On assiste actuellement au CA à la mise en place d'une politique durable visant à ne plus laisser s'échapper ses plus beaux fleurons tout en intégrant les jeunes pousses appelées irrémédiablement à prendre du galon. Si les petits clubs n'hésitent pas à lancer de nombreux jeunes dans le grand bain, le CA a lui, traditionnellement, plus misé sur une politique de vedettariat soit une stratégie à la pertinence plus que douteuse. Or, si, sportivement la réussite n'a pas toujours été au rendez-vous, financièrement cette option s'est avérée être un gouffre. Le retour «aux sources», lors de l'exercice 2010-2011, a sonné le glas d'un club dont les jeunes pousses (lancées dans le grand bain d'un coup) n'étaient vraisemblablement pas prêtes à assumer et a assurer la relève. Vivier quasi intarissable de jeunes talents, le centre de formation (CDF) du CA n'a paradoxalement que trop rarement mis à disposition ses joyaux pour l'équipe fanion. Assez souvent, les jeunes pousses promues n'arrivent pas à s'intégrer et deviennent, par ricochet, les cibles d'autres clubs voulant logiquement profiter du trésor «ignoré» par le CA (le cas Akaïchi est assez éloquent). Sans vraiment devenir le terrain de chasse des recruteurs d'autres clubs tunisiens, le CDF tarde à devenir la vitrine du Club Africain. Cela dit, malgré les tentatives des deux dernières saisons d'intégrer des jeunes du cru dans l'équipe première, l'éclosion, après la détection, a quelque peu été une des faiblesses de la politique du CA. Certes, et à l'exception de Ziadi, Agrebi, Ifa, Akremi et Dkhilli, les Haddedi, Mechergui, Ferchichi, Derouiche, Ressaissi, Messâadi, Makhzoumi, Kraim, Nour Hadhria et autre Naim Ben Ahmed n'ont pas vraiment réussi à s'imposer. Il n'est plus ici question de se demander comment, et surtout pourquoi, le CA, trônant sur un tel vivier, n'a pas plus souvent puisé dans ce magnifique réservoir pour se renforcer mais de s'interroger sur les raisons du non-achèvement du cursus footbalistique de certains jeunes pourtant promis à un bel avenir. Qu'à cela ne tienne, la nouvelle direction clubiste entend réactiver le CDF et lui conférer une autre dimension, et ce, en dépit d'un premier recrutement externe, onéreux certes, mais ciblé selon un poste précis à pourvoir, en l'occurrence celui de Djabou. Cela nous ramène tout droit au mercato d'été clubiste, un marché qui s'annonce forcément animé. Il fut un temps où la règle clubiste était de recruter sans s'enflammer et de faire preuve d'austérité, afin d'avoir à terme les moyens de ses ambitions. La donne a actuellement changé après l'avènement de la nouvelle direction clubiste. Le CA est en reconstruction et les changements toucheront tous les postes (dont certains seront carrément doublés). A titre d'exemple, le CA n'a quasiment plus de chevilles ouvrières dans le vrai sens du terme. Ben Yahia, Hmam, Aouadhi et autre Lassâad Ouertani ayant laissé un vide certain, le CA a dû se rabattre sur Chaker Reguei et autre Nafâa Jebali, des seconds couteaux qui ne peuvent rien apporter au CA. De prime abord, la leçon semble être retenue puisque l'un des meilleurs milieu du pays, Hattene Baratli, vient de rallier le CA pour quatre ans alors que d'autres emplettes sont en cours de finalisation. Des coups d'éclat (Djabou), des retours au bercail (Souissi) et des recrutements en cours selon des postes précis à pourvoir, le CA est en passe de gagner son pari et de ré-émerger sur la scène. Qu'il semble loin le temps des revirements spectaculaires, des ruptures de contrats anecdotiques, des tergiversations de joueurs qui réapparaissent tel un avion furtif dans un club concurrent, des cessions inévitables, des promesses de l'oiseau rare en passe de l'être, des précontrats signés et non honorés, et tout cela dans une ambiance feutrée, ou la confidentialité et le mutisme sont à l'honneur dans l'attente du messie providentiel. Ali Abdi, une menace pour Haddedi ? Dans la droite ligne de la nouvelle politique de recrutement du CA, l'international junior, Ali Abdi, est actuellement pisté par le CA, et aux dernières nouvelles l'EST. Arrière gauche de son état et polyvalent à souhait, Abdi devrait faire l'objet d'une transaction ente la JSK et le CA. Le grand espoir aghlabide rejoindrait le club de Bab Jédid en contrepartie d'une somme rondelette et le prêt de deux joueurs clubistes. Si cette opération se réalisait, Haddedi aura finalement un sérieux concurrent sur son flanc...Et comme la concurrence est source de saine émulation de groupe, l'équipe ne pourra qu'en tirer bénéfice. Quid de Farouk Ben Mustapha ? Le gardien international du CAB est le meilleur portier tunisien en exercice, cela ne fait aucun doute. Est-ce pour autant une raison d'en faire une priorité, sachant que le CA compte en son sein quatre gardiens et non des moindres, soit Dkhili, Ben Ayoub, Sami Nefzi et même Abderrahman Khayati. Selon plusieurs observateurs, il serait plus judicieux de donner pleinement sa chance à Atef Dkhili, véritable dernier rempart promis à un bel avenir pour peu qu'on continue à lui faire confiance. Il n'est pas ici question de fustiger ce choix (celui de Ben Mustapha), ni de critiquer certains contrats dits mirobolants, mais de retenir les leçons du passé proche, en alliant «bonne gouvernance» et choix porteurs, sans pour autant creuser le déficit du CA.