Yaobang du cas du professeur Zhizhu ? «Il a enfreint la loi relative à l'enfant unique. A mon avis, il aurait dû payer l'amende, même en s'endettant. Cela vaut mieux que de se retrouver au chômage. Mais je ne peux pas être d'accord avec lui sur la remise en cause de la politique de l'enfant unique, car nous sommes déjà 1,2 ou 1,3 milliard d'habitants. Et une telle masse humaine est une charge trop lourde pour l'économie, pour les ressources naturelles, par définition limitées, et pour l'environnement».
Le mérite de ce qui est désormais connu en Chine comme «l'affaire» Zhizhou est qu'elle a permis d'élargir le débat sur la politique de l'enfant unique. Une question trop controversée si l'on en juge par les débats qui font rage dans la presse et parmi les internautes chinois. Un site chinois célèbre (www.qq.com) a procédé récemment à un sondage d'opinions auprès de 75.331 personnes pour savoir le degré de soutien ou d'opposition à l'infraction commise par le professeur Zhizhou à la règle de l'enfant unique. Le résultat est plus que révélateur : 91% soutiennent le droit du professeur de droit à avoir un second enfant…
C'est un fait que dans le débat intense qui se déroule en Chine sur la politique de l'enfant unique, aussi bien les défenseurs que les détracteurs de cette politique ont des arguments parfaitement valables. S'il est vrai que cette politique a permis à la Chine de relever substantiellement le niveau de vie de ses citoyens et de limiter à un niveau supportable la pression sur l'environnement et sur les ressources naturelles, il est tout aussi vrai que cette politique a eu des effet pervers dont le vieillissement de la population et la rupture de l'équilibre naturel mâle-femelle ne sont pas les moindres. D'après le British Medical Journal, la Chine compte un excédent de 32 millions de garçons, et en 2005, il naissait 120 garçons pour 100 filles.
Naître ou ne pas naître ? C'est la question la plus difficile que le gouvernement chinois a à résoudre, car bien malin est celui qui peut dire si les avantages de la politique de l'enfant unique l'emportent sur les inconvénients ou le contraire.


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