Une correspondance en date du 8 juin adressée par le président de l'Iaaf au ministre de la Jeunesse et des Sports tire la sonnette d'alarme sur une situation qui peut empirer si des mesures drastiques ne sont pas prises. En effet, la dissolution du bureau exécutif de la Fédération tunisienne d'athlétisme par arrêté ministériel du 10 mai dernier et la désignation d'un bureau provisoire chargé de diriger la «Fédé» et d'organiser une «séance plénière», soit une assemblée générale élective destinée à élire un nouveau B.F., ont hérissé les cheveux de Lamine Diack et de l'instance suprême de l'athlétisme mondial. «Au cas où l'acte incriminé (la dissolution d'un exécutif et son remplacement par un autre, désigné, Ndlr) émanerait bien de votre département, il constituerait un motif de non-reconnaissance par l'Iaaf de la structure que vous auriez ainsi mise en place», écrit le patron de l'Iaaf à l'adresse du ministre tunisien des Sports. En d'autres termes, la Fédération internationale ne reconnaît pas d'ores et déjà une structure dite provisoire installée par la seule volonté des autorités politiques. A l'instar de ce qui se fait en football avec la Fifa de Joseph Blatter, ou en handball avec l'IHF de Hassen Mustapha, le temps des limogeages et des désignations unilatérales des bureaux fédéraux est bel et bien révolu, en athlétisme également. Car il faut rappeler que la Tunisie a eu maille à partir avec les fédérations internationales de football et de handball, dans un passé très récent. Elle arriva à flirter avec les fameuses lignes rouges, parvenant jusqu'au bord du précipice. Seuls un sursaut de lucidité et une certaine magnanimité ou forme d'indulgence avaient empêché de voir le foot et le hand tunisiens essuyer la colère des organismes internationaux. A présent, l'athlétisme joue gros. Et la lettre de l'Iaaf ne se dérobe guère derrière des précautions de façade : «Les dispositions statutaires qui régissent l'adhésion des fédérations nationales à l'Iaaf proscrivent le limogeage des officiels élus autrement qu'au gré d'élections libres et transparentes organisées dans le cadre d'une assemblée générale convoquée conformément aux dispositions des statuts de la fédération», peut-on y lire. Et cela peut se traduire par un avertissement clair et sans ambages : ou vous vous conformez à la règle de l'indépendance des structures fédérales devenue un principe sacré depuis quelques années, ou vous encourez des sanctions qui peuvent aller dans un premier temps jusqu'à l'interdiction opposée à vos athlètes de participer aux Jeux olympiques de Londres. Peut-être le pire sera décidé par la suite. Indépendance des structures «Au vu de la nécessité d'éviter que la présente situation ne finisse par nuire à la poursuite des activités de la FTA au sein de la famille mondiale de l'athlétisme, je vous serais reconnaissant de ce qu'il vous plairait de faire pour rapporter les mesures que vous avez prises à son encontre», écrit la fédération internationale. Laquelle tend ainsi la perche au ministère de tutelle. Des élections en bonne et due forme restent une urgence pour rassurer l'Iaaf. Cela ne doit pas traîner. Qu'untel ou untel l'emporte, cela reste secondaire au regard de l'intérêt de la discipline et de la crédibilité des instances dirigeantes du sport national. Habiba Ghribi et Hassanine Sebaï, deux jolis fleurons qui nourrissent de solides ambitions aux JO (surtout la première, qui représente avec Oussama Mellouli la plus grande chance de médaille pour la Tunisie), seront-ils écartés des JO pour une affaire aussi sordide qui doit être traitée sérieusement et radicalement par la tutelle.