La question est à poser d'emblée : peut-on maintenant parler d'un retour à la normale après la vague de violences qui a agité le pays ces derniers jours ? Certes, il est prématuré de crier victoire et d'admettre que «tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil». Certes aussi, des poches de résistance, faut-il le reconnaître, persistent encore, et des foyers de tension n'ont pas été entièrement torpillés. Cela veut dire, en termes de sécurité et d'espionnage, qu'il faudra encore compter, sinon à court terme, du moins à long terme, avec des bombes à retardement dont il est quasi erroné d'ignorer l'existence. Mais, il n'en demeure pas moins vrai qu'on assiste à un indiscutable regain d'embellie tout à fait vérifiable, au cours des dernières 48 heures. En témoignent : - Primo : la levée du couvre-feu qui, finalement, n'aura pas fait long feu. - Secundo : l'augmentation continue du nombre d'arrestations opérées dans les rangs des fauteurs de troubles dont quelque 350 ont été mis hors d'état de nuire. - Tertio : la présence de plus en plus imposante et musclée dans les artères principales des villes, des forces de sécurité intérieure et de l'Armée. Main de fer dans un gant de velours Ce sont là autant de signes qui ne trompent pas sur un retour progressif à la normale. Un homme, pour rendre à César ce qui appartient à César, est passé par là, en l'occurrence le ministre de l'Intérieur. Jusque-là cible de critiques (population et société civile confondues) qui reprochent à son département un excès de passivité et d'inefficacité, Ali Laâraïedh a, faut-il le dire, pris son mal en patience avant de passer récemment à l'offensive. Anti-«va-t-en guerre» par excellence, privilégiant le dialogue aux dépens de l'escalade, il a su, contre vents et marées, remettre de l'ordre dans la maison, et surtout redonner confiance et verve aussi bien aux forces de sécurité qu'à leurs patrons. Ceux-là mêmes qui vous diront, non sans fierté frisant l'admiration, que le nouveau locataire du ministère de l'Intérieur frappe par sa modestie, son ouverture et le travail colossal qu'il abat, allant jusqu'à passer...20 heures sur 24 dans son bureau. Là il s'efforce de s'enquérir, par...portable interposé, des conditions de travail des différentes unités de la police et de la garde nationale, où qu'elles se trouvent, félicitant les unes pour leurs coups de filet, et...remontant le moral des autres en cas de dégâts ! Farouchement décidé à relever les défis et à appliquer scrupuleusement la loi, M. Laâraïedh peut aussi voir rouge. Ne vient-il pas d'ordonner le passage à la vitesse supérieure dans la gestion des opérations de lutte contre toutes sortes de manifestations de violence, et cela en faisant montre d'une plus grande intransigeance dans ce combat, tout en réservant aux salafistes et aux menaces d'Al Qaïda, autres cibles potentielles, toute la vigilance qu'ils méritent.